Le Black
Metal underground français regorge de groupes qui mériteraient un peu plus de succès,
Imperial est, à mon avis, de ceux-ci. D'accord, musicalement ce n'est pas le meilleur de tous, loin de là, mais on ne peut pas leur reprocher d'être tombés dans le piège des productions stéréotypées et aseptisées, comme en témoigne ce
Malmort.
Cet album, sonnant comme une production Black Thrash violente voulant tout raser sur son passage, est de bonne créativité musicalement parlant. Dès l'intro "
Malmort", on ne sait pas trop où on est...Le son est "Raw", ultra saturé et teinté d'impuretés provenant des riffs de guitares acérés. Pourtant celles-ci ne sont pas là à cause d'un mauvais mixage ou d'une mauvaise production, mais belle et bien parce que ces impuretés font parties intégrantes du son "
Imperial". Les lignes Thrash bourrines de la guitare en sonnent encore plus violentes, il apparaît alors une fougue qui rappelle les premiers Voïvod ou les premiers Sodom.
"Gouverner" avec son solo magnifique, laisse enfin apparaître le côté Black
Metal du groupe et se mélange parfaitement avec le Thrash toujours présent. Une grande technicité musicale est utilisée pour obtenir un tel résultat ! La batterie passe aisément d'un jeu à la
Kreator à celui d'un
Dimmu Borgir. La guitare est impressionnante, les riffs sont typiquement Thrash mais tous se finissent sur des mélodies Black et malsaines. Les instruments ne sont pas les seuls à suivre ce schéma, la voix fait de même, et c'est comme-ci le chanteur du groupe
Anonymus (groupe de Thrash
Metal québécois) gardait sa façon de débiter les mots tout en faisant du death scream.
La tracklist défile, les titres sont de durée normale pour un album, mais pourtant, au bout d'un moment, ils commencent à paraître longs. Même si le style est intéressant et travaillé, on peut lui reprocher de ne pas évoluer et de tourner un peu en rond, surtout en milieu d'album avec les titres "Le Métal" et "Carnaval" qui se fondent dans la continuité des précédents morceaux et nous empêchent de distinguer la séparation des pistes à l'oreille. Le niveau se relève quand même sur des morceaux comme "
Domination" et le très sympa "L'Histoire de Bobby qui s'est noyé, qui revient, et que sa copine trouve qu'il pue l'égout"...
L'album est loin d'être équilibré, beaucoup de titres ne sont là que pour compléter , mais pourtant il se dégage quand même une passion dans la musique d'
Imperial qui vient peut être de ses intros accrocheuses ("
Malmort", "
Domination", "La Chiennasse", "Paraboles"), ou tout simplement de ce mélange métallique bien ficelé aboutissant à une musique rapide, brutale et haineuse qui se définirait tantôt par Black Thrash, tantôt par Thrash Black, le tout recouvert par une saturation bien criarde donnant une dimension "
True" à ce disque. Cet album aurait pu être enregistré dans une cave délabrée et oubliée sous un HLM de banlieue, le rendu sonore aurait été le même, et c'est même l'une des choses les plus appréciables dans le son du groupe.
En résumé,
Imperial nous propose avec son
Malmort une musique un peu rébarbative, pas des plus distrayantes, mais qui mine de rien est originale, technique et travaillée sur le plan instrumental. Cet opus est un parfait mélange de Black et de Thrash classique, ce qui lui donne toute sa saveur. Le groupe, avec sa musique détonante aurait mérité de gagner un plus large public.
12/20
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire