Résumer la complexité du choix du positionnement de son œuvre, et donc de l’équilibre artistique fragile de son propos, est dangereusement délicat. Au nom d’un éclectisme complaisant libertaire d'aucuns voudraient, au mépris de certaines de ces règles tacites qui définissent et régissent de manière, reconnaissons le, parfois ridiculement exagéré les genres, qu’on puisse, se permettre toutes les unions, toutes les idées, tout les ajouts, tout. Certains caressent donc l’espoir de supprimer toutes les limites, défendant leurs théories à l’aide de simple notion de liberté d’expression musicale, ou de droit à l’enrichissement. Si dans l’absolu l’ouverture d’esprit doit absolument permettre à chaque musicien de s’exprimer en nourrissant sa musique de tout les éléments empruntés à tout les styles auxquelles son esprit créatif jugera qu’il est nécessaire d’emprunter, il ne devra jamais perdre de vue sa propre musique. Sa ligne directrice. Ses propres idées. Tout ce qui fera de son ouvrage, une œuvre personnel. Et c’est bien là que réside l’aspect le plus difficile de la création artistique. Comment rester soi même en s’inspirant des autres ?
Il existe bien entendu des exceptions à cette règle, d’authentique génie aux talent si grand qu’aucun horizon novateur, qu’aucune idée saugrenue, qu’aucun enrichissement artistique, même périlleux, n’arrive à entacher la grandeur de leur art. Mais convenons en, ces êtres, pas forcement rares, ne sont, pourtant, pas légion.
Dans cet optique, définir très précisément la musique de ce groupe originaire de Corse est quasiment impossible. Estampillé ce
Menace to Unity à l’étiquette étriquée de Heavy
Metal serait, non seulement, ridiculement simpliste, mais surtout très en deçà de la réalité. Car en effet si
Toxic Twins pratique essentiellement un Heavy
Metal traditionnel, il n’est pas rare, au détour d’un morceau, d’un riff, d’une mélodie, d’une ligne de chant, de découvrir des relents d’inspirations Thrashy, des parfums éthérés d’un
Hard Rock plutôt inspiré par celui des années 80, des odeurs douces de Heavy Rock et même des effluves vaporeuses Jazzy. Mais le tout mélangé de manière si disparate qu’il ne peut en découler autre chose qu’un sentiment de confusion déconcertante. Pourtant tout commence de très belle manière avec un In The
Wind Of Your
Wings aérien, aux riffs Heavy et au propos entrainants, ou la voix rugueuse, héritage de l’école allemande (
Rage,
Blind Guardian…) voir anglaise (Motorhead), nous offre les prémices d’un plaisir certain. Prémices totalement avortés par le morceau suivant
Bastard qui, s’il a l’avantage de nous proposer un refrain réussi, a aussi le désagréable gout amer de ces couplets jazzy raté. L’immense différence, véritable choc culturel, qui sépare ces deux morceaux plonge l’auditeur dans un désarroi dont il ne se relèvera jamais vraiment tout au long de ce manifeste. Et ce d’autant plus que la suite des réjouissances, We Are
War Machine, et ses guitares plus sombres n’a pas réellement les qualités intrinsèques pour nous sortir de ce malaise. Dès lors, et même si ce
Menace to Unity recèle quelques moments très appréciables avec, notamment, l’excellent To Clean Race et son riff Heavy simple et efficace, ou encore avec un
Menace to Unity plus pesant, mais non moins délectable, le chemin est chaotique, pénible, anecdotique.
Ce sentiment de disparité hétéroclite, dans lequel on a incontestablement du mal à déceler l’âme profonde et vraie de
Toxic Twins ne s’estompe donc jamais véritablement, et est encore mis en exergue par cette idée fâcheuse d’utiliser plusieurs chanteurs. Si les différences entre les lignes de chant et les timbres des uns et des autres, restent, tout de même, très ténues, et qu’elles ne sont pas réellement de nature à faire évoluer sensiblement ce trouble qui nous obsède, elles ont l’affligeant désavantage de ne rien arranger. Ajoutons que la mise en avant d’un morceau, In The
Wind Of Your
Wings, présent sur la compil
Vae Victis sortis chez Brennus, et dont le clip fut largement diffusé sur M6, est une regrettable erreur. Car même si ce titre est sans aucun doute le meilleur de l’album, il en est aussi le moins représentatif. Bien que, dans cette faillite hétéroclite, il eut été difficile d’en trouver un qui le soit réellement, j’en conviens.
Au final et alors que
Toxic Twins avait toutes les armes pour s’imposer avec, notamment, un soutien médiatique conséquent, il n’en sera rien. A l’écoute de ce moyen
Menace to Unity, de ces pistes pas toujours très inspirés et de ces éléments mélodiques parfois saugrenus, on ne pas réellement penser à une quelconque injustice, mais simplement nourrir quelques légitimes et infimes regrets.
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