Il est actuellement difficile de faire face à la vague russe et aux légendes norvégiennes quand on officie dans le black symphonique. Que peut-on apporter de nouveau et surtout, peut-on réellement se démarquer de ces figures emblématiques et créer une musique personnelle ? Il est d'ores et déjà quasiment impossible de sortir des sentiers battus et de proposer des ovnis dans le domaine. Malgré tout, une formation originaire d'Alesund essaie de se frayer un chemin – aussi étroit soit-il – dans le milieu du black avantgardiste à tendance symphonique. Depuis 2005,
Quadrivium donne naissance à des productions expérimentales, toutes bercées par les essais d'
Emperor et d'
Arcturus.
Il ne faut pas se mentir : avec ce nouvel album, « Methocha », le quintette guidé par Lars Jansen (
Myrkgrav), Sven Ivar Sarassen (
Ragnarok) et Etienne Gallo (
Augury,
Negativa), entres autres, officie dans une forme d'
Arcturus-like périodes « Aspera
Hiems Symfonia »/ « La
Masquerade Infernale ». Les influences sont flagrantes, que ce soit le côté cosmique de l'un et le côté baroque de l'autre, ainsi que les atmosphères nébuleuses. On retrouve aussi en featuring un ex-
Arcturus, le guitariste Carl
August Tidemann, ce qui renforce cette impression d'avoir à faire à un frère quasi jumeau de la formation du claviériste Steinar S. Johnsen.
Jumeau, car certains passages et morceaux de « Methocha » semblent tout droit venus des albums de leur confrères norvégiens, que ce soit l'éponyme fantasmagorique, le théâtral « Deep Syphon Focus », dans lequel le chant se situe étrangement entre Garm et
Vortex (on n'est pas loin d'un « The Chaos
Path », sans ce grain de folie toutefois), ou « Phobos Anomaly », avec ce piano caractéristique.
Quasi jumeau car malgré tout,
Quadrivium arrive à ne pas se contenter de copier-coller. Les huit morceaux restent riches et complexes, pris dans une atmosphère spatiale et envoûtante. Les éléments électroniques sont plus souvent de la partie, comme sur «
Blackbird Abiogenesis », avec son petit côté « extra-terrestre ». «
Eyes of Mimas » propose un final mystique, d'une force remarquable tandis que « The
Labyrinth of
Infinity », sophistiqué et plus tourné vers le black, joue habilement avec les atmosphères, l'agressivité et la mélodie.
« Methocha » est un album très bon, embarquant l'auditeur vers un univers cosmique et onirique. Il souffre toutefois de sa trop forte ressemblance avec les œuvres d'
Arcturus, et par conséquent d'un manque d'originalité, ce qui est dommage car si on prend les morceaux en oubliant les influences, on découvre quelque chose de singulier et de très réussi.
Quadrivium ne marquera sans doute pas son temps mais permettra au moins de confirmer le mythe norvégien.
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