Iron Clad est un projet Flamand formé en 1999 sur les cendres de Demoniah, comprenant en son sein Gunther Theys, leader et vocaliste du groupe
Ancient Rites, vétéran de la scène
Metal belge et européenne.
Son premier album, «
Lost in a Dream », voit le jour en 2002 sur le label Soul
Reaper Records suivi en 2006 d’un split album (sur le label Nepherex) en collaboration avec
Lion’s Pride, autre vecteur d’expression de Gunther Theys et du batteur Rony, officiant dans un style plus Rock et dont je ne suis pas familier. Pour info ce
Lion’s Pride n’a rien à voir avec celui renseigné sur la fiche SOM du split en question...mais j’invite les curieux à trouver ces informations aisément disponibles.
Principalement mid-tempo la musique des Flamands est un subtil mélange de heavy traditionnel et de musique médiévale qui, sans échapper aux clichés du genre, ne tombe pas dans l’excès pompeux et grossier d’une surenchère propre à ce style (pas de chant féminin par exemple).
Les guitares essentiellement rythmiques respectent les codes du genre en usant par moments du triolet et s’assoient sur une solide base rythmique dans le respect du style (les fondamentales pour la basse et une impeccable coordination basse/batterie). Le clavier quant à lui délivre ses arrangements et occupe une place essentielle dans la création musicale de nos « Leeuwen* » des Flandres. En effet n’utilisant que peu d’instruments médiévaux, le combo flamand a opté pour un synthé qui, sous couvert de nappes délicates et tout en ponctuation, crée un climat à proprement parler irréel, sensible, bourré d’émotions en total rapport avec le concept médiéval. Ici il n’est point question de chevaliers musculeux brandissant une bâtarde à deux mains au milieu de la mêlée mais plutôt du retour sur ses terres après une longue absence, du sentiment de ne faire qu’un avec son domaine et de la découverte, en Conquérant, de nouveaux territoires.
Je prends pour exemple le titre « Last
Crusade » qui débute sur un riff heavy entrainant et galopant rehaussé d’un chorus guitare/clavier aisément mémorisable sur lesquels le chant de Gunther, au grain rugueux aisément identifiable, se pose et rajoute cette dimension presque narrative propre au style du vocaliste. Toutefois notre « vlaamse kameraad **» varie et fait évoluer sa voix en fonction des couplets vers un chant clair emphatique quasi déclamatoire qu’on retrouvera sur la plupart des tracks et étrangement sur « Rubicon » d’
Ancient Rites.
Notons que si la description de l’œuvre semble par mes mots plutôt retenue et délicate, elle reste avant tout une succession de brûlots Heavy-
Metal, image d’un groupe de compagnons pleins de fougue mais disciplinés, matures et sûrs de leur force.
La magie opère d’elle-même lors du morceau «
Medieval Times » qui reprend avec brio cette formule convenue certes, mais parfaitement exécutée qu’on retrouvera sur l’ensemble des 13 titres qui constituent cet album. D’ailleurs ce titre reste mon favori et à l’instar de « Travel through the
Night » montre clairement que l’alchimie fonctionne parfaitement entre les riffs typiquement Heavy, les patterns en double-pédale et les passages plus médiévaux véritablement immersifs.
Quant aux solis ils sont ultra-mélodiques, privilégiant la sobriété à la surenchère technique, et servent plus à renforcer un titre dans son ensemble plutôt qu’à faire briller le musicien. Un titre comme « Flemish
Victory » illustre ce parti-pris où le solo sert à créer le climax, point d’orgue de la structure dans son intégralité. On sent, tout au long de l’écoute, que personne ne souhaite se mettre en avant ni se démarquer en tant qu’individualité au détriment des autres.
J’aimerai revenir sur l’aspect moyenâgeux qui constitue en grande partie le concept de «
Lost in a Dream ». On le perçoit effectivement sur les pièces
Metal du disque comme la longue outro «The loss » mais cela n’empêche pas le combo belge de nous gratifier d’un joli intermède instrumental et acoustique d’1 mn 30 « Middle
Ages », renforçant ainsi la cohérence du propos sans tomber dans l’approche fantasmée, piège fatal que bien des groupes n’évitent pas. Cet interlude présente un clavecin discret, des instruments à vents qui, en harmonie avec la guitare acoustique (peut-être la mandoline mais je ne suis pas musicologue), nous transportent aisément dans la Flandre du 14ème siècle et ses seigneurs fidèles à leurs terres. Visiblement l’exercice instrumental ne semble pas effrayer nos musiciens puisqu’il se répète sur «
Melancholy », délicate partition de guitare acoustique sur laquelle Sammy semble se faire plaisir.
Cet album se veut avant tout garant et héritier d’un Heavy
Metal typé 80’s joué avec le cœur et les tripes, d’un
Metal simple mais jamais simpliste, exécuté avec application et honnêteté par des artisans de l’ombre dévoués à cette musique. Pour avoir un point de comparaison prenez les parties les moins extrêmes des dernières productions d’
Ancient Rites et ajoutez-y une touche supplémentaire de mélancolie, de nostalgie et vous pourrez vous faire une petite idée de la couleur musicale de «
Lost in a Dream ». C’est une analogie aisée mais elle me paraît la plus appropriée pour le moment. D’ailleurs il me faut signaler que nous sommes ici loin, très loin d’un Heavy/
Power germanique où de son cousin anglo-saxon tant l’identité propre au groupe est forte.
Seul le morceau « Deadly force », peut-être le plus agressif, laisserait présumer d’une lointaine parenté avec ses cousins allemands et anglais et à y regarder de plus près dénoterait du reste de l’album. Faut-il y voir l’influence du background
Metal extrême du vocaliste ?
14/20
Lexique :
*
Lions
** Camarade Flamand
A quand une chro entière ne flamand?
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