Nous ayant laissés sur le souvenir ému d'un rayonnant «
Megalomania », son introductif album full length, le combo helvétique, plutôt que de chercher à brûler les étapes pour tenter de disséminer ses riffs coûte que coûte, s'est laissé un laps de temps suffisant pour affiner ses portées comme le trait de sa plume. Aussi, revient-il dans la course, quelque trois années plus tard, muni d'un second effort du même acabit répondant au nom de « Me
Megalomaniac », auto-production où 10 pistes s'enchaînent sereinement sur une bande auditive modeste de ses 32 minutes, soit guère plus que celle de sa devancière.
Ce faisant, l'auteure/interprète et créatrice du projet, Mel Schweickardt, et ses musiciens nous livrent un propos pop metal électro et atmosphérique gothique aussi tonique que solaire, empreint de délicatesse et un poil romantique, le situant, à l'instar de son aîné, dans la lignée de
The Murder Of My Sweet, Metalite, Volturian,
Lacuna Coil et
We Are The Catalyst. Jouissant à son tour d'une production d'ensemble et d'arrangements instrumentaux de fort bonne facture, ce second mouvement annonce clairement la couleur des intentions de nos valeureux gladiateurs...
C'est une fois encore à l'aune de ses plages incandescentes que la troupe marque ses premiers points, et non des moindres. A commencer par « Not Done Yet » et «
All in », véritables torches incendiaires aux riffs épais et aux virulents coups de boutoir. Dans la lignée coalisée de
Lacuna Coil et de
The Murder Of My Sweet, ces torrentiels efforts se dotent, en outre, de refrains immersifs à souhait qu'encensent les grisants médiums de la déesse. Et, dans un cas comme dans l'autre, la sauce prend, sans tarder. Dans cette mouvance, de par ses sémillants gimmicks guitaristiques et témoignant d'enchaînements intra-piste des plus sécurisants, le ''tubesque'' et bouillonnant «
Burning Bridges » ne saurait davantage être éludé. Quant aux inaltérables assauts de «
Dark & Stormy », tonique et avenant manifeste à la confluence de
Lacuna Coil et de
We Are The Catalyst, ils pousseront la chaland à un headbang bien senti. Mais le magicien aurait encore d'autres tours dans sa manche en réserve...
Quand la cadence du convoi orchestral se fait plus mesurée, le collectif trouve à nouveau matière à nous retenir plus que de raison. Ce qu'atteste, en premier lieu, «
Good », vibrant mid/up tempo pop metal mélodique aux relents électro, à mi-chemin entre Metalite et
We Are The Catalyst, eu égard à la soudaineté de ses poignantes accélérations et à son refrain catchy, mis en exergue par les troublantes inflexions de la sirène. Dans cette dynamique, on pourra non moins se tourner vers le ''volturien'' mid tempo « Swipe Right », au regard de son infiltrant cheminement d'harmoniques et de la grisante montée en régime de son dispositif instrumental peu avant la chûte finale du morceau. On retiendra, enfin, aussi bien l'enivrant «
Vicious Game », à la lumière de ses entêtants arpèges d'accords, que le ''lacunacoilesque'' et énigmatique « Cast a
Spell », et ce davantage pour ses riffs en tirs en rafale et ses arrangements instrumentaux qu'au regard d'une sente mélodique un proie à quelques linéarités.
Lorsqu'ils nous mènent en d'apaisantes contrées, nos compères s'y adonnent avec une infinité délicatesse, nous adressant alors leurs mots bleus les plus sensibles. Ce qu'illustre, d'une part, la ballade progressive «
Under My Skin » au regard de son enveloppante ligne mélodique, sur laquelle se greffent les sensuelles et déchirantes patines de la maîtresse de cérémonie. Un brin mélancolique mais nullement larmoyant, sauvegardant même un zeste d'énergie percussive lui assurant alors une graduelle charge émotionnelle, l'instant privilégié comblera assurément les attentes de l'amateur du genre intimiste. Et comment ne pas se sentir aspiré bien au-dessus du plancher des vaches par les vibes enchanteresses exhalant des entrailles de la ballade atmosphérique et progressive « Made of
Glass » ? Infiltrée d'un slide à la guitare acoustique et d'une violoneuse assise, parallèlement investie des hypnotiques oscillations d'une interprète bien habitée et prenant peu à peu son envol, la tendre aubade se jouera à son tour de toute tentative de résistance à son assimilation.
A l'aune de ce second mouvement, la formation helvétique nous immerge au cœur d'un seyant paysage de notes assorti d'une ingénierie du son difficile à prendre en défaut, de mélodies certes convenues mais des plus efficaces, et d'une technicité instrumentale éprouvée mais non ostentatoire. Guère plus diversifié que son prédécesseur sur le plan vocal, la belle continuant de monopoliser le micro de bout en bout de la traversée, cet opus l'est en revanche davantage quant à ses phases rythmiques et aux exercices de style dispensés. Et si les prises de risques se font encore discrètes, les arpèges de leurs sources d'inspiration imprègneraient toutefois moins largement leurs portées aujourd'hui qu'hier. Bien qu'un tantinet laconique, mais n'accusant pas l'once d'un bémol susceptible d'affadir l'attention du chaland, ce rayonnant méfait constitue une arme de jet redoutable décochée par nos belligérants ; une arme qui pourrait bien les hisser parmi les valeurs montantes du metal alternatif à chant féminin. Aussi, à l'aune d'un projet à l'évolutive épaisseur artistique, c'est sous les meilleurs auspices que se poursuit l'aventure du collectif helvétique...
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