Loin des poncifs du metal symphonique gothique à chant féminin, Reign Of Z évolue, lui, dans un tout autre registre, à savoir, dans un metal alternatif mâtiné de hard rock, metal atmosphérique gothique et rock mélodique ; un heureux patchwork stylistique où se mêlent des sources d'influence aussi diverses que
Evanescence,
Lacuna Coil,
We Are The Fallen,
Ela et
Bif Naked. Ce faisant, la frontwoman Zosia West et ses acolytes (Zach Cunningham et Steven Lords à la guitare ; Stephen Berg à la basse ; Amanda Schrack à la batterie) nous mènent au cœur d'un projet bien inspiré, à l'empreinte artistique déjà identifiable, où s'égraine un paysage de notes des plus enchanteurs tout en distillant une saisissante énergie rythmique. Ce dont témoigne ce premier EP 4 titres dénommé «
Mirrors and Memoirs » ; modeste auto-production de quelques 14 minutes, faisant montre d'une ingénierie du son plutôt soignée, à commencer par une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut. Mais entrons sans plus attendre dans les entrailles de la petite goélette afin de déceler d'éventuels trésors octroyés par le quintet étasunien.
Eu égard à ses espaces d'expression les plus enfiévrés, le collectif ricain marque déjà ses premiers points, disséminant alors d'ensorcelantes vibes. Ce qu'illustre le single «
Dysmorphia », ''lacunacoilesque'' et vibrant mid tempo aux riffs corrosifs, évoluant sur des charbons ardents tout en sauvegardant une enivrante sente mélodique. Dans ce champ de turbulences, à la façon de
Bif Naked, les toniques, et parfois cinglantes, impulsions de la déesse se calent sur de sémillantes séquences d'accords. En outre, d'insoupçonnées montées en puissance du corps orchestral se dessinent, contrastant avec l'atmosphère suave, un tantinet éthérée, de la vénéneuse offrande.
Quand la pression retombe et que le rythme de ses frappes se fait plus mesuré, le combo n'a pas davantage tari d'inspiration, parvenant, là encore, à nous retenir plus que de raison. Aussi, ne résistera-t-on que malaisément à l'omniprésente sensualité émanant des entrailles de « Innocence », mid tempo atmosphérique gothique aux riffs effilés, à la basse vrombissante et générant un fin legato à la lead guitare. Et ce, dans la droite lignée d'un
Lacuna Coil estampé «
Dark Adrenaline » au regard de son atmosphère mordorée, avec un zeste de
Evanescence à l'époque de «
Fallen » quant à son cheminement d'harmoniques. Voguant sur une ligne mélodique éminemment chavirante, les félines inflexions d'une sirène résolument lascive font mouche. Dans cette mouvance, à mi-chemin entre
We Are The Fallen et
Ela, le mid tempo «
Reflections » délivre un refrain catchy mis en exergue par les chatoyantes patines de la belle. Bref, un galvanisant hit en puissance à mettre à l'actif de la formation nord-américaine.
Si un réel potentiel artistique et technique se dessine à l'aune de la plupart des passages de cet opus, il est toutefois des séries d'accords qui pourront laisser circonspect plus d'un tympan non averti. Ainsi, en dépit d'une dynamique d'ensemble à ne pas mésestimer et de ses arrangements de bon aloi, en raison d'un sillon mélodique accusant de gênantes linéarités, d'un cruel manque de relief acoustique et de lignes de claviers qui ne s'imposaient pas, l'intrigant mid tempo «
Hate » sera peu propice à une inconditionnelle adhésion.
Au final, la troupe étasunienne signe-là une œuvre certes dans un mouchoir de poche mais à la proprette production d'ensemble et générant une énergie aisément communicative, où s'entremêlent une magnétique et sensuelle mélodicité, de grisants effets de contraste rythmique et un zeste d'émotion. On aurait cependant souhaité une diversification de l'offre sur les axes atmosphériques et oratoires, des exercices de style un tantinet moins stéréotypés, et un brin d'originalité supplémentaire à un propos qui pourtant les auraient appelés de ses vœux. Mais nos acolytes ont encore le temps de peaufiner leurs gammes et leurs arpèges pour nous octroyer un message musical un poil plus immersif et témoignant de moins d'irrégularités quant à certains de leurs harmoniques. Cela étant, à l'instar d'une technicité instrumentale éprouvée, d'indéniables qualités vocales de la maîtresse de cérémonie, et à condition qu'il trouve ses marques, le quintet pourrait bien jouer les dangereux outsiders. Affaire à suivre, donc...
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