Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’
Electrocution revient de loin. Honnêtement, qui se souvient encore de ce groupe de death italien dont le dernier full length,
Inside the Unreal, remonte tout de même à… 1993 ?
Toujours est-il que les Transalpins nous reviennent aujourd’hui, forts d’un nouveau deal avec GoreGoreCords pour nous présenter leur nouvel album,
Metaphysincarnation, un condensé de death ravageur et efficace, s’inspirant du meilleur du old school tout en conservant une approche moderne.
Metaphysincarnaiton, c’est 11 titres pour 35 minutes, s’étalant entre 1,06 minutes (Aliento Del
Diablo, petit interlude flamenco interprété à la guitare acoustique), et 4,06 minutes pour
Abiura, morceau le plus long de la galette : des titres brefs et sans fioritures, qui vont à l’essentiel, mais qui prennent le temps de changer les rythmes et de varier les humeurs.
L’album s’ouvre sur un Wireworm, porté par des guitares lourdes et dissonantes et des choeurs religieux en guise d’intro, qui semblent être le prélude à un album de death gothique grandiloquent à la
Septicflesh. Mais quand cet excellent riff déboule au bout de 22 secondes, qu’on croirait droit sorti d’un album de
Dismember, que la rythmique s’emballe, et que la machine à headbang se met en marche, le doute n’est plus permis : on a affaire à un style direct, à cheval entre les années 90 et 2000, s’abreuvant aux sources du style pour nous sortir une version épurée et personnelle du metal de la mort.
Ainsi, les Italiens tirent le meilleur des scènes death les plus influentes pour édifier leur propre son, habile patchwork très typé 90’s mais ne sonnant jamais désuet, avec un parfait dosage entre brutalité, efficacité et mélodies, rappelant tour à tour le côté direct et primaire de la scène suédoise avec ce martelage rythmique solide, mis en avant par une basse sourde, ces soli mélodiques et ces riffs sombres et rampants (Wireworm, le début de Bloodless), et la brutalité maîtrisée du death US, particulièrement la scène floridienne (les déferlements fugaces de Phylogenesis avec cette basse qui tricote, où la rythmique s’emballe en de furieuses et brèves salves contrôlées, l’énorme Nature
Obliteration, particulièrement destructeur et headbangant, alternant riffs de tueurs et lourdeur mid tempos, avec ses accélérations assassines, ses soli échevelés, et ses vocaux scandés et incantatoires à partir de 2 minutes, qui viennent se doubler d’un hurlement black, ou encore Anthropocentric qui achève l’album ).
De même, le côté groovy et écrasant de l’ensemble, mélange de lourdeur et de rapidité imparable appuyée par une production massive, renvoie du côté des vétérans polonais,
Vader en tête, le guttural de Mick Montaguti se rapprochant d’ailleurs pas mal de celui du sieur Wiwczarek …
L’exploit d’
Electrocution, c’est de parvenir à digérer toutes ces influences et à les fondre en des morceaux courts, intenses et efficaces, à la fois directs et mélodiques.
Néanmoins, si
Electrocution a indéniablement un bon pied dans les années 90, il émaille tout de même sa musique de quelques touches plus modernes qui la font ressortir du lot de groupes de death old school sans personnalité : l’aspect mélodique très marqué, renforcé par de nombreux soli, rappelle parfois
Arch Enemy (les riffs sombres et ambiancés de Bloodless, le solo très amottien de As A Son to His Father), et le côté marteau pilon de certaines rythmiques sur lesquelles se déroulent des riffs frénétiques et headbangants, font penser à du bon Dew Sented des familles, notamment sur le début de Nature
Obliteration, qui rappelle Bitter
Conflict.
On a même droit à quelques riffs très syncopés typés core (le début de
Panopticon, la fin d’Anthropocentric, avec ces touches de piano mélancolique et ce riff haché)et à quelques prudentes envolées sur les terres d’un death plus technique (le court solo de basse sur Bloodless, la partie acoustique qui termine
Abiura, les notes tordues qui entament As a Son To His Father qui fait carrément penser à Death, ainsi que le début de Spirals in
Tension, avec cette pluie de notes aigues en tapping et cette rythmique qui tabasse toute basse dehors, clin d’œil évident à la scène death technique moderne américaine).
Electocution accouche donc d’un parfait condensé de tout ce qui s’est fait de mieux ces 20 dernières années en matière de death metal – même s’il laisse un peu de côté l’aspect le plus technique et brutal du style - pour un résultat solide, cohérent, organique, brutal et accrocheur.
Le seul reproche que l’on pourra faire à ce
Metaphysincarnation, c’est son manque d’originalité relatif, mais avec ses nombreux changements de rythme, ses mélodies soignées, son efficacité riffesque, son côté headbangant et sa musicalité bien mise en avant (notamment grâce aux parties de basse parfaitement audibles et aux nombreux soli qui aèrent l’album, sur Wireworm, As a Son to His Father ou Anthropocentric), cet album est une vraie réussite qui devrait satisfaire tous les amateurs de bon death metal.
Un retour gagnant pour les Italiens, à saluer comme il se doit, en espérant simplement qu’il ne leur faudra pas plus de 20 ans pour remettre le couvert !
Sinon "Septicflesh", "Dismember", "scène floridienne", "Vader", ça fait un paquet de références quand même!
On sent aussi une volonté de faire un album "total", tant à cause de la diversité de la durée des morceaux, les intro/outro/interlude, la variété des tempos, ce qui, de mon point de vue, rend l'album parfois trop commun.
Bref, je préfère Inside the Unreal (écouter grâce à la pochete qui m'avait taper dans l'oeil, c'est le cas de le dire).
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