Cela faisait près de deux ans que j'attendais ce moment, cet instant où, enfin, Gris annoncerait la sortie du successeur du superbe "Il était une forêt...", propulsé au rang d'oeuvre culte dans le grand monde du Black
Metal... Cette fois-ci, Icare et
Neptune ne sont pas seuls. Ils se sont associés avec le frontman et multi-instrumentiste de l'excellent groupe Sombres Forêts. La rencontre de deux univers, l'un rempli de douleur et l'autre gelé jusqu'à la moelle, ne pouvait donner qu'une tempête de décibels. Après avoir enfin acheté l'objet, je l'écoute avec émotion.
J'ai ressenti exactement la même sensation au plus profond de mes tripes qu'avec leur précédent album. La même, en beaucoup plus sombre.
La pochette est toujours aussi soignée, une peinture absolument magique reflétant toute l'atmosphère pesante de cette galette, parsemée par moments de quelques passages lumineux et tout aussi majestueux. La production, pour être très pragmatique, a gagné en épaisseur, surtout au niveau du son des guitares, qui sonnent très lourdes et tranchantes. La batterie est d'ailleurs très bien mixée. Mon seul regret se situe au niveau des voix, déjà très peu mises en avant sur "Il était une forêt", elles sont sur ce CD absolument incompréhensibles. C'est dommage, pour qui aura envie de se pencher sur les paroles...
En parlant de paroles, elle sont comme toujours très travaillées et finement ciselées. Les trois comparses ont le verbe facile, métaphorique et allégorique, et les textes sont de véritables poèmes qu'il est très plaisant de suivre.
Les trois Canadiens utilisent cette fois le piano, très présent sur l'album, qui donne aux chansons un réel impact et une force mélancolique absolument ahurissantes. "Cineris" est une perle macabre, commençant par, justement, du piano, et rapidement suivie par des cris écorchés, brûlants de douleur, résonnant au plus profond de notre âme. "Le Mal des Siècles", "
The Mist" et "Birth of New Age" sont des titres extrêmement longs et directs, insoutenables par les cris surgissant des méandres musicaux, et par la dureté des compositions. "Senectus", indéniablement la chanson la plus forte de l'album, vous retournera sans doute comme elle m'a retourné : sans rythme, elle est cependant chargée de mal être et de douleur. S'ensuivent les chefs-d'oeuvre instantanés "Exulcerare" et "Ciel Tragique", des chansons aux nombreux changements de rythme, des paroles à vous faire aller chercher une corde et un génie musical digne de
Xasthur...
En effet, je ne m'appesantis pas sur le contenu des titres. Car c'est, ne nous leurrons pas, peu varié. Le CD lui-même pourrait être une chanson d'une heure cinq, car les pistes se complètent toutes, s'assemblent. N'oubliez aucune chanson lorsque vous écouterez cet opus. Chacune est un pont pour aller vers l'autre, tels des paysages différents s'enchaînant par des passerelles, indispensables...
Fanatiques de Gris, votre longue attente a enfin pris fin. Icare et
Neptune, ainsi que le musicien de Sombre Forêts, vous offrent le plus beau CD de leurs discographies respectives, sombre, terriblement dur et mélancolique: à l'image du "mal des siècles", ces trois entités n'apprécient pas notre monde, y sont perdus et en souffrent, et le font savoir par leur musique. Absolument superbe.
Ah, s'ils pouvaient passer en France!
Bien bel album selon la Chro.
A acheter d'urgence, faut bien que les fêtes de Noël servent à quelque chose......
J'ai eu cette même impression de Noirceur (oui, avec une majuscule) et appréciant l'album, j'ai pu goûter aux tréfonds la douceur de cette torture.
Quant à ce plaisir qu'un jour on puisse les voir dans nos contrées... Un jour je pense et j'en suis sur, ils joueront devant mes sens ébahis.
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