Dès les premières secondes de "
Desert Ways", le morceau qui inaugure
Misconception, le premier album du groupe Chilien Critical Defiance, on sait où on met les baskets à languettes. Riffs tournoyants, thèmes effrénés répétés à gogo, riffs thrash typiques de la scène de la fameuse Bay-
Area période 1988, solo rapide, tout y est ! Le jeune quatuor composé de Felipe Alvarado (vocaux, guitares), Ignacio Arévalo (basse), Felipe Espinoza (guitares) et Rodrigo Poblete (batterie), sort ici une oeuvre habitée, hantée par les fantômes d'un passé pas si révolu (la reformation récente de
Vio-lence en atteste, les nombreux retours de groupes issus de cette période aussi), plus de trente ans après cet âge d'or.
Les albums phares des anciens espoirs de la côté Ouest (souvent les premiers) constituent ici la base de travail de
Misconception. Relances à la
Vio-lence (dont la batteur semble s'être bien inspiré), soli à tous les étages ("Spiral of
Hatred" dont les deux premières minutes sont impossibles à ne pas rapprocher de l'illustre groupe de Sean Killian), vocaux scandés à Mach2, thèmes construits et déconstruits, breaks incessants, rapidité d'une intensité peu commune (l'acéré et tourbillonnant "What About You"), refrains en gang-vocals, accélérations subites et sens du groove propre à la paire magique Forbidden/
Vio-lence première époque (le terrible "Pursuit of Chaos" aux plans rythmiques qui évoquent clairement "
Bodies on
Bodies" de
Vio-lence), impossible de ne pas succomber au charme de ces 8 morceaux (dont un instrumental réussi "507" numéro basé sur une histoire de l'auteur de l'Attrape-Cœur Jérôme David Salinger). La doublette
Dark Descent/Unspeakable
Axe Records semble avoir eu le nez creux en signant ce groupe.
A l'instar de quelques formations allemandes historiques, Critical Defiance s'appuie sur un chant plus agressif que celui d'un Sean Killian ou d'un Russ Anderson (
Vio-lence, Forbidden). Felipe Alvarado possède un rendu plus rauque, très proche de celui de Chris Zenk (
Erosion, groupe allemand de thrash/crossover dont le premier album notamment -
Mortal Agony - est hautement recommandable). L'alliance entre l'instrumentation du groupe et son hurleur, si elle nécessite un très léger temps d'adaptation, est très efficace. Comportant son lot de grands moments, l'album privilégie ainsi la vitesse d'exécution, et peu de moments posés, voire en mid-tempo feront passer à vitesse grand V l'ensemble du disque. Citons parmi ceux-ci "Onset" titre tiroirs plus posé que l'ensemble du disque, le break à 3'23" de "Punshed
Existence", écrasant et répété, la plage acoustique à la fin de "
Misconception" ou l'instrumental "507", qui, comme à la grande époque, bénéficie d'une introduction acoustique et farci de soli virtuoses, interlude appréciable avant la déferlante "What About You", morceau implacable au beau solo et sans doute le titre le plus brutal de l'album. Un mot sur le gros plat de résistance de l'album avec "Onset", de plus de 7 minutes, morceau dont les nombreux plans instrumentaux raviront les adeptes d'un thrash construit à tiroirs, moins rapide que le reste de l'album mais de haute tenue.
Ne serait-ce un logo au graphisme maladroit et une pochette fourre-tout reprenant le personnage masqué utilisé par Sodom devant deux tours jumelles détruites, Critical Defiance ne fait que confirmer que la scène Chilienne est une des plus qualitative du moment. Jamais chiant, et composé de musiciens en totale osmose pour une alliance entre thrash Bay-
Area et vocaux gras comme un jambon de Coche,
Misconception avec un titre final éponyme en forme de coup de poing, assène comme
Terrifier l'an dernier dans le même genre, un premier album excellent, certes bourré de belles références facilement identifiables, mais suffisamment efficace pour thrasher à la demande comme en 1988 entre deux sorties de groupes majeurs.
Complètement d'accord avec la chronique et l'avis de Méchant. Album excellent !!
Ça fait en effet plaisir de voir ce genre d'album.
Excellent premier album des chiliens. Quelle scène quand même ! Je leur trouve une très bonne technicité, mais toujours au service de la mélodie. Ça fait en effet très Bay Area, et pas très sud-am pour le coup, avec des soli géniaux et un chant qui personnellement me rappelle celui de Chuck Billy : rauque, viril et puissant. J'adore. Chopé sur Discogs.
Merci pour la chronique, en effet un très bon album commandé direct sur le bancamp de Unspeakable Axe Records.
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