Nouvel entrant dans le si couru espace metal symphonique à chant féminin, ce trio hellénico-suédois créé il y a déjà 4 ans entend légitimement essaimer ses riffs et faire plus largement entendre sa voix. Déjà à la tête de quatre singles («
Angel's Battle Cry », «
The Unreal » et «
Curse of the Sands », sortis en 2021, auxquels succédera «
Avalanche of Fire », en 2022) – un premier matériau à la production d'ensemble de fort bonne facture – le combo souhaite dorénavant marquer plus fort les esprits de son empreinte. Aussi, reviendra-t-il quelques mois plus tard, muni d'un EP 5 titres (incluant les quatre singles sus-cités), répondant au nom de «
Mana ». En quoi les 24 minutes de cette auto-production seraient-elles à même de faire de cette verte formation un sérieux espoir d'un registre qui ne l'attendait pas nécessairement ?
Après un remaniement de fond du line-up, nous accueillent désormais à bord de la goélette : la mezzo-soprano Danae Komodromou (Scarlet
Desire), en remplacement de Linda Toni Grahn (
Anima Veil, ex-Follow The
Cipher), Alfred Fridhagen (Mad Hatter,
Morning Dwell, Saint
Daemon...) à la batterie, sans oublier le guitariste/bassiste, compositeur et initiateur du projet, Christoffer Holm ; le guitariste Dennis Eriksson (Mad Hatter,
Anima Veil, ex-Strykjärn) et le bassiste Emil Gustavsson (With Heavy Hearts, ex-
Nekrokraft) ayant, quant à eux, quitté le navire. De cette fraîche mais étroite collaboration émane un propos metal symphonique aux relents power progressif, dont les influences de
Nightwish,
After Forever,
Epica,
Imperia,
Ancient Bards,
Amberian Dawn (première période) se font tour à tour sentir ; éminemment pulsionnel, l'opus laisse également entrevoir un potentiel technique réel et judicieusement exploité, ainsi que des lignes mélodiques des plus engageantes. Produit, finement mixé et mastérisé aux
Panic Room Studios, en Suède, le méfait ne concède pas l'once d'une sonorité résiduelle. Il ne nous reste plus qu'à larguer les amarres pour une brève mais tumultueuse traversée...
Les éléments ne sauraient tarder à se déchaîner, nos flibustiers disséminant par là même de seyantes séries de notes dans leur sillage. Ce qu'atteste, en premier lieu, «
Angel's Battle Cry », un tempétueux mid/up tempo aux riffs acérés, dans la lignée d'
After Forever. Livrant un refrain immersif à souhait, mis en exergue par les puissantes inflexions de la sirène, qui ne sont pas sans renvoyer à
Floor Jansen (
Nightwish, ex-
After Forever), et un fuligineux solo de guitare, le chevaleresque manifeste ne se quittera qu'à regret. Dans cette veine s'inscrit également «
Gaia's Throne », palpitant et ''nightwishien'' effort aux riffs crochetés ; jouissant à son tour d'un refrain catchy magnifié par les chatoyantes patines de la belle, cette fois apparentées à celles d'une certaine
Tarja à ses débuts, et d'un fin legato à la lead guitare, l'invitant propos ne ratera pas davantage sa cible. Tout aussi rageur, le théâtralisant up tempo «
The Unreal », quant à lui, ne relâchera pas sa proie d'un iota ; jouissant d'enchaînements intra piste des plus sécurisants, multipliant à l'envi ses phases rythmiques, et portée par les poignantes envolées lyriques de la belle, qui ici, rappelleraient celles d' Helena Iren Michaelsen (
Imperia), l'impulsive offrande n'aura pas tari d'armes efficaces pour asseoir sa défense.
Répondant à un souci de diversification atmosphérique, d'orientalisantes séries de notes nous sont également adressées. Ce qu'illustre, d'une part, «
Curse of the Sands », up tempo metal symphonico-cinématique à mi-chemin entre
Epica et
After Forever. Eu égard aux troublantes oscillations mélodiques essaimées, l'impression de se trouvé alors plonger au cœur d'un conte des Mille et Une Nuits est totale. N'ayant de cesse de nous asséner ses virulents coups de boutoir, encensant parallèlement le tympan par les ensorcelantes modulations de la déesse et décochant, en prime, un solo de guitare que n'aurait nullement renié
Lanvall (
Edenbridge), l'énigmatique effort fera plier l'échine à plus d'une âme rétive. Dans cette mouvance, on ne pourra davantage esquiver le "tornadeux" «
Avalanche of Fire » sans éprouver de tenaces regrets. Et ce, au regard du sinueux et envoûtant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre et de la soudaineté de ses montées en régime ; un étourdissant up tempo aux riffs corrosifs, là encore mis en habits de lumière par la tonique et enveloppante empreinte vocale de la diva.
Résultat des courses : l'inspiré trio nous immerge au cœur d'une œuvre certes dans un mouchoir de poche mais des plus frissonnantes, apte à retenir un tympan déjà familiarisé avec les travaux de ses maîtres inspirateurs. Eminemment impulsive, efficace et jouissant d'une ingénierie du son plutôt soignée, la menue rondelle se suit de bout en bout sans encombre. Varié sur le plan atmosphérique, le message musical l'est en revanche bien moins quant à ses phases rythmiques et à ses lignes de chant. Pour se sustenter, d'aucuns auraient sans doute souhaité des exercices de style moins stéréotypés qu'ils n'apparaissent, instrumentaux, fresques, ballades et autres duos manquant ici à l'appel. Compensant partiellement ces carences par une technicité instrumentale et vocale difficile à prendre en défaut et des sentes mélodiques savamment échafaudées et des plus magnétiques, le combo peut dores et déjà se muer en un sérieux espoir de ce registre metal. Bref, une première et poignante traversée en eaux tumultueuses, que l'on souhaiterait voir se prolonger à l'aune d'un album full length. Wait and see...
Encore une belle découverte!
merci
Merci à toi! Une bonne pioche de ce début d'année, en effet, que ce groupe au fort potentiel, qui ne demande qu'à être davantage exploité. A suivre de près, donc...
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