The
Dark Side Of The
Moon est un projet musical d'obédience metal symphonique né en 2021 d'une idée originale, celle d'un pari lancé entre le guitariste allemand Hans Platz (
Feuerschwanz) et la chanteuse suisse
Melissa Bony (Ad
Infinitum), où le gagnant demanderait au perdant de relever un défi ;
Melissa le perdit, et se vit dès lors invitée à enregistrer une mouture metal de « Jenny of Oldstones », reprise du titre de la série télévisée américaine de fantasy Game Of
Thrones (saison 8), également dénommée Le Trône de Fer, et premier single du groupe. Conquis par cette prestation, le puissant label autrichien
Napalm Records permit aussitôt au groupe de signer son premier album full length, le bien-nommé «
Metamorphosis » ; une grisante et frondeuse galette affichant 42 optimales minutes au compteur, jouissant, en outre, d'un mixage et d'un mastering signés Jacob Hansen (
Delain,
Epica,
Evergrey,
Imperia,
Primal Fear...). En découle une belle profondeur de champ acoustique doublée d'un soin particulier apporté aux menus détails de production. Premier indice révélateur d'une sérieuse envie d'en découdre de la part de nos acolytes...
Une aventure aussi palpitante qu'enivrante dans le monde enchanté des héros de leur jeunesse nous est alors contée, aventure à laquelle ont également pris part le batteur danois Morten Løwe Sørensen (
Amaranthe, ex-
Dragonland) ainsi que la harpiste allemande Jenny Diehl (guest chez
Feuerschwanz). Une équipe de choc sur les traces d'un passé magnifié, comme pour mieux le transfigurer, in fine. En effet, si le quartet a fait la part belle aux reprises de titres emblématiques de l'univers des jeux vidéo, de séries télévisées mais aussi de films, non sans leur avoir conféré une vibrante touche metal symphonique au passage, il ne s'y est pas réduit exclusivement : trois plages de son cru, consacrées à ses personnages préférés, viennent précisément compléter la déjà riche panoplie de ce set de partitions.
Plus encore, à l'instar de la Lune, chacun des onze morceaux de la rondelle recèle une face cachée, que nos acolytes se chargent précisément de nous faire découvrir.
Ce faisant, le combo nous immerge dans un univers metal mélodico-symphonique aux relents heavy, cinématique et folk, soit dans le sillage stylistique des groupes d'origine des quatre artistes patentés. Cela étant, nous effeuillons un propos à la fois solaire, épique, énigmatique et romanesque, témoignant de fines ciselures mélodiques, d'une technicité instrumentale et vocale éprouvée et d'arrangements savamment élaborés. Afin d'amplifier la ''symphonicité'' du message musical délivré, ont également été sollicités des invités de marque, à commencer par d'aguerris vocalistes, dont : Tom S. Englund (
Evergrey,
Redemption),
Charlotte Wesssels (ex-
Delain) et Fabienne Erni (
Eluveitie, Illumishade). Sans oublier le sensible coup d'archet de la violoniste virtuose Rusanda Panfili, oeuvrant actuellement avec le célèbre compositeur de musique de film allemand Hans Zimmer. De quoi nous intimer d'aller explorer plus en profondeur la cale du navire...
Parmi les nombreuses reprises, il en est dont les contrastes rythmiques esquissés offrent de sémillantes alternatives aux pièces originales. Ainsi, la ballade a-rythmique « Jenny of Oldstones » sus-citée se voit ici muée en un poignant mid/up tempo heavy symphonique aux riffs épais ; infiltré du délicat doigté de la harpiste, recelant un bref mais flamboyant solo de guitare, et encensé tant par les fluides inflexions que par les growls ombrageux de la sirène, le méfait s'apparenterait dès lors à un hit metal en puissance, que l'on ne quittera qu'à regret. Dans cette énergie, on ne saurait davantage éluder « The Hanging
Tree », une ballade cinématique et choralisée, composée par James Newton Howard, et originellement interprétée par Jennifer Lawrence, pour The Hunger Games : Mockingjay (La Révolte), Part 1, film de science-fiction réalisé par Francis Lawrence en 2014. Sans pour autant dénaturer la ligne mélodique originelle, c'est désormais au cœur d'un vaste champ de turbulences que l'on se voit projeté ; d'inaltérables et puissants coups de boutoir doublés d'une sanglante rythmique nous sont dorénavant assénés, poussant peu ou prou à un headbang bien senti. Enfin, le titre bien connu du thème de Harry Potter « Double
Trouble / Lumos! (Hedwig's Theme) » subit, à son tour, une profonde mutation, cette dernière en ayant redéfini son contenu. Ainsi, le classieux effort choralisé s'offre dès lors tel un rayonnant mid tempo progressif aux riffs roulants, inséminé du coup d'archet libertaire de la violoniste. Et la sauce prend, là encore, sans tarder.
