Liste des groupes Hard Rock Broken Lingerie Lying Words

La rébellion, la violence ne sont pas les apanages des seuls hommes. Les femmes aussi revendiquent leur part du gâteau. Les anciens se souviennent certainement de la venue des « Runaways », de « Girlschool » ou encore de « Vixen », qui plus d’avoir enchanté les mecs ont semé la discorde chez leurs copines et leurs sœurs. Les filles ont ainsi connu leur propre révolution musicale. Elles qui étaient prises le plus souvent pour des cruches ou des objets de convoitise, elles renaissaient à nouveau avec des paroles faites véritablement pour elles et par elles. Les female bands de hard rock se font aujourd’hui plus discrètes. Néanmoins, l’Histoire, sans vraiment se répéter, hoquète souvent. On retrouve ainsi un florilège de groupes né du souvenir des plus fameuses formations. Nous en avons un cas, du côté de Madrid en Espagne, avec « Broken Lingerie » formé en 2012. Ce quatuor féminin, qui a beaucoup tourné autour de la Capitale, puis dans toute l’Espagne, aura, semble-t-il, pas mal appris de ses consœurs suédoises « Heavy Tiger » et « Thunder Mother » avec qui elles ont tourné. Dans la foulée, elles produisent un premier EP, intitulé « Lying Words », véritable concentré de musique virile rock n’ roll avec un –E, s’il vous plait. De quoi se rappeler quelques légendes en provenance des States.

Le style de hard rock à la limite du punk rock de « Broken Lingerie » n’est pas sans rappeler un certain « Betty Blowtorch ». L’aspect de leur musique est assez ténébreux, qui plus est. Le chant de Raquel Diaz, dans un anglo-américain particulièrement maîtrisé, se montre brulant, très incisif comme la guitare rythmique qui l’accompagne en vrombissant. Nous en avons un bon exemple avec « Crucified Decay » ou avec le morceau éponyme « Lying Words ». Le refrain de ce dernier extrait cité est d’ailleurs digne des meilleures pointures du genre. Il se montre explosif, récréatif et très inspiré, faisant brutalement sortir la tête de la pénombre dans laquelle nous a mis le couplet, au préalable. On perçoit de la subtilité et de la recherche dans les différents titres, un effort consenti afin que cela ne se révèle point linéaire, malgré une faible présence des solos de guitare. Ce qui constitue l’un des rares regrets à l’écoute.

Les dames paraissent ne pas vouloir quitter le sol américain sur l’excellent « Lose Control », mais le jeu par à-coups se veut un peu plus proche d’un style alternatif plus actuel, se dégageant ainsi des autres titres de l’opus. Pourtant, le restant ne doit pas être négligé. Si vous avez été charmé par « Lose Control », vous le serez également du tout aussi palpitant « Mile 69 », au jeu volontiers plus gras et groovy, assumant une virilité que l’on n’imagine que par des hommes. Le chant, un brin bluesy reflète une pleine assurance, un total contrôle du sujet. Un superbe extrait donc, qui permet à « Broken Lingerie » d’être comparé aux meilleures female bands du genre. Il serait assez dur de trouver une agressivité pareille à « Confessions » chez ses collègues à talons hauts. Le riffing très sec, excité, prédateur, vous saute littéralement à la gorge, produisant de fait un titre décapant, malgré un ton plus apaisé dans la voix de Raquel.

La fibre punk sauce américaine y est omniprésent sur ce cinq titres. On ne s’imagine aucunement qu’il s’agit ici d’un combo espagnol. On l’imagine plutôt californien ou texan. Elles atteignent pour leur toute première réalisation studio un niveau de professionnalisme tel, que l’on ne pourra pas faire impasse de ce groupe dès que l’on sera amené à conseiller des female bands de hard rock. Raison supplémentaire de bien dresser l’oreille et de guetter un prochaine opus, voire, pourquoi pas, d’espérer un concert de « Broken Lingerie », histoire de mieux jauger ce troublant phénomène. Avec « Broken Lingerie », il est plus question de cuir que de lingerie fine.

15/20