Décidément, la Grèce, en proie à ses difficultés économiques récurrentes, serait-elle le berceau d'un thrash metal inspiré par l'Allemagne ? Après
Bio-Cancer,
Convicted,
Suicidal Angels ou
Nightbreed (dont l'album éponyme paru en 2015 est très recommandable), découvrons un split concocté en 2010 par le label Athens Thrash
Attack (tout un programme !), avec deux groupes locaux :
Released Anger et
Dead City*
La partie
Released Anger comporte trois titres originaux très (mais alors très !) inspirés par la période
Extreme Aggression de
Kreator. Trois morceaux très fidèles à leur groupe de référence principal, fort bien faits, et au mimétisme bluffant, tant dans les rythmiques, les riffs, le placement vocal, que dans le jeu des musiciens (on pense au duo Ventor / Petrozza dans les moindres sillons). La vidéo ci-dessous sera plus parlante que ces modestes lignes, très fidèle à l'ensemble des trois titres proposés. On pense fréquemment à "
Betrayer" ou "No
Reason to
Exist". Les adeptes adoreront. Les deux reprises, "Perish
In Flames" de
Dark Angel, et...
Extreme Aggression de
Kreator, prouvent que le groupe assume pleinement la filiation, et n'a pas à rougir de la comparaison, même si le titre original des Californiens s'accommode moins naturellement ici que celui des bûcherons de la Ruhr. De la belle ouvrage s'il en est, permettant de replonger dans la période fin 80's de
Kreator. Et une grosse envie de suivre
Released Anger déjà auteur d'un album passé assez inaperçu, sans doute à tort.
Dead City, lui, avec sa pochette empruntée à un triptyque d'
Otto Dix (artiste allemand du XXème siècle ayant inspiré pas mal d'artistes officiant dans notre style préféré - voyez la mascotte de Sodom, au hasard), enquille cinq morceaux dans un registre plus brut, avec la voix d'ours de Ilias Zoiopoulos. L'influence de
Violent Force, qu'on aurait pu deviner avec le nom du groupe renvoyant au premier titre du seul album du groupe allemand, est palpable (à redécouvrir pour ceux qui aiment le thrash à mi-chemin entre du Motörhead brutal et du thrash des familles).
Plus lourd ("Intoxicated") et moins copié/collé que
Released Anger,
Dead City ne réinvente rien non plus, mais abat un boulot tout aussi appréciable dans un thrash sauvage, mais pas dénué de mélodies (le pont acoustique de "State Of
War", ou le final quasi-instrumental "
Forest" introspectif surprenant pour ce genre de groupe, et fort réussi).
Lorsqu'on voit que ces enregistrements de morceaux datent de 2007 à 2009, on se dit que ces deux trios gagnent à être connus et reconnus. Alors, ceux qui désespèrent de revoir
Kreator revenir à quelque chose de moins propre, ou ceux qui vénèrent leurs disques de thrash allemand poussiéreux (S.D.I.,
Darkness, ou le premier Death in
Action entre autres) peuvent sans problèmes foncer dessus. Loin d'être inutile, cette sortie sous forme de split montre que le vivier européen existe, et ne lâche rien dans le thrash agressif et estampillé "made in Germany". Das Thrash.
* Un grand merci au SoMien qui se reconnaîtra.
Merci pour la découverte Jeje!
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