La sarisse ou «
Sarissa » était une lance antique utilisée par les phalanges macédoniennes afin de stopper les fantassins adverses en pleine charge et éperonner les cavaliers ennemis une fois plantée dans le sol.
Antique est un terme qui convient parfaitement au groupe
Sarissa, culte entité grecque dont la faible production - 3 albums dont deux autoproduits entre
1987 et 2004 - s’oppose à son incroyable longévité et sa capacité à se réinventer sans dénaturer son essence musicale.
Pour l’anecdote nos amis macédoniens, après avoir failli contracter un deal sur Noise Records fin 80’s, ne bénéficieront que 15 années plus tard des honneurs d’une signature sur le label grec
Black Lotus Records. De cette collaboration naîtra en 2004 ce «
Master of Sins » enregistré au
Marathon Studio et Underground Studios par
Jim A.D Selalmazidis puis masterisé par Giannis Christodoulatos.
Proposant à ses débuts un heavy/power épique le combo hellène se veut plus progressif désormais. Par progressif j’entends ici la volonté de casser les barrières et d’explorer un spectre musical plus étendu contrairement au metal dit « progressif », emmerdant et bourré d’arrangements indigestes, que seuls les initiés adeptes de l’onanisme artistique peuvent apprécier.
Si le discours est foncièrement heavy/power metal, le leader, unique rescapé de la formation originelle et principal compositeur,
Jim A.D Selalmazidis (guitare, basse, chœur et programmation) insuffle à sa création un aspect à la fois moderne et épique par l’utilisation d’effets orchestraux quasi-martiaux par moments ( cf «
Bleed till the
End » et l’intro de « To these Powers - I Swear »), de mélodies plus orientales en harmonie avec l’aspect guerrier de l’ensemble et par l’utilisation d’un riffing très syncopé («
The Ancient Land Falls » et «
Master of Sins ») proche de celui d’un
Symphony X période « The Odyssey ».
L’atmosphère suscitée par l’emploi de divers effets renforce l’identité des compositions et facilite l’immersion dans le tableau sombre mais lumineux (l’oxymore est volontaire) dessiné par le trio grec. A l’image du titre «
Nemesis », débutant par des arpèges touchants, qui propose par endroits des backings tour à tour désincarnés puis plus agressifs, des touches de synthé presque rituelles, tout cela illuminé par les solis maîtrisés et inspirés du multi-instrumentiste
Jim A.D. Il est même surprenant de constater par moments la présence de blast-beats aventureux et de rafales de double-pédale très nerveuses pour le style (cf «
Hypocrisy Crusade » titre le plus agressif de l'album) preuve que
Sarissa ne se pose pas de limites créatrices.
Qui dit heavy/power progressif dit aussi chanteur de haute-volée (en général…). Le moins que l’on puisse dire c’est que cet album ne serait pas ce qu’il est sans la présence de Nick Iglezos, excellent chanteur faisant preuve d’une aisance désarmante dans l’exercice vocal et proposant des aigus cristallins (cf «
The Ancient Land Falls », « The Struggle ») loin des tentatives parfois poussives des ténors du style. Sa performance est constante et l’association avec les chœurs graves et virils de l’omniprésent
Jim A.D Selalmazidis donne un cachet supplémentaire aux 9 titres de l’album.
En outre il est intéressant de signaler l’utilisation intelligente d’une basse très présente (cf "Deathdance"), contrepoids parfait d’une batterie millimétrée aux sonorités métalliques (on jurerait par moments que Bill Kanakis utilise une batterie électronique). Un mot sur la production béton dotant la guitare d'un son rugueux, abrasif et sur la batterie qui s'intègre trop peu à l'ensemble à mon goût. Est-ce voulu? nous ne le saurons jamais...
J’en entends certains émettre des doutes concernant le propos musical hybride décrit dans cette chronique. J’avoue avoir été perplexe lors de ma première écoute mais l’identité très marquée et la cohérence des titres m’ont séduit. Nous avons donc bien affaire à un album de haute-volée et à un compositeur hors-norme en la présence de
Jim A.D Selalmazidis.
15/20
Sarissa, un groupe à déguster avec des merguezs......humour gras..
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