Le Colorado n'est pas spécialement l'endroit de la planète que l'on verrait donner naissance à un groupe à la thématique basée sur l'occulte, mais c'est de pourtant de Denver que nous vient
In the Company of Serpents. Ami blackeux/war metalleux ou autre, toi qui ne jure que par Chris Moyen ou Mark
Riddick, passe ton chemin. parce que, derrière le superbe artwork que tu vois là, tu ne trouveras pas ta brutalité satanique ou ta froideur délétère habituelle. Non,
In the Company of Serpents joue plutôt de ce mélange fourre-tout assez indéfinissable dans lequel partouzent allègrement
Doom, Stoner,
Sludge,
Drone et même deux/trois autres styles pas forcément super définis (certains plans renvoeint à
Neurosis dans les parties les plus trippantes).
De fait,
In the Company of Serpents se rapproche un peu dans l'esprit d'un autre groupe du middle-south US :
The Flight Of Sleipnir. Juste pour ce côté "je mélange tout, je remue et on regarde ce que ça donne", parce qu'au niveau des thèmes comme du rendu, c'est très différent. Bon OK, ce sont aussi deux duos, mais là n'est pas la question :
Eagle Twin et
Black Cobra aussi, et
In the Company of Serpents ne partage pas grand chose d'autre avec eux non plus.
Si l'on devait chercher une analogie musicale, ce serait plus du côté des premières oeuvres musicales de
High On Fire (jusqu'à "Surrounded By Thieves", en gros). Epoque lointaine où le groupe de Matt Pike proposait une musique bien plus
Doom qu'aujourd'hui, qui trahissait encore son passif au sein de
Sleep. Un passif dans le cul duquel il avait collé une monstrueuse dose de
Venom. On retrouve ici le même groove, la même crasse, la même lourdeur et évidemment le même timbre vocal qui fait se dire que Lemmy risque d'avoir des demandes de tests de paternité qui ne devraient pas tarder à arriver de Denver.
Le groupe se permet même d'être encore plus UG/DIY que la moyenne, non seulement en s'auto-produisant intégralement mais en plus en ne sortant ces oeuvres que sur des supports anciens : après une cassette et un LP, c'est donc un sympathique EP de 12 pouces que nous avons là. Comme dit plus haut, la musique du groupe s'apparente assez à du vieux
High On Fire mais avec un bon groove de salope à faire remuer le cul même de votre grand-mère arthritique. Le résultat, entre danse tribale et explosion d'opium dans le cerveau, est aussi virulent qu'addictif, et les 20 minutes du disque s'enchainent sans temps mort. le choix de jouer sans basse est compensé par le fait que la guitare est accordée excessivement bas, les rares solos donnant presque l'impression de s'écouter une version
Doom du "Anesthesia/
Pulling Teeth" de sinistre renommée (gniiiih c'trop'horrib'!!). Les presque dix minutes composant le morceau final "A
Union Of Opposites" se révèle à ce niveau fidèle au titre du morceau : un démarrage tout en douceur qui évolue lentement vers une descente aux enfers sonique, l'impression de se noyer dans un lac de goudron tandis qu'un quelconque démon à la voix rauque vous hurle dans les oreilles. La noirceur occulte évoquée est ici palpable et n'est pas sans rappeler, dans l'esprit à défaut de l'être dans la musique, le même type de noirceur évoquée par des groupes comme
Archgoat ou
Necros Christos.
Ce qui différencie fondamentalement un groupe comme
In the Company of Serpents d'
Electric Wizard tient finalement en un point tout simple : ici, l'Occulte n'est pas un gimmick tiré de films d'horreur de série B ou Z, mais bien quelque chose de profondément ressenti (et donc partagé avec l'auditeur) par les membres du groupe. "Merging Into Light" démontre qu'il n'y a aucune nécessité à produire des albums trop longs pour créer une ambiance étouffante et mortifère.
Un EP plus que recommandé, un groupe à découvrir et qu'on espère vite voir sur une scène près de chez nous.
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