Caruos, groupe rouennais, a été fondé en 2010 par Stephane Gouby alias Nekurat qui, en véritable stakhanoviste du metal, participe à une pléthore de projets musicaux allant du drone doom ambiant (Mhonos) au
Metal alternatif (
Yuck). Mais il est plus que probable que le fan de metal se rappellera sa participation au collectif
Hyadningar(splitté), groupe officiant dans un dark/black mélodique qui a rencontré un certain succès d'estime en son temps et abritant en son sein le bassiste/vocaliste du groupe
Ataraxie.
Fondé peu de temps après le split de
Hyadningar,
Caruos propose en 2010 une première démo intitulée « Brista » avant de se lancer dans l'enregistrement de son premier album "Metempsychosis" distribué par le label polonais
Werewolf Promotion. Le line-up se compose de Nekurat (guitare, basse, basse fretless et instruments folkloriques),
Siegfried (claviers) et Tommy (batterie).
Le combo normand dénote de
Hyadningar en proposant un Black/pagan fortement influencé par la seconde vague du BM norvégien, teinté de passages plus atmosphériques soutenus par des claviers discrets et l'introduction d'instruments à connotation folklorique comme la guimbarde, la mandoline, le tambourin et bien d'autres tels la flûte et le pipeau.
Si de prime abord le propos du trio paraît classique et peu original, la musique de
Caruos recèle suffisamment de surprises et d'idées intéressantes pour susciter la curiosité. Chaque titre possède son point culminant et en privilégiant l'aspect émotionnel de sa musique
Caruos propose finalement une oeuvre personnelle, empreinte de spiritualité, invitant à l'introspection.
Dans son ensemble l'album est constant et le track-listing cohérent doté d'une intro (The Hills) et d'une outro (
Far Behind). D'ailleurs à l'instar de l'intermède "Nemeton",ces deux pièces ouvrant et clôturant le disque sont de véritables compositions acoustiques et folkloriques frôlant les 3 minutes, fruits d'un véritable travail d'écriture et ne constituent donc pas un vain et stérile remplissage. Quant aux thèmes abordés, ils évoquent le respect des ancêtres, la nature et le rejet de la société de consommation, le tout en usant de références à la mythologie gauloise, ce qui contribue à renforcer l'identité du combo.
Concernant la production, elle est correcte pour un groupe de cette envergure disposant d'un budget limité. Elle donne la part belle aux guitares mais laisse chaque instrument s'exprimer pour un rendu final satisfaisant.
Après l'introduction « the Hills » dominée par le tambourin et la guitare acoustique, le titre «
Prophecy » donne le ton de l'album, un black/pagan au riffing rapide mais mélodique contrebalancé par des passages mid-tempo soutenus par une batterie solide et un clavier à la présence discrète et sobre apportant une dimension « épique » à certains morceaux de l'album comme sur «
Lost Territory » et « The
Horned ».
C'est sur ces passages plus atmosphériques, que l'on peut retrouver sur les titres « The
Horned « et «
Cauldron », que
Caruos excelle, en intégrant un chant clair à la manière de ce qu'a pu faire
Himinbjorg sur "In The Ravens
Shadow ". D'ailleurs d'autres noms me viennent à l'esprit à l'écoute de l'album,
Borknagar, et
Kampfar. En effet, comment ne pas faire le rapprochement entre certains passages du titre « My battle » et la première offrande des Norvégiens de
Borknagar, à l'écoute de ces riffs soutenus par de sensibles arpèges en son saturé et de notes de piano ?
Les chansons s'enchaînent sans faiblir et l'intermède acoustique « Nemeton » permet à l'auditeur de rester attentif à l’œuvre de
Caruos au vu de la durée relativement longue de l'album avec une moyenne de 5 à 6 minutes par track. Il est donc intéressant de noter que le groupe n'hésite pas à se lancer dans des pièces de 7 minutes passées, comme «
Lost Territory « , »Gathered Bardit of Belisama and
Belenos » ou « Bardos »,morceau de bravoure de l'album proche de
Kampfar par moments, qui dépasse les 9 minutes.
Une des seules composantes qui pourrait me gêner sur « Metempsychosis » est la voix typée black assez monotone sur l'ensemble de l'album. Néanmoins l'ajout de chant clair réduit son impact et cette sensation s'atténue au fil des écoutes. Et c'est au fil de ces nombreuses écoutes que s'exprime la force du projet rouennais : proposer suffisamment de variations dans sa musique et multiplier l'ajout d'instruments divers et variés afin de mieux appréhender l'identité de
Caruos et d'éviter la lassitude.
Tout l'album transpire l'admiration à l'égard de ses prédécesseurs et provoque chez l'auditeur un sentiment de nostalgie pour une époque où le pagan metal tel que nous le connaissions n'était pas galvaudé par des musiciens prenant le train en marche afin de profiter de l'engouement du public pour cette scène.
14/20.
Et encore une fois belle chronique mec, tu as un style d’écriture très personnel et taillé.
Il y a des chances que je le commande quand j'aurai une rentrée d'argent ;)
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