Face à une offre pléthorique de formations metal à chant féminin, l'auditeur peut aisément s'égarer. Ce n'est pas votre humble serviteur qui ira s'opposer à cette assertion. Toutefois, certains combos insoupçonnés pourraient encore venir retenir l'attention de quelques pavillons quelque peu blasés de lyrisme et de symphonisme à tout va. Ainsi, Windforce relève le redoutable défi de résister à la tempête. Et ce, afin de pouvoir se hisser à son tour sur une scène metal qui pourrait bien ouvrir plus largement les bras à ses partitions d'ici peu.
Sans complexes, le jeune groupe de metal progressif néerlandais nous invite ainsi à pénétrer dans son projet à l'aune de cet EP introductif et auto-produit de trois titres pour une durée d'écoute d'environ onze minutes à peine. Ce faisant, il nous assoit au cœur d'un metal progressif atmosphérique et mélodique aux harmonies finement esquissées, aux fondantes plages vocales et à la technicité éprouvée mais non ostentatoire. On se dit alors qu'il y aurait là matière à sustenter nos âmes, même à l'aune d'un message musical aussi concis.
Le groupe, initialisé par le batteur Niels Kerkhoven, a varié ses effets sur chacune des compositions, d'ailleurs judicieusement ciselées. Les paroles, pour leur part, ont témoigné d'un élan d'inspiration apte à recueillir notre assentiment, avec finesse et humilité. C'est tout aussi simplement et sans fioritures que l'artwork de la pochette s'impose à l'auditeur. Pénétrons maintenant dans les tréfonds de la menue galette.
C'est au fil d'une rythmique généreuse, frétillante et à la frappe nuancée, que la frêle rondelle nous aspire. Ainsi, le frondeur « I
Will Ride » s'inscrit dans une rythmique syncopée pour déployer à la fois ses riffs écornés et une lead guitare fuligineuse, à la façon de
Delain. Les inflexions siréniennes haut perchées de Lucy, non sans rappeler
Atargatis, s'illustrent avec aplomb sur les couplets, demeurant accolées aux gammes expertes d'une guitare enjouée. Les refrains ne sont pas non plus en reste, laissant également entrevoir quelques choeurs opportuns et tout en légèreté. On aurait aimé, cependant, un peu plus d'allonge pour laisser s'exprimer davantage l'instrumentation, néanmoins déjà convaincante. Dans un dessein aussi dynamique, les nappes synthétiques du lumineux morceau éponyme « Mindgames » nous accueillent au même titre qu'une lead guitare éthérée, avec de faux airs de Pink Floyd. Soudain, quelques clartés vocales nous agrippent le tympan, la rythmique s'installe et devient entraînante et des riffs acérés se font plus présents. Les couplets suivent une ligne mélodique plutôt savoureuse, agréablement servis par les aériennes ondulations de la belle, se faisant l'écho de sombres impulsions vocales masculines et de choeurs féminins chatoyants. Quelques arpèges synthétiques superbement délivrés par Jantien Timmermans s'invitent alors ainsi qu'un flamboyant solo de guitare, signé Martijn Keijzer, offrant simultanément un bref pont instrumental. Et ce, tout en autorisant une céleste reprise vocale, faisant montre de délicates nuances, et ayant gagné en puissance, encore assistée d'une voix masculine graveleuse qui jamais ne desserre son étreinte. Au final, on ne rencontre pas de réels problèmes d'accroche sur ces deux pistes aux lignes de chant rigoureusement ajustées et au cheminement harmonique sans équivoque.
Le combo n'a pas omis de nous octroyer quelques mots bleus, et de quelle manière ! La ballade « Still in the
Clouds » nous convie à quelques accords des plus savoureux à la guitare, avant de laisser convoler les angéliques vocalises de la déesse. Les couplets suivent un cheminement mélodique d'une grande précision, où les notes jamais ne tapent à côté, tout comme les refrains, qu'on suit sans se départir. Une empreinte vocale masculine d'une limpidité confondante s'invite à la valse des notes qui n'ont de cesse de virevolter dans un ballet incessant et progressif apte à provoquer en nous d'authentiques plaisirs. On ne manquera pas non plus un affriolant solo de guitare, apportant une belle finition à cette immersive pièce. La reprise se fait plus ouatée et l'émotion nous gagne alors sans l'ombre d'une difficulté. On n'a dès lors qu'un seul regret, celui de devoir quitter cet instant de pure félicité.
Assurément, la recette semble être la bonne pour rallier l'auditeur au projet de ce combo, pour lequel peu avaient subodoré une quelconque évolution. Un souci du détail sur les arrangements et de bons enchaînements facilitent notre parcours auditif, tout comme le mixage, conférant une profondeur de champ acoustique susceptible de nous faire percevoir chaque partie indépendamment l'une de l'autre. Cela dit, dans ces conditions, on aurait souhaité une prolongation du ruban auditif par quelques plages supplémentaires, avec un zeste d'originalité encore.
On conseillera cet EP aux amateurs de metal progressif mélodique à chant féminin, mais aussi à ceux que le metal symphonique, gothique, atmosphérique peut toucher. Ainsi, on comprend que les potentialités d'élargissement de l'auditorat sont réelles. Nul doute que le combo néerlandais saura en tirer partie en nous offrant un album full length. Du moins, nous l'espérons...
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