Nouvelle figure du metal symphonique à chant féminin, Terminal
Dusk est un quintet étasunien né en 2020 à Portland sous l'impulsion du compositeur et pluri-instrumentiste Matt Bellmore, projet auquel collabora prestement la mezzo-soprano et arrangeuse vocale
Charlotte Bichler. Avec le concours du guitariste Kevin
Lake, de la bassiste Roya Hellbender et du batteur Shawn Bayer, le groupe ainsi constitué, en plus de quelques apparitions scéniques, réalisera en 2022 la bagatelle de quatre singles : «
The Heart Remains », «
Orphaned Moon », «
Drag You Down » et «
Can't Get Away ». Souhaitant dès lors essaimer plus largement ses riffs, mais consciente des risques courus à brûler les étapes, c'est non sans une certaine prudence que la troupe reviendra dans l'arène, prête à en découdre...
Aux fins d'un travail en studio des plus minutieux, et sous le regard avisé du guitariste du groupe de metal symphonique étasunien
Anaria, Sergio Salvucci, le combo sortira son premier EP, «
Marionette », un an plus tard. Aussi, effeuille-t-on une auto-production, certes, modeste de ses 12 minutes mais jouissant dores et déjà d'une production d'ensemble et d'arrangements de bonne facture. Ce faisant, nos acolytes nous plongent au sein d'un rock'n'metal mélodico-symphonique classique, dans le sillage de
Nightwish,
Xandria,
Katra et
Anaria, la touche personnelle, en prime. Cela étant, les trois pistes de ce premier essai permettront-elles au collectif nord-américain de se démarquer de ses si nombreux alter egos ?
C'est sur une cadence mesurée que s'effectue le plus clair de la traversée, le quintet étasunien trouvant alors, et sans mal, les clés pour nous rallier à sa cause. Ce qu'atteste, en premier lieu, «
Marionette », mid tempo à mi-chemin entre
Xandria et
Anaria ; voguant sur d'ondoyantes nappes synthétiques, l'élégant méfait se pare de couplets finement ciselés, relayés chacun d'un refrain immersif à souhait qu'encensent les cristallines inflexions de la sirène. Et ce n'est pas le bref mais fringant solo de guitare décoché à mi-morceau qui nous déboutera de la ''tubesque'' offrande, loin s'en faut. On pourra également se voir happé par les grisants arpèges d'accords jaillissant des entrailles du ''nighwishien'' mid tempo « Everdark » ; non sans nous octroyer l'une ou l'autre montée en régime de son corps orchestral, et mis à nouveau en habits de lumière par les pénétrantes impulsions de la déesse, l'altier et organique effort n'aura pas tari d'armes efficaces pour asseoir sa défense.
Le combo s'est par ailleurs attaqué au délicat exercice des reprises, portant ici son regard sur l'un des titres emblématiques de John Lennon. Ce faisant, au regard de ses arrangements finement sculptés « Imagine » se voit ainsi métamorphosé en un somptueux « Re:Imagine » ; tout en préservant ses structures instrumentale, mélodique et parolière originelles, cette relecture pour le moins inattendue parsème son atmosphère ouatée de clapotis synthétiques et de petites variations harmoniques, soit quelques touches de leur cru lui conférant dès lors toute son originalité. A la maîtresse de cérémonie, au regard de ses magnétiques médiums de rendre ce moment lévitant inoubliable. Chapeau bas.
Pour son premier vol, en dépit de la fugacité de notre voyage, l'escadron nord-américain n'aura nullement démérité. Non sans nous faire oublier les schèmes d'accords de ses maîtres inspirateurs, le combo nous livre néanmoins une œuvre témoignant d'une ingénierie du son plutôt soignée et des plus émouvantes. Renvoyant à la féconde inspiration mélodique de ses auteurs, cet introductif manifeste affiche parallèlement un potentiel technique judicieusement exploité. Toutefois, pour caresser l'espoir de voir son projet pérennisé, le collectif se fera fort de varier davantage le propos sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal, de diversifier plus encore les exercices de style dispensés, mais aussi d'y insuffler l'une ou l'autre prise de risque. Des carences pour l'heure compensées par un souriant paysage de notes au sein duquel évoluent les hypnotiques modulations d'une interprète bien habitée. Bref, une laconique mais frissonnante offrande, susceptible de placer la formation étasunienne parmi les outsiders avec lesquels la concurrence devra composer...
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