L'Israël est réputé pour ses groupes mélangeant metal et éléments ethniques comme
Orphaned Land,
Melechesh ou
Salem pour ne citer qu'eux, mais beaucoup moins pour son metal symphonique, extrême qui plus est.
Winterhorde ne sont pas des petits nouveaux mais ont eu le malheur d'être sous-estimés alors qu'ils livrent, depuis leur formation en 1999 et, surtout, depuis la sortie de leur premier opus "
Nebula" en 2006, un savant mélange de black, de prog et de sympho. Ce n'est pas tant le manque de distribution qui aura eu raison d'eux, mais surtout la complexité de leurs compos, avec cette esthétique particulière et une recherche d'harmonies hors du commun qui ont tendance à en rebuter plus d'un. Pourtant, il serait dommage de passer à côté de leur musique, tant elle est à la fois belle et théâtrale. Les sept membres sortent donc de leur léthargie pour nous le prouver, avec l'arrivée du troisième opus "
Maestro".
Les crédits de l'album sont alléchants, très alléchants : un mixage de V. Santura (
Secrets Of The Moon,
Triptykon,
Dark Fortress...), un mastering de Jens Bogren (
Moonspell,
Fleshgod Apocalypse, Armophis...) et une pochette de Eliran Kantor (
Kataklysm,
Testament,
Iced Earth...). Au moins, on ne nous trompe pas sur la marchandise : l'identité visuelle du groupe détonne, et le son est puissant, aéré, et très clean, un côté aseptisé qui colle bien au metal de
Winterhorde, à la fois cinématique, théâtral et dark. De nombreux styles se mélangent, que ce soit le black, le death, le prog ou le power, mais la fusion est parfaite, créant un metal extrême inqualifiable qui lorgne parfois vers le rock anglais des années 70.
Winterhode alterne passages bourrins, mid tempos atmosphériques, expérimentations psychédéliques, lignes jazzy, avalanches de riffs et rouleaux de blasts, et se moquent complètement des limites. Les chants clairs, principalement masculins et parfois féminins, déboulent sans problèmes au sein de déflagrations black/death ("Chronic Death") et se font la conversation tel un opéra ("They Came with
Eyes of
Fire"). Les guitares sont offensives mais savent aussi jouer la carte de l'acoustique ou du groove, sans oublier les mélodies plaintives ou les ballades mélancoliques ("The
Heart of Coryphee"). Les parties symphoniques se présentent en un mélange de claviers et de vrais instruments (violons, saxo...), ce qui permet de varier les atmosphères et, surtout, d'apporter des influences venues tout droit de la musique classique.
Les Israéliens enchaînent les morceaux avec grâce et avec une tension dramatique qui nous prend souvent aux tripes. Que ce soit la mélodie au violon d'"
Antipath", les trémolos à la guitare de "Worms of Souls", les choeurs associés à la guitare arabisante de "
Maestro", sans oublier l'énorme instrumental symphonico-ambiant "A
Dying Swan". Tout fonctionne très bien, et ce, même quand la tension baisse et que les éléments lourds et dark reviennent ("
Through the Broken Mirror").
Ce "
Maestro" est épique, avant-gardiste, sensible et terriblement varié. Les mélodies sont sophistiquées, les parties orchestrales très recherchées et les plans metal bien travaillés. Tous s'unissent à merveille, dévoilant une ambiance à la fois noire et lumineuse à la manière d'un
Fleshgod Apocalypse, en moins brutal et en plus black cependant. Les amateurs du genre ne doivent absolument pas passer à côté de cette perle.
Encore merci Matai, pour la découverte et la chronique!
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire