Formé au début du 21ème siécle à San Francisco,
Disastroid est composé du trio Enver Koneya (chant, guitare), Travis Williams (basse) et Braden McGaw (batterie). Plutôt actif, le groupe a tourné avec de nombreuses sommités du heavy rock/stoner américain (
Fu Manchu,
Mondo Generator...) et publié pas moins de 4 albums et 2 E.P. Ils évoluent dans un registre assez difficile à classer sous une seule étiquette, passant du rock typé grunge (Alice in Chains) à des sonorités plus stoner (QOTSA), sans cacher leur amour de la scène noise américaine des années 1990 (
Helmet,
Unsane).
Signé par le label italien qui a le vent en poupe pour les musiques fuzées, Heavy Psych Sounds, les voici de retour en ce début d'année 2020 avec leur nouvel album, "Mortal
Fools". Celui-ci se pare d'une belle pochette, avec cet astronaute esseulé dans un paysage extraterrestre désertique et peut-être hostile. Pour ce voyage comprenant un total de 9 stations-titres, l'auditeur accroche sa ceinture et s'apprête à découvrir leur univers musical foisonnant.
Le très bon opener"8hr Parking" lance l'album sur les chapeaux de roue, gonflé d'une énergie punk/stoner que n'aurait pas renié un album de
Pearl Jam post-Vitalogy. Basse-guitare à l'unisson sur des riffs bien troussés, batterie puissante et pour couronner le tout, la voix suavement voilée de Koneya qui évoque un peu le Anselmo de
Down. On retrouve cette énergie débridée sur le convaincant "
Reset", tout riff dehors, et le délicieusement foutraque "Insect Mind", qui s'offre même un moment planant en milieu de morceau, avant que la basse saturée ne relance le morceau.
Cette basse qui représente le fondement essentiel de cet album et qui est naturellement bien mise en valeur dans le mix. Travis Williams triture ses grosses cordes pleines de fuzz pour un résultat hautement jouissif, fruit de la maîtrise poussée de son instrument et de sa coloration sonore. Le duo guitare-batterie apporte le renfort rythmique et des enluminures harmoniques recherchées, parfois hypnotiques.
Le trio ne se refuse pas quelques incartades dans un doom qui aurait copulé avec
Alice In Chains (les foncièrement tristes "
Hopeless" et "Deep Well") ou plus traditionel ("Mortal
Fools"), tout en gardant son identité, sa touche rythmique particulière. Il n'y à qu'à écouter "Blige" et son côté quelque peu dansant ou la majestueuse piste finale "Space Rodent" pour mesurer la volonté de
Disastroid d'éviter le piège d'une oeuvre trop linéaire.
"Mortal
Fools" est un album qui dévoile ses saveurs progressivement, tel un bon single malt. Plusieurs écoutes sont nécessaires pour saisir les jolies nuances proposées par le trio de Frisco. Teinté d'une mélancolie certaine et d'une énergie canalisée, voilà un album qui devrait susciter l'intérêt des fans du genre.
Merci pour ta chro
C'est marrant quand tu parles d'A.I.C, ce groupe devient de plus une influence majeure pour les scènes Doom et Stoner je trouve
Oui, d'accord avec Y_pleyt pour Alice In Chaîne, j'avais pensé à Soundgarden aussi. Le grunge revient ces temps ci.
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