Il n'est pas facile de trouver des groupes en Lettonie qui sortent du lot, et encore plus en matière de doom. Pourtant, depuis sa création en 2003,
Frailty a réussi à tracer sa route, devenant pour ainsi dire l'une des principales figures du metal underground letton. Le sextet est même parvenu à sortir son premier album, «
Lost Lifeless Lights », chez
Solitude Productions, la crème de la crème en ce qui concerne les labels spécialisés dans le doom et ses variantes.
Frailty continue donc sur sa lancée, enregistrant les nouvelles compositions au Pentagon Studio et signant chez les ukrainiens de Arx Productions tout en s'octroyant une distribution par Firebox et
Solitude Productions. Les Lettons s'attachent cette fois ci à la mythologie grecque et la muse de la tragédie,
Melpomene. Sur la pochette, nous pouvons d'ailleurs voir cette muse assise sur une tombe et jouant de la guitare.
Musicalement, le groupe en question s'évertue à concocter un doom/death assez moderne en ce qui concerne le son, la production étant propre et mettant en avant tous les instruments sur un pied d'égalité. De plus, les musiciens n'ont pas mis de côté les mélodies si caractéristiques de leur premier album ainsi qu'un certains petit côté funéraire présent dans les morceaux les plus longs. Mais ce que l'on peut remarquer, c'est l'apparition d'arrangements orchestraux pour un résultat très symphonique.
Bien que la notion de « symphonique », à proprement parler, n'existe pas (ou peu) dans le doom, si ce n'est pour évoquer les nappes d'ambiances typiquement funéraires (et encore),
Frailty intègre bel et bien des symphonies dans sa musique, mais il y a une nuance : en effet, lorsque les touches purement symphoniques apparaissent, c'est dans les titres les plus courts et les moins doom. On se retrouve donc avec un death symphonique dans un style mid tempo, comme sur un «
Wendigo » entraînant, évoquant les esprits malins indiens, sur un « Thundering
Heights » jouant plus sur les atmosphères, ou sur un «
The Eternal Emerald » épique et grandiloquent. Ce n'est pas non plus Septic
Flesh, mais tout de même.
A contrario, les titres les plus longs tels que «
Desolate Moors » ou « The
Doomed Halls of
Damnation » restent bien doom, bien pesants et mélancoliques à souhait. L'ensemble peut rappeler
Saturnus ou encore les formations russes telles que
Revelations Of Rain, entre autres : un growl profond, un rythme très ralenti et écrasant, des riffs lourds et lamentés, et un fond aux claviers très enveloppant et atmosphérique. Ces complaintes cachent souvent certaines déflagrations, comme le final de « The
Doomed Halls of
Damnation » et sa déferlante de riffs accompagnée d'un chant quasi black.
Et c'est ce que nous fait
Frailty, une musique où la mélancolie côtoie l'agressivité, où le désespoir rencontre la tempête, où les ténèbres ne font qu'un avec les hymnes épiques, et ce, malgré le côté répétitif – bien qu'hypnotique et antique – de « Underwater » et de quelques autres. Ce qui correspond aussi à ce que nous propose
Frailty, c'est « The
Cemetary of
Colossus », une instrumentale de plus de treize minutes : une fresque death metal ralentie mais très orientale et mythologique où se rassemblent guitares aux mélodies antiques, orchestrations et choeurs.
«
Melpomene » est donc une belle réussite pour
Frailty qui a travaillé sur un ensemble bipolaire, tantôt doom/death, tantôt death symphonique avec une rythmique proche du doom, possédant ses moments forts et ses moments plus linéaires, réservé aux amateurs d'ambiances puissantes.
Petit détail (rien de bien savant mais vu que tu n'en parles pas) : "Thundering Heights" : un quelconque lien avec Les Hauts de Hurlevent ("Wuthering Heights") ?
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