Monument

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15/20
Nom du groupe Hallows Eve
Nom de l'album Monument
Type Album
Date de parution 27 Mars 1988
Style MusicalThrash Metal
Membres possèdant cet album57

Tracklist

Re-Issue in 1994 by Metal Blade Records.
1. Speak Freak 05:24
2. Sheer Heart Attack (Queen Cover) 03:26
3. Rot Gun 04:14
4. Monument (to Nothing) 05:09
5. Pain Killer 05:28
6. The Mighty Decibel 02:31
7. The Righteous Ones 06:19
8. No Sanctuary 04:54
Total playing time 37:29

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Hallows Eve


Chronique @ largod

14 Avril 2012

Il est venu le temps des cathédrales…

Le treizième siècle fut celui des cathédrales. L’art gothique qui avait pris son essor le siècle précédent explosa avec la construction de cathédrales comme Notre-Dame de Paris, Bourges et Chartres entre autres. Louis IX, plus connu sous le nom de Saint-Louis, roi capétien très pieux, qui passa autant de temps en croisades qu’à gérer les affaires intérieures du royaume de France, donna l’impulsion sous son règne, alors que la paix perdurait et que l’ordre s’était installé. Disposant des fonds nécessaires pour se lancer dans des initiatives d’aussi longue haleine, les évêchés des principaux comtés du pays n’hésiteront pas à rivaliser d’ingéniosité pour ériger des mastodontes de pierre et de lumière. La quête de spiritualité a toujours habité les ingénieurs-bâtisseurs de ses Monuments, témoignage d’une époque fortement influencée par l’église catholique mais aussi par l’habileté politique de Saint-Louis à exploiter la cupidité et l’avidité de la noblesse de l’époque. Dans des périodes plus contemporaines, la course au gigantisme des constructions modernes du vingtième siècle correspond à la période des tours de grande hauteur, connues sous le qualificatif de gratte-ciel aux États-Unis. Dès les années 1930, le cap des quarante étages sera atteint, pour être désormais largement « enfoncé » au-delà de la centaine ces dernières années. Ces exploits n’ont été rendus possibles que par l’utilisation de structures essentiellement faites de Métal…

Vous allez me dire, voici un raccourci tiré un peu par les cheveux (très longs, c’est évident) entre le titre de cet album et des considérations relatives à l’évolution des constructions au fil des siècles. Pas sûr…
En effet, il s’avère que, de leurs côtés, les musiciens d’Hallows Eve nous proposent sur leur excellent titre « Monument (to Nothing) » un édifice de pesanteur, construit sur la base d’un riff en acier trempé à la Suicidal Tendencies. Lorsque l’on se réfère ensuite aux paroles qui introduisent le morceau, « This era, this music, this scene, Our great Monument to nothing », la négation de toute recherche d’absolu ne fait aucun doute. Le mid-tempo entêtant de cette chanson se caractérise par un refrain culte, asséné avec la délicatesse d’un maçon appliquant un enduit à la truelle. Néanmoins, les solos de guitare délivrés avec beaucoup de toucher par David Stuart sont mixés de telle sorte qu’ils apportent une indéniable dose de légèreté et nous permettent de toucher les cieux tant ils sont aériens. On retrouve bien de-ci de-là, les bases évoquées quelques lignes plus haut, non ?..

C’est en 1983, à Atlanta en Georgie, qu’Hallows Eve (veille de Toussaint si l’on traduit en Français) fut fondé par Tommy Stewart, bassiste, Stacy Anderson, chanteur, David Stuart et Steve « Skullator » Shoemaker, guitaristes, et Tym Helton, batteur. Après avoir figuré sur la compilation Metal Massacre VI de 1985 du passionné et passionnant Brian Slagel avec le titre « Metal Merchants », le groupe sort deux premiers albums thrash prometteurs « Tales of Terror » et « Death and Insanity » sur le label Metal Blade en 1985 et 1986. Sortant ainsi des bas-fonds de la scène grouillante et underground de la cote Est, Hallows Eve participe, comme tout pionnier, à l’émergence du thrash US au travers d’un style post-punk et hardcore toujours marqué par beaucoup de technique, alliant riffs incisifs et ambiances décalées. Ce troisième LP, à la pochette pour le moins chargée en symboles mystiques, vous laisse l’impression du goût amer d’un bon café pris après un repas. Il se distingue aussi par une production mettant en contraste le chant et le lead des guitares, au son empesé et sec, avec les illuminations des solos des guitares, au son clair et éthéré. Le thrash d’Hallows Eve est du style efficace et déménageur de pianos. Néanmoins, les mélodies sont tortueuses à souhait et l’utilisation des breaks et des changements de rythme constituent l’architecture primaire de l’édifice. Lorsque l’on s’attarde sur « Speed Freak », le riff aussi affûté qu’un marteau-piqueur en train d’éventrer le premier trottoir venu permet au titre de partir pied au plancher, assisté par une bonne ligne de basse dont les retours de corde vous tombent sur le bord des godasses et un tricotage de double grosse caisse bien technique. Le chant est clamé et ne demande pas à Stacy Anderson de s’envoler dans les aigus. Le titre est bien couillu avec son riff à la Metallica des premières heures et un break assorti ensuite d’un duel de guitares qui retire un poil d’oppression à l’auditeur. Première baffe assénée avec une taloche de plâtrier. Le riff de « Pain Killer » vous enfouit sous un déluge de béton armé et vous coule dans les fondations d’un titre ultra speed mais sans violence inutile.

