Il y a certaines constantes que l'on retrouve régulièrement dans chacun des sous-genres du
Metal. Il y a une dizaine d'années, suivant l'exemple de la scène de San Francisco (
Leviathan,
Xasthur,
Crebain...) et du "Black One" de SunnO))), la scène Black
Metal s'est retrouvée envahie de one-mand bands qui balançaient sur le Net des morceaux enregistrés dans leur chambre via divers logiciels. Autant être honnête : le résultat était rarement à la hauteur de ce qui était annoncé.
Mais fort heureusement, comme toujours avec les effets de mode, on trouve dans la masse des machins inutiles quelques projets qui valent l'écoute. Dans le cas de
Burial Mist, on se retrouve avec un projet ayant une discographie plutôt conséquente (sans atteindre non plus celle de
Striborg ou Agathoclès), ce qui amène à se poser l'habituelle question : quantité égale-t-elle qualité ? Bien qu'ukrainien,
Burial Mist joue du Raw/
True Black très dépouillé et avec la production froide de rigueur. Amateurs d'ambiances pagano-épiques à la
Nokturnal Mortum/Temnozor, ou de romantisme noir à la
Drudkh, vous ne trouverez donc pas votre bonheur dans ce disque.
Passée l'habituelle intro sombre aux claviers, assez inutile au demeurant, on rentre directement dans le vif du sujet avec un "You
Dead Forever" classique mais manquant d'ambition. C'est d'ailleurs un défaut qui va s'entendre très souvent tout le long des 26 minutes que dure ce EP : la musique est bien exécutée mais manque de froideur, de crasse, parfois même de haine (un comble pour le genre) et, de manière générale, de sentiments. Ce qui ne signifie pas que le EP soit mauvais, juste qu'il ne semble jamais vouloir proposer autre chose que la formule basique du Raw Black sans vouloir essayer d'y imprimer sa personnalité. Car la grosse influence de
Burial Mist est la scène finlandaise (et donc, par ricochet, celle du Concilium de Toulon), mais à aucun moment l'unique musicien (Coffin
Spirit, traduction en anglais du mot...
Sargeist) derrière
Burial Mist n'arrive à proposer des riffs qui soient aussi glaçants ou poignants que ce que l'on a pu entendre même chez les sorties les moins inspirées d'un
Horna ou d'un
Satanic Warmaster. Cela se ressent notamment dans la reprise de
Clandestine Blaze clôturant le disque : à ce niveau de copie, il vaut mieux parler de clonage. Et compte tenu de la grande qualité de l'originale, on ne voit pas très bien l'intérêt de la reprendre à l'identique, même juste en hommage. Le pire étant que
Burial Mist avait déjà repris cette chanson précise sur la compilation "Total
Scorn To
Forlorn Jewish Religion", et de la même manière : on aurait pu espérer un peu plus de personnalité pour ce deuxième essai.
Et pourtant, il y a des moments où
Burial Mist révèle une facette plus intéressante, comme dans le violent "
Born In
Storm Of
The Unholy Fire" (à l'origine issu de la démo inédite "
Nocturnal Funerals" et reprise elle aussi sur la compilation "Total
Scorn To
Forlorn Jewish Religion") ou la fibre mystique que l'on sent légèrement vibrer dans "Glorification". Seulement ce n'est pas suffisant : en s'en tenant à la même formule de base, un groupe comme
Sale Freux avait su proposer quelque chose de meilleur en tout point avec "Subterraneus". Et même en se limitant à la durée, et en restant dans la même localisation géographique, un groupe comme KOCA avait su proposer un meilleur premier EP avec "Ярость" que ce que
Burial Mist offre ici sur "Mortificated
Symbols of
Faith".
Au final, voilà un EP que je ne conseillerais qu'aux pires accros du
True Black, à ceux prêts à obtenir n'importe quelle sortie du genre sans se soucier de savoir si la musique est personnelle ou non. Mais je ne saurais trop conseiller à Coffin
Spirit de sortir moins de disques afin de plus se concentrer sur le travail d'écriture, et de choisir de privilégier la qualité à la quantité la prochaine fois.
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