L'interprétation d'un certain nombre de musiques est franchement dépendante du contexte d'écriture.
Prenez
Orchid par exemple, dont la musique qualifié de doom, aurait sans nul doute été qualifié de heavy metal si elle avait vu le jour à l'époque de son influence principale, en l'occurence
Black Sabbath... De même si
The Dillinger Escape Plan ou
Meshuggah voyaient le jour en 2015, d'une part il est certain qu'il n'aurait pas la même influence, d'autre part on les verrait sans doute catalogué par quelques théoriciens geekesques dans le djent ou le mathcore... et en tout cas pas dans la catégorie expérimental comme TDEP, qui ont vu tellement de groupes s'inspirer d'eux qu'il est compliqué de voir comme expérimental un groupe qui développe ce désormais classique esprit évoluant entre le hardcore à la
Converge, le prog et le death mélodique (celui de
The Black Dahlia Murder et Between the Buried and Me bien sùr, pas celui de
Dark Tranquility ou d'At the
Gates...)
Les petits gars de Witch of the
Waste ont pour eux d'être canadiens (de la côte ouest) et pas américains comme une kyrielle d'autres. Aprés un premier Ep pas mauvais sorti en 2013, le groupe revient avec son successeur « Made of Teeth » toujours autoproduit avec pour but de faire bouger les foules, et c'est avec un artwork assez mature (ou certains diront assez laid) qu'il ont décidé de le faire sortir...
Si certains groupes font progresser petit à petit la durée de leurs Eps pour atteindre petit à petit la taille album, ce n'est pas le cas de Witch of the
Waste qui n'ont voulu laisser aucune place aux longueurs, résultat : un petit quart d'heure de musique pour ces six titres dont une intro.
Le groupe développe des compositions assez dépravées en terme de composition avec une certaine folie dans les textures et une organisation déstructurée assez fidèle au genre. Les hurlements de décérébré du chanteur Ryan Fitzgerald rappellent Greg Pucciato et l'énergie développée laisse peu de temps pour souffler entre les morceaux, malgré quelques petits passages plus personnels tel cette basse ronflante entre « She
Burst into Snakes » et « It was always 3.00 am ».
Le second titre cité sera peut-être l'un des plus intéressants avec son coté lancinant et sa thématique qui envahie l'esprit là où les arpèges et arrangements plus complexes d'un « Let's Say You Have an
Axe » sembleront paradoxalement plus passe-partout.
Un titre plus long tel « I Bet You're Wondering What I'm Doing with This Here Gas Can » (comprendre qu'il s'agit à presque 4 minutes du plus long de l'album assez amplement) leur permet sur la longueur du morceau d'apporter un peu plus d'identité, même s'il surgit un coté lassant des psalmodies du leader.
Il n’empêche que ce gros défaut de l'album reste palpable, en l’occurrence le manque d'identité suffisamment exacerbée... parce que mine de rien, ils commencent à devenir légions les groupes qui évoluent dans ce domaine et qu'aucun des éléments ne déparera vraiment ni ne pourra faire dire que nous avons à faire à un groupe qui a autre chose que du potentiel,
Barishi pour citer un groupe un peu dans ce style nous avait d'ailleurs agréablement surpris un peu plus tôt dans l'année avec un EP bien meilleur que ce « Made of Teeth ».
Au final, on n'enterrera pas Witch of the
Waste sur ce court EP mais on ne peut que les inciter à travailler d'arrache-pied pour extraire de leur musique une identité, condition sine qua non à la progression dans cette scène, car pour le moment il s'agit d'un groupe correct mais par trop interchangeable.
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