Originaire de Lausanne, en Suisse, Emma-O est principalement articulé autour d’Eddy Bruet (guitare) et d’Audrey Berset (chant), également hurleuse au sein de
Fake Messiah et
Noein. Les deux compères sont rapidement rejoints par Philippe Maris (guitare) et Valentin Magnenat (basse,
Fake Messiah) et, réussissent le tour de force d’enrôler Franky Constanza (
Dagoba) pour l’enregistrement de leur premier full-length de la formation, intitulé «
Mechanical ».
En préambule, il est important de stipuler, afin de faire taire les préjugés, idées reçues et les raccourcis hâtifs, que le patronyme Emma-O ne fait aucunement référence au titre de leur compatriote
Sybreed, mais bel et bien à Emma-O de la mythologie japonaise, et que, le groupe n’officie pas dans le « cyber-metal » mais dans un « death/thrash » massif et lourd.
«
Mechanical » est lancé par le morceau titre et, le moins que l’on puisse dire, est que le groupe ne s’embarrasse pas d’introductions inutiles ou de présentations futiles. Emma-O fonce dans le tas et il est certain que quelques dents vont voler au passage. Le morceau est basé sur une rythmique mid-tempo puissante, rehaussé de riffs saccadés aussi tranchants qu’une feuille de boucher, une petite ligne mélodique sous-jacente donnant un peu de luminosité à l’ensemble, et un break ultra « mastoque » d’une grande puissance écrasant tout sous son poids. Cette composition est loin d’être orpheline puisque l’ensemble du disque est du même caveau, la lourdeur ambiante étant entrecoupée d’accélérations bien senties donnant de la vie à l’ensemble comme sur « Guilty », « Rainy Day », « Headbang Until
The End » ou le début de « They’re Coming From
Nowhere ».
Ce qui ressort de «
Mechanical » est l’aisance du groupe à produire une musique à la fois lourde mais pas ennuyeuse sur la globalité, facilitée par une espèce de groove entraînant (« Secteur 15 », le refrain de « They’re coming from nowhere » ou «
Mechanical »). Emma-O ne se contente pas d’un découpage en règle, il essaie également la mise en place d’ambiances sombres et obscures. Et, le challenge est particulièrement bien relevé sur « They’re Coming From
Nowhere », qui filerait le bourdon au plus joyeux des clowns.
Côté production, rien à redire. Avec Tue Madsen derrière les manettes, Emma-O souhaitait s’assurer une qualité sonore haut de gamme et c’est bien le cas sur «
Mechanical », où rien ne dépasse, chaque instrument possède une place prépondérante et l’espace sonore est parfaitement bien rempli, les morceaux sont interprétés avec une qualité technique certaine, rehaussés des vociférations typiques d’Audrey. Votre serviteur se demande toujours comment un aussi joli petit bout de femme peut éructer de façon si « démoniaque ».
Cependant, au-delà de ses qualités, «
Mechanical » présente également quelques défauts au premier rang desquels quelques longueurs et quelques moments moins inspirés, comme la cassure de « Headbang Until
The End », le final du morceau titre ou le break de fin de « The Way Of Hapiness ». Aussi, la structure similaire des compositions peut faire émaner une certaine redondance, conférant un certain ennui, si l’auditeur ne fait pas preuve d’une bonne insistance auditive, car cet opus est une sorte de pavé homogène difficilement pénétrable. A titre personnel, le petit décroché vocal, dont Audrey use avec
Fake Messiah, est bien en retrait sur «
Mechanical », ce qui est dommageable car il fait partie intégrante de la personnalité vocale de celle-ci.
«
Mechanical » n’est pas un album « easy listening », il ne se laisse pas apprivoiser facilement. Il faudra de multiples écoutes assidues pour pouvoir pénétrer son antre et l’apprécier. «
Mechanical » est un premier effort plus que sympathique, puissant et massif, interprété par des musiciens talentueux mais qui offre encore une bonne marge de progression pour l’avenir.
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