Monument de thrash technique, son blast préhistorique de batterie et la cadence de la main droite du lead de guitare ne ralentissent que lors d’un refrain martelé avec autorité et conviction. Les longs riffs de « Rot Gun » et une bonne présence de la rythmique font indéniablement penser à du Metallica encore une fois. Ce titre abordant le thème des armes à feu aux US est lui aussi voué à couler son auditeur dans un ciment à prise rapide et dans une ambiance un poil malsaine. Lourd et indigeste, un peu comme le repas préparé par le mouss du chantier. La reprise « Sheer Heart Attack » restera longtemps une énigme. Ceux qui connaissent la version initiale du titre savent comment Queen l’assène avec sauvagerie, sous la férule du ténor Freddie Mercury (RIP), le rasoir de Brian May et le gros beat de batterie de Roger Taylor. Hallows Eve prend le parti de nous jouer un titre très nerveux avec un tempo punk plutôt gentil et sans la crête d’Iroquois et les Doc Martens de rigueur, comme une réponse effrontée à un morceau très rock. Cover à la fois réussie et aussi trop tendre sur les bords. A chacun son opinion. A l’image d’une nef et d’un double transept de cathédrale, une bien belle trilogie clôt cet album avec le concis et lourd « Mighty Decibel », le mid tempo pour pogoter dans les chaumières « The Righteous Ones » et enfin le divin « No Sanctuary ». « Mighty Decibel » est certes bien hardcore et lourd dans son entame et la batterie claque aux quatre vents, mais quel excellent riff, cavalcade à peine speedée qui donne une bonne musicalité à un titre qui aurait mérité d’être un chouïa plus long. On enchaine donc avec un « The Righteous Ones » dont le riff et la construction rappellent Megadeth. Un gros groove de basse et soudain le mid-tempo accélère sur le solo de guitare vers une bonne tranche de speed, avant de se restructurer sur la ligne mélodique initiale. En conclusion de cet album gratifié d’un son correct en comparaison des deux premiers, « No Sanctuary » regorge de beaucoup d’influences variées et s’avère être le petit bijou caché au fond du tiroir.

D’abord son riff est un exemple de fusion harcore/metal qui assure un rythme déjanté et plein de groove, avec l’acidité d’une pointe d’urgence. Le jeu de batterie claque en 4-2 et accélère sur des roulements de grosse caisse et de mini-blast avant le refrain. La basse de terrassier de Tommy Stewart se prête avec délice à une séance de headbanging effrénée. Le chant à peine rauque de Stacy est bien posé sur la mélodie et épouse les changements de rythmes et de styles. L’ensemble se termine sur un petit délire rockabilly où la voix du leader du groupe flirte avec le King Elvis sans trop d’effort. A chaque Monument son style, mais aussi ses signes distinctifs. Ceux qui lui donnent son caractère, sa signature et qui lui permettent d’être reconnu au premier coup d’œil. Hallows Eve possède les bases et les codes du thrash dans sa musique mais disparaitra assez bizarrement à l’aube des 90’s. Bizarrement aussi, cet album est considéré comme une belle œuvre à l’image d’une flèche de cathédrale que l’on voit poindre à l’horizon. Ce groupe et cet album font donc partie du paysage du thrash metal et du patrimoine culturel du genre. Solide, « Monument » traverse les années et ne parvient pas encore à souffrir des dommages du temps. On cherche bien sur sa façade les détails d’une gargouille, sans pour autant craindre les quelques petits défauts qui ne mettent pas en danger l’architecture d’ensemble. A redécouvrir donc, au gré d’une ballade dans les années 80.

« Tonight you will surrender
I am the pain killer!
No time to repent
I am the pain killer! »

19 Commentaires

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samolice - 24 Décembre 2012: En effet, la cover de Queen est, disons ... spéciale!
On dirait presque un titre des Sex Pistols :-)
LeMoustre - 30 Mai 2017: Pas le meilleur Hallow's Eve, de loin à mon sens. L'album n'a ni la fraîcheur du premier album, très speedmetal sous amphétamines typé 1985, ni le côté Slayerien de Death ANd Insanity, à la mode à cette époque.
Un peu le cul entre deux chaises, et finalement quelque peu tombé dans l'oubli. Dommage, le groupe s'étant un peu adouci au fil du temps, à l'inverse de la tendance globale finalement.

Merci pour cette chronique qui remet en lumière ce disque, qui, de mémoire, avait été bien chroniqué dans les mags d'époque.
grogwy - 30 Mai 2017:

Tu as parfaitement raison Jérôme cet album a été chroniqué dans Hard Rock Magazine par Phil Pestilence qui l'a assez bien noté, tandis qu'il s'est fait descendre dans Hard Force (dans la rubrique "Les Truands") par Hervé "SK" Guégano.
En fait le problème avec "Monument" c'est qu'Hallows Eve nous offre un disque un peu trop opportuniste, où il prend en marche le train du Mosh (terme inventé par Anthrax pour définir le coté fun et sautillant de son Speed/Thrash Metal).
Or si Anthrax réussi à faire décoller ses morceaux, ceux de Hallows Eve restent trop souvent cloués au sol.
Mis à part l'entame "speak freak" (et encore), le reste s'avère être assez laborieux et peu inspiré.
A cela s'ajoute la reprise inutile (et décalée) de Queen pour que la boucle soit bouclée.
Bref je suis plus de l'avis de Hervé "SK" Guégano (même si je trouve sa chronique excessive), que de celui de Phil Pestilence (qui lui est beaucoup trop tolérant).
Je note cet album 12/20, et c'est très bien payé.

chgaby - 25 Octobre 2023:

Je trouve cet album très bon pour l époque batterie qui envoie et bons riffs ainsi que les solos

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