Lorsque le convoi orchestral ralentit un tantinet sa cadence, la troupe parvient non moins à nous retenir plus que de raison, et ce, à l'aune d'insoupçonnés effets de contraste atmosphérique. Ce qu'atteste, en premier lieu, « Legends
Never Die », dont l'originale, jouée par le groupe de pop rock américain Against The Current pour le jeu virtuel League
Of Legends, avait fait l'objet de millions de streams. Ce faisant, l'illustre mid tempo électro-pop se voit ici métamorphosé en un mid tempo rock'n'metal symphonique aux riffs crochetés, voguant sur d'ondulantes nappes synthétiques et mis en habits de lumière par les chatoyantes impulsions de la déesse. Et la magie opère, une fois de plus. Dans cette dynamique, on retiendra également la sensible ballade a-rythmique « The Wolven Storm » (Priscilla’s Song), issue du thème de The
Witcher 3 :
Wild Hunt, s'écoulant ici telle un mid tempo heavy symphonique pétri d'élégance, jouissant, en outre, d'arrangements instrumentaux de fort bonne facture. Et comment pouvoir échapper à l'infiltrant cheminement d'harmoniques emprunté par « If I Had a
Heart » ? Thème de la série télévisée Vikings, issu du premier et éponyme album de Fever Ray, ce low tempo un brin éthéré se transforme alors en une ballade atmosphérique d'une infinie délicatesse ; ici parée d'une sensuelle cornemuse et relevée par les magnétiques volutes de la belle, l'intimiste offrande saura aspirer plus d'une âme romantique en son sein...
Dans une dynamique similaire, et aux fins d'une diversification oratoire de leur offre, nos compères ont parallèlement opté pour des duos des plus inattendus. Bien leur en a pris. Ainsi, extraite de la trilogie cinématographique de fantasy Le
Hobbit, réalisée par Peter Jackson, la glaçante ballade a-rythmique « Misty Mountains » se voit ici métamorphosée en un troublant mid tempo power symphonique et folk, non sans de grisantes montées en régime du corps orchestral inscrites dans sa trame ; porté par un duo mixte en voix claires bien habité, les cristallines patines de la belle venant se lover dans les abyssales impulsions de Tom S. Englund, ce titre poussera assurément à une remise du couvert en bout de course. L'émotion ne sera guère moins au rendez-vous de nos attentes sous l'impulsion de «
May It Be », titre nommé aux Grammys, pour le premier film de la trilogie de fantasy Le Seigneur des anneaux (La Communauté de l'anneau), originellement interprété par la chanteuse, compositrice et musicienne irlandaise Enya. Cette ballade a-rythmique et atmosphérique se voit dès lors substituée par un grisant mid tempo syncopé de nature metal symphonique, où les chatoyantes empreintes vocales de
Charlotte Wessels et de
Melissa évoluent à l'unisson.
Par ailleurs, et comme annoncé, le groupe nous livre trois compositions de son cru, dont l'affiliation à l'univers metal symphonique d' Ad
Infinitum ne saurait être esquivée. Difficile alors de ne pas succomber au refrain catchy jaillissant des entrailles de l'up tempo heavy symphonique aux riffs vrombissants « The
Gates of Time », mis en exergue par les limpides oscillations de la maîtresse de cérémonie ; sous-tendu par les célestes ondulations d'une harpe sensible jusqu'au bout des ongles, ce tubesque effort est une véritable invitation au voyage en d'oniriques contrées. Moins impulsif mais reposant sur des enchaînements intra piste des plus sécurisés, le mid tempo « First Light » ne fera pas moins plier l'échine à plus d'une âme rétive. Et ce ne sont ni les hypnotiques modulations de la diva ni les assauts répétés d'un violon virevoltant qui nous débouteront de cette dévorante offrande folk symphonique. Les romantiques, quant à eux, trouveront chaussure à leur pied avec « New
Horizons », somptueuse ballade aux airs d'un slow qui emballe ; c'est alors au cœur d'un tourbillon de saveurs exquises que nous mène la troupe, au sein duquel les angéliques ondulations de Fabienne Erni et de la frontwoman, alors en parfaite osmose, généreront cette petite larme au coin de l'oeil que l'on esquiverait bien, en vain.
Exercice ô combien périlleux que celui des reprises – nombreux sont les copistes à en avoir fait l'amère expérience –, mais mené à bien par nos quatre valeureux gladiateurs, in fine.
Plus encore, on ressort de l'écoute de la galette interpellé par la capacité de nos compères à transfigurer certains des titres emblématiques de séries, films et jeux vidéo de leur jeunesse, et ce, au point d'éprouver l'agréable sensation d'achèvement, ou, pour le moins, d'avoir affaire à d'inédites moutures. Varié sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal, cet introductif effort bénéficie parallèlement d'une ingénierie du son en béton armé, de la féconde inspiration mélodique de leurs auteurs, dont les trois pistes inédites s'en font l'écho, et de la judicieuse agrégation des talents convoqués. N'accusant pas l'ombre d'un bémol ni d'une frustrante zone de remplissage, et chargeant le plus souvent son propos en émotion, le rayonnant méfait se suit de bout en bout sans ambages, incitant alors à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée. Bref, un premier mouvement aussi troublant que truculent, un brin obsédant...
Note : 16,5/20
Magnifique album, super chronique.
Très belle chronique! Pour un très bon album! Juste un peu cours, pour moi tellement j'ai eu de plaisir à l'écouter. La voie de Melissa Bonny est juste adictif
Merci à vous! Une belle surprise pour moi également que cet album aux multiples reprises mais non sans âme ni originalité, et entonné avec brio par Melissa.
Autant j'aime l'histoire et le principe de cet album, autant je n'ai pas été conquis par ce qui est sorti sur Youtube. Peut être cet aspect reprise de films/jeux vidéos qui m'a fait ressentir ça sans savoir même qu'il s'agait d'un album de ce type. Pourtant, j'apprécie Ad Infinitum, Delain, Amaranthe, Eluveitie et Feuerschwanz!
Mais vu la chronique, je vais peut être replonger dedans à l'occasion :)
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