Tout le monde connaît l'histoire de
Demonaz. Diable originel avec
Abbath d'
Immortal,
Demonaz fut contraint de quitter le grouper pour raisons médicales (impossibilité de jouer de la guitare). Mais sa fougue et son envie de raconter des histoires au souffle épique et froid ne s'étaient point taries, si bien qu'il continua à écrire les paroles d'
Immortal, et de I. Les années passant, j'imagine bien sa frustration et l'envie de s'exprimer à nouveau d'une autre manière.
Demonaz forma donc il y a peu un nouveau groupe accompagné des excellents Ice Dale et
Armagedda, ainsi que l'immortel
Abbath.
Mais que pouvait-il bien ressortir de l'énième formation de ces bonshommes? Quelque chose ma foi de propre à
Demonaz. Toujours assoiffé de batailles enneigées, le leader emprunte évidemment les gammes glaciales d'
Immortal, agrémentées de leads mélodieux purement vikings et de riffs puissant à la
Bathory époque "
Blood,
Fire, Death". Oui
Demonaz revendique pleinement l'héritage de
Quorthon à travers cette oeuvre. Il nous livre un heavy black racé et puissant, tout en mid-tempos excités diablement efficaces et entraînants. Ici pas de blasts rageurs et de dissonances calculées. L'on retrouve le souffle incroyablement épique et rêveur de notre cher suédois, en une version épurée et survitaminée, sur fond de batailles et de dieux.
La batterie donc ne montrera aucune folie, au mieux des double pédales timides et des toms tribaux. Mais en tenant un tempo soutenu elle assure une certaine force. Le chant de
Demonaz est pour moi plus agréable, rauque, tiraillé, entre deux-eaux. Relativement lointain, il pose une certaine aura, comme un poète narrant éloigné la furie du fracas de la bataille. Il déchaîne quelque fois toute sa puissance en d'éraillés hurlement blacks, ou accompagne son ami
Abbath dans des chants clairs vikings du plus bel effet. Ice Dale prouve une fois de plus son talent à travers ses rythmiques hachées efficaces, des arpèges mélancoliques, ses leads mélodieux à la Valfar et ses solos Heavy de toute beauté et d'une technicité servant cette première("Under The Great Fires", "A son of the
Sword"). La basse, black oblige, ne fait preuve d'aucune folie et ne sert qu'à arrondir l'ensemble. Deux courtes pièces acoustiques participent à instaurer l'atmosphère magique, tout comme le break de "Where Gods once Rode". La production épurée et puissante sans être aseptisée donne sa force à l'ensemble. Le seul véritable défaut est les paroles, écrites vraisemblablement dans un anglais bourré de fautes, ce que je trouve étonnant pour un gars qui écrit des paroles depuis 15 ans. Enfin bref.
Évidemment la comparaison se fera sans doute facilement avec un "All Shall
Fall" produit par un
Immortal assagi, même thèmes et ambiances certes, mais il n'en est rien, cet album traite tout cela d'une autre manière. Libéré du carcan des attentes des fans (même si attention, je n'estime pas que notre
Abbath fut bridé pour son ASF),
Demonaz peut donner toute la forme qu'il souhaite à son œuvre, et nous pouvons l'apprécier objectivement. Et ça marche. Le côté mélodique affirmé sied beaucoup mieux au heavy black. Les riffs lancinants et simples servent un but précis, créer des mélodies entêtantes, créer des hymnes tel l'invincible "Under the Great
Fire" qui séduit dès la première seconde et marquera au fer rouge son refrain dans nos crânes. Le tout est épique, aérien, mystique, mais les fréquentes envolées de rapidité hachée provoqueront un headbang irréfrénable à même la plus récalcitrante des brutes. Rares sont les albums aussi "sages" à provoquer une telle envie de bouger et une emprise envoûtante sur notre attention. La magie du heavy exécuté avec brio! Même moi qui ne suit pas le plus grand fan de ce genre ne peut que courber l'échine face à la puissance dégagée et les mélodies inspirées. À noter le titre bonus qui diffère un peu du lot guerrier en livrant une instrumentale triste mêlée à des ponts heavy qu'on pourrait croire issus de
Black Sabbath (!) accompagnée d'un lointain orgue. Le seul défaut (ou pas) sera la brièveté de la galette, 35 min c'est quand même court à mon goût, mais au moins rien n'est à jeter, pas de chanson bouche-trou.
Ainsi
Demonaz lie avec brio les meilleurs aspects d'un heavy entraînant et mélodieux à l'immortelle aura froide, mélancolique et puissante de son groupe originel. Nul doute que cette œuvre saura combler les fans du bonhomme d'
Immortal (du moins ceux qui ont apprécié "All Shall
Fall"!)et de
Bathory.
Assurément une des sorties de l'année.
Il est excellent du début à la fin. Un peu court mais ce n'est pas grave, c'est l'occasion d'appuyer à nouveau sur " play " !
Depuis 2007, j'attendais cette galette ! Deathpair, bravo et merci pour cette critique bien écrite. Bonne écoute à tous.
Je vais peut être me pencher sur le pionnier du coup...
Tres bel album de Demonaz, qui passe le cap des 10 ans sans probleme. Epique et affichant ses racines, Demonaz delivre 1 album de heavy black particulierement inspiré.
Belle chronique
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