L'Italie a une longue tradition dans le power metal, que ce soit à tendance mélodique, progressive, ou les deux réunis, et ce n'est pas peu dire. On peut bien évidemment citer
Rhapsody, ainsi que tous les groupes avec lesquels ses membres ont joué. On rajoute
Secret Sphere et
Elvenking, et on a un bon aperçu du power metal transalpin. Cependant, malgré le nombre impressionnant de formations jouant le même style dans le même pays, les petits nouveaux ne sont pas découragés pour autant, et osent tenter leur chance. C'est bien sûr le cas d'
Altair, qui propose avec
Lost Eden son premier album dans un genre maintes fois revisité.
Évidemment, je pourrais céder à la tentation (très forte) d'écrire une chronique bâclée, dire une fois de plus que la scène italienne ne se renouvelle jamais, et coller un petit dix sur vingt qui ne veut rien dire. Il suffit d'évaluer le côté clichesque de la tracklist et des paroles sur une échelle de un à
Rhapsody pour voir qu'on tape dans les meilleurs scores. Mais comme j'ai tout de même apprécié l'album un minimum, je vais faire un effort pour développer un avis plus travaillé. De plus, derrière son aspect de sous-marque de
Rhapsody,
Altair tente de se démarquer et essaye de se créer sa propre personnalité ; la preuve : il n'y a pas une seule trace de dragon durant tout l'album.
Premier bon point : la pochette. Celle-ci se révèle être très belle, assez sobre, et qui donne envie de voyager et de parcourir des paysages enchanteurs et épiques. Néanmoins, la musique débute de manière très classique, sur une introduction symphonique légèrement pompeuse, nommée Intro dans un grand souci d'originalité, et qui a simplement pour but de ne pas démarrer in medias res. Les hostilités commencent ensuite avec un riff endiablé sur un tempo bien rapide.
Power of Gods dévoile de sympathiques mélodies, menées par une guitare incisive. Le tout est accompagné d'un chant typique du power metal européen, bien maitrisé, et qui fait immédiatement penser à l'hyperactif Fabio Leone lors de passages plus aiguës. Le refrain se veut catchy, comme il sied bien à ce genre de musique.
Il en sera de même pour la grande majorité des titres de l'album, avec le sempiternel schéma alternant couplets et refrains en laissant soigneusement la place au milieu pour un solo de guitare. Cette dernière impose un bon niveau technique, en lâchant de bons soli mais restant en plein milieu des sentiers battus en ce qui concerne la rythmique. Sa prestation reste très correcte néanmoins. Il s'agit un peu du même problème dans le cas de la batterie, affligeante de banalité, qui ne sort que très rarement des rythmes classiques. Heureusement que tout l'opus n'est pas en double pédale et que la frappe demeure claire et puissante. Du côté de la basse, celle-ci subit comme trop souvent un mixage qui n'est pas à son avantage, et qui lui laisse peu de place pour s'exprimer.
Si un certain nombre de morceaux n'a que très peu de choses intéressantes et originales à offrir, ce n'est pas le cas de tous. Ainsi, Fly Away, propose un refrain entraînant, percutant, et remarquablement bien chanté. Le solo de guitare est une merveille, assez recherché et bien exécuté. C'est peut-être le titre qui exploite le mieux les deux qualités principales que l'on peut entendre avec cet album, soient le chant et la guitare (pour ceux qui ne suivent pas). Le titre éponyme est lui aussi très agréable, avec une introduction symphonique bien sympathique. Ce morceau m'évoque parfois
Fairyland, peut-être pour le rythme entraînant des orchestrations. Rise to the
Moon s'inscrit comme l'une des meilleures parties de l'opus. Son introduction est excellente, de même que son passage instrumental, qui voit une magnifique alternance entre les éléments orchestraux et la guitare. Le pont qui vient ensuite calme un peu le jeu, à l'aide d'un piano (au son pas très naturel), avant que le rythme ne reparte de plus belle.
Cependant, tout est loin d'être aussi réussi. Si
Altair brille sur quelques morceaux, il s'enlise sur d'autres. Reaching the Dreams n'a que peu d'intérêt, à part une jolie introduction une fois de plus.
Freedom Is the Key, la power ballade obligatoire (comment ça c'est cliché ?) n'est guère convaincante non plus. Ce n'est pas un titre réellement mauvais, mais il met beaucoup de temps à démarrer, et ce qui vient ensuite n'a rien de très original.
Redemption clôture l'album de la même manière, c'est-à-dire rien de faiblard, mais rien de vraiment intéressant non plus, à part un bon refrain comme souvent.
Les débuts d'
Altair ressemblent aux débuts de
Labyrinth ou
Secret Sphere. C'est sympathique, plein de bonne volonté, mais ça manque cruellement d'originalité. Généralement on peut apprécier certains groupes qui ne font rien de singulier, mais qui le font bien. Ces groupes ont cependant tous une empreinte particulière, une personnalité facilement reconnaissable.
Altair doit encore se chercher (mais surtout trouver) une marque qui lui est propre, afin qu'on le différencie de ses compatriotes. Les tentatives pour le faire sont timides. On devine déjà sur leur premier opus de nombreuses qualités déjà présentes, et les compositions tiennent la route. Il va donc falloir aller de l'avant, et essayer si possible de s'éloigner un maximum des idoles et des modèles, c'est-à-dire prendre des risques, et les assumer.
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