Liste des groupes Grunge Blondstone Mass Solace

Après avoir passé tant d'années à rêver des États-Unis et de sa scène grunge comptant parmi les plus grandes légendes que ce monde est connu, on espère, tant est si bien qu'il en existe, dénicher de nouveaux trésors Français capables de tenir tête à ces résistants de longue date (autrement dit, aux derniers représentants du Big Four). Bien sûr, l'usine à tubes ne marche pas aussi bien en France que dans la seule ville de Seattle pour la simple et bonne raison que cette scène reste avant tout underground, et donc qu'elle s'importe peu à l'étranger.

Il faut tout d'abord s'imaginer le souvenir nostalgique émanant d'un Kurt Cobain plein de hargne flirtant avec le stoner/hard-rock mythique d'un Queens Of The Stone Age des plus mélodiques. On retrouve donc toutes les bonnes recettes nécessaires à un digne successeur du EP "#1" délivré en 2012, qui n'avait pour ainsi dire, pas fini de nous étonner. C'est pourquoi, en plus de ces cinq-titres déjà présents auparavant, six autres morceaux inédits font leur apparition sur ce premier opus nommé "Mass Solace". L'ouverture de cet essai débute alors avec un titre éponyme catchy et une introduction étrange où l'on pourrait à la fois penser au gémissement d'un bébé, à un scream torturé d'Alex ou bien tout simplement, à une forte distorsion ayant provoqué cet effet. Cela étant dit, Blondstone nous gratifie d'un long passage instrumental lourd et destructeur pour enchaîner sur des notes un peu psyché, parfois comparables au phrasé de Layne Staley sur certains points très précis (cf. vers 02:42).

De plus, les vocaux semblent nettement inspirés des 90's par ce ton doux, agréable, légèrement atmosphérique et un peu vieilli bien mis en valeur sur le hit "Shoot Shoot Shoot" - véritable force de cet opus. En effet, il fallait y penser mais depuis longtemps, nous n'étions jamais arrivé à créer une telle densité dans un tube et ce, avec un refrain pourtant si simple à aligner. Cette french touch opérée par Blondstone, ces mélodies entêtantes et ces envolées dantesques créant de ce fait, un des plus beaux hits grunge à la française. Mais le trio n'est pas à court d'arguments puisqu'il nous dévoile de nouvelles influences Queenstonegiennes sur des riffs contenus dans la très répétitive "On Your Own" ou bien sur "Lazy" et sa basse accompagnant le tempo lent, ses gros riffs arrivant peu après et son air parfois bluesy (avec tout un ensemble de soupirs et de soufflements lancés à l'improviste). Le titre se finissant cependant sur une montée en puissance plus heavy. De même, l'enchaînement des morceaux se fait de manière quasi parfaite avec une distorsion qui clôt le bal sur "Lazy" et qui l'ouvre légèrement sur "All My Flaws".

Car Blonstone, ce n'est pas qu'une vulgaire succession d'influences mais bel et bien une réelle identité qui se cache derrière nos Lorrains. S'ils s'inspirent en effet des tubes qui ont marqué les années de gloire du grunge comme "Love, Hate, Love" sur la très engagée "All My Flaws" et ses breaks remarqués (hormis pour ce qui est des choeurs qui rendent le morceau plus accessible et lui donnent un côté pop) ou de la success-story de Nirvana développée sur "Oulala" par ses relents punk et sa rage dominante, ils n'en oublient pas pour autant d'y ajouter une touche un peu plus moderne, voire originale. Il est donc tout à fait possible d'imaginer le décor planté lors de l'introduction de "Shoulder to Cry On". Soit, un vieil homme, posé sur sa chaise à bascule, poussant la chansonnette derrière le son de sa radio des 90's avec un petit écho en fond pour rendre la scène encore plus vivante. De toute manière, ces quelques secondes décrites donneront lieu à un stoner rock tout aussi délicieux et mélancolique à souhait.

Aucun label n'a pour le moment remarqué les talents de ce petit combo et c'est bien dommage. Une liste de ses points forts serait bien trop longue à établir mais Blondstone sait même orienter des passages plus sombres sur par exemple "Hard to Remove" - transporter son auditeur sur "Rare & Strong" ou bien planter une guitare grinçante et bien grungie sur "Daze Me". Au final, le trio est annonciateur d'espoir pour la scène underground française et ce "Mass Solace" n'est que le fruit d'un travail de très grande qualité.