Quand on aime le metal et que l’on parle du Brésil, on pense tout de suite à la scène extrême des 80’s avec les premiers
Sepultura, Sarcofago,
Holocausto et autres
Sextrash ou au brutal death des excellents
Krisiun,
Rebaelliun ou
Nephasth. Ceci dit, force est de constater que le black metal n’est pas le genre le plus représenté au pays du football, et rares sont les groupes de metal noir brésilien qui sont parvenus à se faire un nom en dehors de leurs frontières.
Patria fait partie de cette nouvelle scène qui compte bien exporter son art musical et s’imposer à l’international. Fondé en 2008, le quatuor a déjà six full lengths à son actif et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Fort d’un deal avec Soulseller Records, c’est avec
Magna Adversia que la horde brésilienne fait son retour, dans la continuité d’
Adversary, toujours aussi puissant, accrocheur et séduisant.
Magna Adversia propose un black honnête, rapide et intense qui parvient à mélanger avec réussite agressivité et mélodie. Toujours assez faciles d’accès, les dix titres de ce nouvel album adoptent une approche résolument moderne de l’art noir, aidés par un son très limpide et puissant, et diverses touches death, symphoniques et atmosphériques que les Sud-Américains distillent avec parcimonie pour donner plus de profondeur et de relief à leur musique. Le résultat est plus que convaincant et fait de
Magna Adversia un album assez aéré qui reste agréable à écouter du début à la fin, avec des compos qui ne se ressemblent pas et qui se bonifient au fil des écoutes.
Infidels ouvre les hostilités sans crier gare, avec un riff lourd et saccadé qui sonnerait presque hardcore, titre principalement mid tempo à la rythmique lourde, tandis qu’
Axis nous envoûte avec cet excellent riff glacial et hypnotique à la
Dark Funeral renforcé par un blast efficace pour l’un des titres les plus intenses de l’album, mais qui n’oublie pas pour autant les mélodies, parfaitement chiadées. C’est d’ailleurs là que réside la principale force du combo brésilien, sachant trouver une balance idéale entre brutalité et mélodies, et alternant les ambiances, les rythmes et les genres : le long de ces 50 minutes, l’école suédoise, avec ce sens du riffing froid et tranchant et des mélodies ciselées (
Axis, Porcelain
Idols, au riff central entêtant) ainsi que la rapidité et la maîtrise de l’ensemble, copule allègrement avec des influences norvégiennes (A
Two-Way
Path avec ses riffs charbonneux, son mid tempo malsain à couper au couteau et ses petites dissonances de guitare qui confèrent une aura occulte au titre, Arsonist, petite bombe de black n’ roll imparable qui appelle irrésistiblement au headbang, rappelant un
Darkthrone sous amphets).
Le tout ne transpire pas l’originalité et certains passages sonnent déjà entendu, ceci dit, comme sur ses albums précédents,
Patria montre qu’il ne se contente pas du minimum syndical et qu’il prend plaisir à composer des morceaux variés aux influences diverses : il n’y a qu’à écouter Now I
Bleed à l’excellente intro orchestrale et très cinématographique qui fleure bon le death sympho, ce bref passage prog’ à la fin de The Arsonist, le début de
The Oath, avec ces choeurs graves et ces arpèges tordus et lancinants qui conduisent une lente montée en puissance, ou encore le titre éponyme qui clôt l’album sur une note bien plus atmosphérique aux relents gothiques, tout en douceur et en ambiance. Si
Magnus Adversia est plutôt facile d’accès, il n’en est pas moins riche pour autant, et sur cet album, on sent la volonté du trio de proposer un art black à la base certes conventionnelle mais ouvert aux expérimentations, offrant ainsi un côté hybride plutôt rafraichissant.
En définitive,
Patria ne révolutionne certes pas le black metal, restant assez classique malgré de timides incursions en des terres moins académiques. Ceci dit,
Magna Adversia a le mérite de présenter dix titres variés, bien foutus, et joués par des musiciens qui maîtrisent leur sujet et qui semblent vouloir aller de l’avant en faisant le lien musical entre tradition et modernité. Le combo aura peut-être du mal à trouver son public, et il n’est pas sûr que cet album parvienne à combler les ambitions internationales de
Patria et à sortir un peu de l’ombre l’art noir brésilien, en tous cas, cela suffira largement à nous faire passer 50 minutes agréables avec de la très bonne musique, et après tout, c’est bien là l’essentiel.
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