Le nom de
Moonlight Circus ne dira probablement pas grand chose à grand monde, à part peut-être aux accros purs et durs du
Power Metal européen le plus underground (parce que oui, il existe un underground
Power Metal... Aussi surprenant que cela puisse paraitre). Ce groupe italien s'était (vaguement) fait connaître avec un premier album en 2000 chez Elevate Music : plutôt pas mal dans le genre, malgré une tendance à s'inspirer un peu trop des gros noms du
Power/Prog' de leur pays d'origine (
Black Jester et Labÿrinth en particulier, pour ne pas les nommer). Si leur "Outskirts of Reality" tenait la route musicalement parlant, il était tiré vers le bas par le chant à l'accent particulièrement chantant d'Alessandro Secchi (que les amateurs connaissent pour sa participation au
Epica italien il y a de cela une vingtaine d'années).
Moonlight Circus ne perça pas (faut dire qu'être sur un label minuscule n'aidait pas) et disparu dans l'indifférence générale, avant de refaire surface l'an dernier chez les allemands de Ice
Warrior Records. IWR fait partie de ces petits labels qui annoncent direct la couleur : eux, leur fond de commerce, c'est le
Power Metal mélodique (ou à l'européenne, comme disent les américains). On leur doit notamment d'avoir sorti de la naphtaline les suédois de
Morifade et d'avoir lancé la carrière solo du 'turbo shredder' Tommy Vitali. La reformation de
Moonlight Circus est passée par le recrutement d'un nouveau chanteur (l'ex-Tragoedia Emanuele Cendron) et d'un nouveau batteur (Salvatore Bonnaccorso, qu'on a entendu marteler des fûts chez les Aphelion ritals).
Mais est-ce quid de l'album en lui-même? Avoir passé 13 ans dans la glace n'a pas foncièrement changé le style des italiens. Passée la jolie petite intro "Follia" (variation sur une sonate du XVème siècle), le groupe démarre pied au plancher avec
Power Metal bien épique et riche en claviers vintage. Techniquement impeccable, mais malheureusement sans grande originalité. Si les morceaux les plus classiquement Heavy lorgnent sans problèmes vers le Labÿrinth période "
Piece Of Time", les morceaux les plus Prog' (notamment le très long et très travaillé "Gabriel") sont complètement sous influence
Black Jester (ce qui est normal, quand on considère que le
Moonlight Circus tire son patronyme du deuxième album de
Black Jester).
Le manque d'originalité, c'est un peu le problème majeur de ce "Madness in
Mask". On apprécie l'album sur le moment, mais il est difficile de se dire s'il en sera de même dans quelques mois, voire années. Typiquement le type d'album de
Power de seconde zone comme il en sort chaque année. le disque n'est pas aidé par une production assez moyenne, qui ne met pas assez en avant les guitares (ça manque cruellement de puissance par moment) et donne un drôle de son à la batterie (une sorte de tac-tac-tac triggé). Et c'est dommage, parce que les solos sont magnifiques (on pense parfois à du vieux
Fates Warning croisé avec du Malmsteen) et que certaines chansons sortent du lot ("
Winter Masquerade" ou la jolie "
Wind Of
Solitude". Le chant de Cendron pèche aussi un peu du côté de l'anglais (ah c'est clair qu'on entend parfaitement qu'il est italien), mais avec le nombre de chanteurs français dans le style qui n'arrivent pas à se défaire de leur accent, peut-on vraiment lui jeter la première pierre?
Ce retour aux affaires de
Moonlight Circus est donc à demi-convaincant. Ni pire ni meilleur que pas mal d'autres galettes du genre, il satisfera en priorité les types dans mon genre : ceux qui préfèrent les petits groupes sympas du genre aux grosses cylindrées passant des mois en studio avec un orchestre. Souvent, le petit truc moyennement bien fait dans son coin a plus de charme que la grosse machine à tubes. Mais si
Moonlight Circus veut réellement percer sur la scène
Power européenne (ne parlons même pas de la mondiale), il faudra mettre beaucoup plus d'effort dans les compos pour développer une personnalité propre. Et surtout, la prochaine fois, investir dans un studio qui leur donne un vrai bon gros son à en défoncer mes enceintes hi-fi.
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