Formé à Leicester durant la seconde partie des eighties, Snyper est un vieux groupe thrashmetal anglais défunt, ayant connu de nombreux changement de line-up au fil de ses démos, notamment au poste délicat de chanteur. Après une énième demo-tape en 1990 (Something Illusionary), la formation trouve enfin le bon vocaliste en la personne de Daryl Turner, possédant un timbre plus altéré, qui tranche avec le chant thrash de ses prédécesseurs et participe ainsi au changement de cap vers un style davantage ancré dans le deathmetal.
Daryl fût également le dirigeant du défunt label CMFT Productions, qui regroupait quelques groupes de thrashmetal britanniques comme
Xyster, Pendemia et
Moral Crusade, les cross/thrashers néerlandais de
Brutal Obscenity, ainsi que la fameuse formation suédoise
Tiamat. Intégrant naturellement le label à l'époque, Snyper enregistre son premier album For What It's
Worth courant 1990, financé par les parents de Daryl. Ces derniers disparaissent hélas peu de temps après, tandis que CMFT est en banqueroute (au grand dam d’
Asphyx planté en studio avant la finalisation d’Embrace the
Death). Notre homme envoie ainsi tout plaquer et Snyper se sépare dans la foulée.
C’est lorsque Aston du label Moshtuneage, ayant fraichement repris une partie du vieux catalogue RKT Records (
Desecrator,
Metal Messiah,
Metal Duck,
Lawnmower Deth), récupère les droits du défunt label CMFT Productions, que Daryl lui évoque aussi l’enregistrement de Snyper, ne manquant plus que d’une pochette, d’un pressage et d’une distribution pour sortir enfin au grand jour, chose faite après 23 ans de léthargie, l’album étant finalement baptisé
Manifestations.
Contrairement aux demo-tapes précédentes, malgré une assise encore relativement thrash,
Manifestations tend plus distinctement vers le deathmetal, chant altéré, style lourd et ambiance de mort désormais à l’appui, sans occulter quelques claviers en intro ou au coeur des morceaux qui épaississent l’atmosphère.
Death Rite at Sunset et
Perpetual Insanity, aux riffs accrocheurs et au climat dense, sont ainsi des titres remarquables, malgré la faible puissance accordée aux guitares. A partir du long instrumental Coprophilia, les compositions prennent alors une tournure plus mélancolique, les claviers un peu plus présents, couplés à quelques passages acoustiques, donnent dans un spleen plus proche du doom que du pur deathmetal. L’album reprend toutefois une forme deathrash plus traditionnelle en se dirigeant sur la fin, non sans petites quelques longueurs.
Noyau deathmetal, coloration doom sur certains morceaux, réminiscence thrashmetal,
Manifestations est un album varié, nous replongeant en 1990/91, tantôt vers des formations anglaises comme
Cancer,
Benediction,
Desecrator,
Seventh Angel, ou du vieux
Paradise Lost. Si la pochette créée à l’occasion de l’édition 2013 peut donner l’impression d’un album assez moderne et impersonnel, la modestie de l’enregistrement et l’authenticité de l’interprétation (sans retouche) nous rappellent combien le disque est bel et bien de 1990. A défaut d’une excellence certaine, l’exhumation de Snyper constitue une bonne surprise pour les deathsters ayant conservé une fibre de nostalgie.
Fabien.
Tu m'as donné envie de découvrir ce groupe, replonger dans les entrailles du Death Metal ne m’effraye pas et je suis relativement clément par rapport aux moyens d'enregistrement de l'époque.
Du moment que les ambiances sont présentes, c'est le principal!
Encore bravo pour la rédaction, qui est instructive et élaborée.
Dom
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