En 1992 le Death
Metal est en pleine expansion, le
Thrash Metal autrefois dominant est littéralement balayé et placardisé par ce style toujours plus rapide, plus fort, plus obscure, les groupes émergent de partout, les labels signent à tour de bras ces jeunes furieux et leur musique dont la violence dépasse tout ce qui se faisait auparavant.
FNAC Music qui a déjà apporté sa pierre à l’édifice par le biais de sa branche Semetery Records et des albums de
No Return et
Loudblast, décide de produire une grosse compilation regroupant la crème des groupes du style. Majoritairement et logiquement composé de groupes américains (7) et suédois (4), les anglais se taillent également une bonne part (3). Tandis que l’Autriche, l’Allemagne, la Pologne, et les Pays-Bas se contentent d’un groupe chacun, la France en place deux (les poulains du label Loudbast et
No Return).
Quel meilleur combo que
Morbid Angel pour ouvrir le bal ? Le choix d’un morceau mid-tempo comme Abominations pose en revanche question, présenter le légendaire Pete Sandoval sur un titre sans le moindre blast-beat est un peu un comble pour celui qui en est considéré comme l’inventeur, où tout du moins le vulgarisateur, mais peut-être ont-ils fait le choix d’immerger l’auditeur en douceur dans le monde particulier du Death
Metal. Death le groupe de Chuck Shuldiner est présent en bonne place, logique pour l’entité ayant donné son nom au style, et c’est avec le fabuleux morceau Secret Face, extrait de leur déjà quatrième album
Human. Pour l’Europe cette fois, on trouve ensuite le morceau
Body Count de
Dismember, magnifié par le puissant vocaliste Mark Grewe.
Sur cette compilation, nous ne retrouvons rien de moins que le big four suédois ou chacun vient présenter un titre de son premier album, sauf
Entombed pour qui
Stranger Aeons est extrait de leur deuxième méfait
Clandestine. A noter que les éditeurs devaient être fâchés avec les suédois, puisqu’en plus du titre de
Entombed incorrectement écrit «
Stranger Alone »,
And So His
Life de
Dismember devient
And His So
Life, peu importe : ça donne des airs de DIY foutraque, c’est encore mieux… Dans tous les cas même si le carré d’as de Suède propose chacun des grands titres, en particulier
Unleashed avec
Dead Forever, présenté assez légitimement comme une sorte de
Black Sabbath radioactif, c’est Grave qui défonce tout avec Hating
Life, un titre d’une lourdeur et d’une puissance peu commune à l’époque, et encore impressionnant trente ans après.
Entre le Death / Grind de
Napalm Death, le Death ultra technique limite Jazz d’
Atheist, le bourrin bien gore de
Cannibal Corpse, l’avant-gardisme de
Pestilence, la lourdeur de
Benediction ou le Death baveux et crade de
Pungent Stench,
Masters of Brutality est donc un patchwork d’à peu près tout ce qui se faisait en
Metal de le mort. Pour que le culte soit total, on notera aussi la présence de
Master, groupe pionnier en la matière, d’
Obituary et du style caractéristique de leur chanteur John Tardy, et de
Massacre avec le redoutable
Kam Lee qui ado s’entrainait en imitant les voix des films de zombies.
Chose étonnante à l’époque, on y trouve même un groupe polonais, des jeunots qui officient dans un groupe du nom de
Vader, c’est un peu la présence exotique de la compilation, mais absolument pas pour faire de la figuration, car le morceau
Vicious Circle qui clôt la compilation est peut-être le plus impressionnant : tiré de
Morbid Reich, démo la plus vendue de l’histoire du Death
Metal, ce morceau d’une sauvagerie sans pareille montre le potentiel du groupe qui deviendra rapidement l’un des piliers du style en Europe et même dans le monde.
La présence d’un épais livret contenant une mini bio de chaque groupe à chaque page est une plus value indéniable, sans parler de cette illustration fabuleuse qui orne la pochette, tout était là pour faire de
Masters of Brutality un disque légendaire, sans compter que de nombreux titres sont issus d’albums de 1991, meilleure année du Death
Metal de tous les temps.
Dans un monde où on ne pouvait pas découvrir cinquante groupes par jour sur Youtube, Deezer ou Bandcamp, cette compilation a été une véritable initiation pour de nombreux deathsters qui découvraient le style au début des 90’s, devenant culte avec le temps et ayant forgé les goûts musicaux de toute une génération.
BG
Putain comment c'était bien avant
Je titillais déjà du Obituary et du Death à l'époque et je me rappele de cette compil en écoute sur le présentoire de la FNAC. J'avais passé le casque avec le pote qui était avec moi et qui disait que ça lui faisait penser à un clébard gerbant dans un seau avec le micro dans le fond (c'est le morceau de CC hahaha). Comme tu dis Laurent ça a permis d'ouvrir complétement le stylepour moi et les priorités d'achat. Ca fait partie des compils importantes pour moi avec le Doomsday News de chez Noise (86 de mémoire) pour les découvertes.
Merci Lolo de ressortir la machine à remonter le temps sur une compil historique à son niveau
@Yvan : De mon côté je l'avais commandé au club Dial, recommandé par Françis Zégut, un peu comme toi, je connaissais quelques groupes comme Sepultura, Morbid Angel et Massacra, et là ça a fait boum.
Je l avait adoré à l époque, et comme tout le monde je l avais en cassette. Je l ai retrouvé en cd numéro 1 & 2 et je l écouté encore régulièrement
Merci pour cette belle chronique. Entré dans le death metal grâce au successeur de cette compil' enregistrée en K7, j'ai récupéré par la suite cette première offrande en CD. Ce qui me frappe le plus, c'est l'étendue du style: c'est incroyable d'entendre aujourd'hui à quel point chaque groupe légendaire présent sur cette compil' avait déjà un style et une aura particulière. Une telle richesse d'un style aussi récent montre à quel point les membres de ces groupes étaient des génis!!!
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