Metaphysical

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16/20
Nom du groupe Creation's End
Nom de l'album Metaphysical
Type Album
Date de parution 29 Août 2014
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1. Ohm
2. The Chosen None
3. Bivariate
4. This Heart
5. All I Have
6. Part of You
7. Surrendered
8. Push
9. Turn Away
10. Bring to Life
11. Constructing a Savior
12. Singularity

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Creation's End


Chronique @ LeLoupArctique

20 Août 2014

Creation's End joue un progressif raffiné, plus personnel, mais encore prisonnier de certains carcans

Creation's End pourrait passer pour un groupe de metal progressif américain comme il en existe tant. Les États-Unis comptent en effet des centaines de groupes jouant un progressif dans la veine de Dream Theater, avec peu d'indices pour les différencier les uns des autres. Pour Creation's End, il y a cependant des signes qui ne trompent pas. Tout d'abord, le premier effort, A New Beginning sorti en 2010, était paru chez Sensory Records, label de taille modeste, mais découvreur de nombreux talents (Circus Maximus et Leprous entre autres).
Ce second opus, sobrement nommé Metaphysical, sort ensuite chez les allemands de Pure Prog, nouvelle succursale de Pure Steel, et là encore c'est souvent un gage de qualité (pour ce qui est de Pure Prog). De plus notons tout de même la présence de Mike DiMeo dans le rôle du chanteur, le même qui officiait par le passé chez Riot ou Masterplan. Les autres musiciens ont eux aussi déjà une certaine expérience (M.Sfogli jouait dans la carrière solo de James LaBrie), et Creation's End est ainsi loin d'être une bande d'amateurs.

Le premier opus était très encourageant, dévoilant des mélodies intéressantes basées sur un metal progressif classique, œuvrant dans le sillon tracé par Dream Theater mais aussi Fates Warning. Le principal reproche exercé à l'encontre du groupe était à propos de ses influences justement, qui étaient trop proches aux yeux de beaucoup. Présenté par un bel artwork, Metaphysical sort donc quatre ans plus tard, et en quatre ans, il a pu s'en passer des choses. Pas de changement dans le line-up cependant, ce qui est bien sûr une bonne chose, mais on espère qu'avec la même configuration ils sauront trouver la touche personnelle qui leur manque.

The Chosen None débute, après la sympathique introduction Ohm ouvrant sur une musique moderne et rythmée. Les riffs sont sérieux, lourds, graves, la batterie frappe fort, les claviers sont subtils mais bien présents, et le chanteur se débrouille correctement. Le refrain est bien, mais simple et classique, et les seuls passages vraiment intéressants surviendront après le solo pour un bon final mélodique.
Ce titre est loin d'être le meilleur mais reste vraiment symptomatique de l'album entier et même d'une partie de la scène metal prog actuelle. Il y a toujours des bonnes idées mais la façon de les présenter correspond souvent mal. On a beaucoup reproché au progressif l'exaspèrante longueur des morceaux, mais c'est pour une majorité de cas un mal nécessaire afin de mettre en place des ambiances plus recherchées et plus progressives justement. Ici, et cela vaut pour d'autres groupes, Creation's End préfère jouer sur des formats plus courts que le genre du progressif le voudrait, tournant souvent autour des cinq minutes, peut-être pour garantir une efficacité et une certaine facilité d'accès. Les américains jouent alors un progressif raffiné, plus personnel, mais encore prisonnier de certains carcans.

Prenons Push par exemple. On y trouve quelques idées sympathiques, comme un solo de guitare après le premier couplet et un autre très technique en fin, des "cris" de guitare saturée, ou même un passage instrumental lent et léger. Mais tout ceci est rassemblé sur un format tellement court - quatre minutes et demi - qu'on a l'impression que tout a été resserré ; bref, les mélodies manquent de place pour se développer. De même, pourquoi tenir absolument à faire des couplets et des refrains ? Le chanteur devrait chanter juste quand il le faut, pourquoi respecter un schéma précis ?
Autre exemple, Part of You. Le titre débute sur des riffs graves et modernes alternés avec des vocaux passés dans une machine à effets sur un tempo lent. Le refrain nous prend alors à contre-pied sur un rythme d'un coup plus rapide. L'idée est géniale et parfaitement mise en valeur, mais dans ce cas, pourquoi la répéter de manière similaire alors qu'il aurait été aisé d'en essayer les diverses variations ? Le morceau comporte aussi un excellent passage instrumental rapide aux bruitages modernes, mais je pense encore une fois qu'il aurait été plus appréciable de l'étirer un peu. À noter que Part of You comporte d'étranges similarités de composition avec Bring to Life un peu plus loin.

D'autres morceaux en revanche mettent très bien en valeur les idées et les trouvailles, et ce sont étonnamment les plus longs. All I Have démarre très progressivement, plus rock au début, pour déboucher ensuite sur de superbes mélodies aériennes, dans un style assez proche des anglais de Haken. Le titre est assez déstructuré, et c'est aussi ce qui fait sa richesse, car il offre alors plus de surprises, comme ce sympathique intermède instrumental reprenant le thème de manière légère et minimaliste, juste avant un autre très bon solo de M.Sfogli.
Constructing a Saviour propose une lente introduction portée par le chant tout en sensibilité de Mike DiMeo sur un piano délicat, avant de monter en tension et en rythme où là aussi la guitare soliste offre de belles choses avec une technique bluffante. Et quelle idée étrange de superposer la fin du solo avec du chant !

Les morceaux restant montrent souvent des choses intéressantes même si les formats sont plutôt conventionnels. This Heart laisse la place à des mélodies plus chaleureuses soutenues par une section rythmique riche et inventive. La basse est incisive et la batterie sonne un peu comme des percussions tribales. Les différentes parties du morceau s'imbriquent bien, et là encore on pense un peu à Dream Theater mais surtout à Haken pour l'aspect moderne. Bivariate joue sur d'agréables mélodies très rythmées, mais qui mériteraient peut-être plus de place pour s'exprimer. Singularity termine l'opus sur une note plus légère, avec guitare sèche et un chant plus calme (au début du moins),

Creation's End est assurément sur le chemin qui l'amène à se forger sa propre personnalité. Les américains s'éloignent alors du modèle Dream Theater pour se tourner vers un prog racé et moderne, peut-être sous l'influence de la scène Djent. En quatre ans le groupe a eu le temps d'avoir des idées et les compositions sont riches dans l'ensemble (seul Surrendered paraît fade). Il y a la indéniablement la volonté de proposer quelque chose un minimum original, et c'est bien sûr une volonté honorable. Mais Creation's End a encore besoin de se libérer de certaines chaînes qui entravent sa créativité. Ce que l'on reproche aux américains n'est cependant pas trop grave et permet tout de même d'apprécier ce bon disque. De plus, lorsque les reproches portent sur ce genre de détails et de considérations plus ou moins philosophiques, c'est que l'on considère que le groupe a un très gros potentiel. On attend alors impatiemment la suite.

2 Commentaires

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ericb4 - 21 Août 2014: Encore un groupe de metal progressif que je ne connais pas et qui semble très prometteur. Sur cette excellente chronique on décèle précisément les courants d'influence du combo. Si j'ai bien lu, on se situe dans le sillage de Dream Theater notamment tout en conservant un son propre et efficace. Comme les mélodies paraissent convaincantes et que le prog est bien marqué et judicieusement pensé, je vais aller l'écouter. Merci pour cette découverte!
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