Melancholy

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14/20
Nom du groupe Golgotha (ESP)
Nom de l'album Melancholy
Type Album
Date de parution 1995
Style MusicalDoom Death
Membres possèdant cet album12

Tracklist

1. Lonely
2. Lake of Memories
3. Nothing
4. Raceflections
5. Lost (Instrumental)
6. Immaterial Deceptions
7. Stillness
8. Virtualis Demens
9. Caves of Mind (Instrumental)

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Golgotha (ESP)


Chronique @ choahardoc

21 Mars 2015

To forget the outside and become the almighty of the absurd.

Il était une fois un temps lointain. Un temps innocent où vous ignoriez la toile et l’infini des possibles en matière de références musicales. Un temps heureux cependant durant lequel vous chiniez à droite et à gauche de disquaires en revendeurs d’occases. Epoque bénie pour les rencontres musicales et humaines, mais vous le pressentiez déjà en accumulant vos premiers CD préfigurant la relève de votre discothèque vinyle: le cours du temps s’accélérait soudain et n’aurait de cesse de s’emballer.
Le début de ces mutations se produisit de façon spectaculaire et positive. La résistance s’organisait face aux modes et à la marchandisation de la musique. Le cheminement des émissions F.M, d’une myriade de labels tels que Holy Records et Season of Mist et enfin le fameux magazine Metallian avec ses samplers CD en bout de parcours. Grand coup de sifflet: la fête est finie, mon disquaire Decibels Store agonise et le siècle aussi d’ailleurs: le moment est donc venu de se comporter en adulte et de s’adapter vaille que vaille à la sale gueule de la société en attendant le 11 septembre et le déclin du marché du disque.

Retour au temps lointain et innocent, dans ce formidable contexte de découvertes du milieu des années 90 où l’émission Haute Tension sur la radio toulonnaise Arc en Ciel m’offre tant de moments de plaisir: évocation des événements locaux tels que les concerts au C.R.E.P, souvenirs de ceux du New, information sur l'incroyable activité de l’association Decibels Storm… Cette heure d’évasion hebdomadaire me fascine par sa diversité et, bien qu’elle prête allégeance aux courants mainstream de notre famille musicale, par son flot de bonnes vibrations sorties de l’Underground le plus intransigeant. C’est ainsi que, par un beau jour de 1996, l’écoute de Haute Tension me fait voyager en un lieu illustre: « Arrivés au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne » Matthieu 27 : 33

C’est cette claque amicale, pour votre serviteur indissociablement lié à tout ce travail de réseaux et de fanzines, que je vous narre à présent. Après une vingtaine de « rewind » sur la cassette ayant enregistré un extrait de Melancholy, je me décide à commander l’objet incriminé par correspondance: chez Adipocere si mes souvenirs sont exacts. Allons voir ça de plus près.

La vie balnéaire et paisible de Palma de Majorque n’inspire guère l’art du guitariste Vicente J. Payà, lequel fonde un premier groupe dénommé Unbounded Terror. Cette modeste formation Death Metal sort en 1992 le full-length Nest of Affliction. Cette expérience renforce l’amitié entre Vicente et le légendaire Dave Rotten, frontman d’Avulsed et patron du label Drowned Productions. Le Doom Death arrive alors aux Baléares et Payà trouve ici sa voie. Après quelques balbutiements, assisté dans un premier temps des frères Garciolo, deathsters d’Inertial Mass, le six-cordiste opte pour un projet radicalement nouveau. Le Majorquin recrute une formation qu’il nomme Golgotha. Début 1994, le MCD Caves of Mind paraît sur Repulse Records, boîte madrilène à nouveau fondée par l’incontournable Rotten.

Encouragés par ce premier effort, Payà et ses acolytes vont composer sept nouvelles pistes, dont deux instrumentaux, et réutiliseront l’excellentissime Lake of Memories issu du MCD. Le chanteur Amon Lopez se charge des paroles et de l’artwork. Rien à dire sur le premier plan. En revanche, la pochette de Melancholy transpire la déférence envers l’œuvre de Dave Mac Kean et plus précisément la cover du Shades of God de Paradise Lost. Le résultat de ce visuel est aussi affreux que l’intention semble louable…

A l’abri du soleil de plomb d’un printemps aux Baléares, Golgotha enregistre et produit Melancholy en avril mai 95. Le confort retrouvé des studios Desgrabaciones, que Payà fréquente depuis Unbounded Terror, offre aux six musiciens un cadre familier. En outre, Repulse Records soutient le groupe avec bienveillance. Formation classique soutenue par le clavier de Jose Nuñez, les insulaires évoluent dans cette mouvance Doom Death mélodique influencée par Anathema et un Paradise Lost époque Gothic/Shades. On peut aussi évoquer My Dying Bride en pensant au classicisme des structures, par exemple sur Nothing où les nappes de Jose jouent un rôle équivalent dans la pesanteur, appuyant le côté atmosphérique de la troupe. Souvent soucieuses de développer l’ambiance, les parties rythmiques ne s’emballent vraiment que par opposition avec la mélopée et les passages lancinants. Quand ça démarre, ça poutre sévère et Ruben Alarcon envoie du double-kick et du lourd derrière ses fûts, bien soutenu par les guitaristes Ivan Ramos et Payà ainsi que le bassiste Toni Soler. Stillness est tout à fait représentatif de cette approche, morceau long et planant appuyé par des breaks efficaces. Même recherche du contraste aussi sur le chant et là, on reconnaîtra que si le thème général de l’album est la mélancolie, Amon est bien plus performant en growl que sur le chant clair et les passages déclamés. Reste que son anglais est aussi parfaitement intelligible dans les deux registres, chose qui ne va pas forcément de soi. Lonely, meilleure plage de cet opus, le voit soutenu par les belles vocalises de Carmen Jaime, session member issue de la scène Jazz de l’île. A noter également que le titre Virtualis Demens, conforme à tous les préceptes que nous avons évoqués, est produit, mixé et accompagné à la guitare acoustique par Angelo Borras, artiste qui va bientôt fonder le grand groupe Pop Rock local Sunflowers!

Tempus fugit. Le temps passe mais fort heureusement les souvenirs restent, toujours portés par une mélodie qui vous renvoie à une humeur, un état d’esprit, bref une tranche de vie. Golgotha évoque pour moi un circuit d’initiés, loin des palmiers et des orangers de Palma, qui me fit connaître ce groupe et bien d’autres encore… Peut-être certains me feront noter à tort ou à raison quelques dérives de l’underground Metal toulonnais des années 90, soi-disant ancré dans le système politique du coin. Que nenni, je parle d’un prosélytisme exclusivement musical, d’une convergence qui portait à bout de bras un pan du tissu associatif et culturel de ma cité. Merci à eux. For those about to rock…

3 Commentaires

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ericb4 - 21 Mars 2015: Très belle chronique, informative et bien inspirée. Merci à toi pour cette analyse aussi détaillée que passionnante!
MattMaiden - 21 Mars 2015: Très joli papier sur un groupe qui m'est hélas inconnu. Merci !
Luthor - 24 Mars 2015: Bonne chronique sur un groupe que je connais très bien, malheureusement c'est vrai plutôt inconnu dans nos contrées (comme 99% de la très dynamique scène espagnole et des îles d'ailleurs). Et qui, accessoirement, continue de temps en temps de nous sortir des albums assez sympas.
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