Liste des groupes Thrash Metal Vorbid Mind

Vorbid nous vient d'Arendal en Norvège. Fondé en 2013, le groupe propose un techno-thrash dont le premier EP sorti en 2016 fut acclamé dans les quelques chroniques ayant eu vent de l'objet et dont votre serviteur n'a jamais écouté une seule note. Ce Mind sorti en ce mois d'avril 2018 chez Indie Recordings, n'est, en dépit des apparences, pas un EP, puisque les cinq titres de l'album dépassent allègrement les 50 minutes. Knut Magne (Arcturus, Ulver) s'occupe de la production, et donne un son rêche aux guitares rythmiques, qui risque d'interpeller les fans de techno-thrash, pourtant pas forcément contre le principe de productions maigrelettes, parfois justement donnant le charme d'albums originaux dans le genre. L'observateur attentif notera le lien entre les paroles (il s'agit d'un concept album autour du comportement humain et des différents modes de pensée) et la pochette (avec le personnage dont la tête explose libérant un croissant de lune à côté d'une étoile et une croix - tout un symbole).

Dès "If There's Evil (There's People)", le ton est donné. Multiples plans syncopés, guitares très dissociées dotées d'un grain précis, richesse structurelle des compositions et leads donnant des harmonies qui apportent au titre musicalité et intérêt. Vives et virevoltantes sont les différentes parties rythmiques et les soli de Daniel Emanuelse, sur l'exemplaire "Invention Intervention" (et son extrait du fameux discours du 10 juin 1963 de JFK devant des universitaires à 4'05") ou sur "To Mega Therion" (rien à voir avec Celtic Frost). Pour autant, Vorbid n'est pas prise de tête, et nous n'aurons pas ici de contretemps par essence bancals, ou de dissonances difficiles à déchiffrer. Tout est dans la multiplicité de plans, de breaks, et surtout, surtout dans le virtuosité de la paire de guitaristes. Comme le titre final "Mind", qui donne fort justement son nom à l'album dure plus de 23 minutes, est empreint de rock progressif entre plans plus thrash (influence revendiquée du groupe) nul doute que l'auditeur découvrant Vorbid avec cet album aura à cœur de se laisser immerger par les envolées subtiles de ce titre à tiroirs de grande qualité qu'on ne voit pas passer.

Côté "peut mieux faire", on passera sur les ressemblances douteuses avec South of Heaven (à 2'45" de "Zombie", sans doute le titre le moins inspiré du lot) ou sur l'organe vocal à la limite de la sorcière enrouée de Michael Eriksen Briggs qui pourra rebuter (pas si éloigné de Vektor en encore plus rêche), car Vorbid n'affiche pas d'influences trop connotées envers tel ou tel groupe, même si Vektor vient évidemment à l'esprit assez naturellement. Un mot aussi sur la basse tenue par Jonas Tellefsen, plutôt discrète pour le style, car c'est bien les deux guitaristes qui se tiennent la part du lion ici. Pas grand chose donc à reprocher à Vorbid, si ce n'est bien sûr d'apparaître après les trois premiers Vektor.

Assisterait-on à un regain d'intérêt pour le techno-thrash style inventif mais éphémère des 80's ? Les récentes sorties de Vexovoid ou Black Fast, les rééditions du World Circus de Toxik ou du catalogue de Coroner, voire les nombreuses sorties (plus ou moins judicieuses) provenant de labels comme Tribunal Records ajoutées à l'avènement de Vektor, sans doute déclencheur de ce mouvement qui ne s'est finalement jamais aussi bien porté. Intelligent et admirablement structuré, Mind sera autant un repoussoir pour les non-adeptes de circonvolutions techniques qu'une jolie surprise pour les fans de techno-thrash à chant arraché.