La scène metal symphonique à chant féminin sud-américaine bouillonne depuis plus d'une décennie déjà, espace d'expression artistique où les formations de tous poils n'ont cessé de se succéder, s'illustrant un temps et disparaissant souvent dans l'indifférence la plus totale. C'est précisément ce qu'a souhaité éviter
Athemesis, groupe metal symphonique gothique colombien natif de Medellin formé en 2009, ayant misé ses espoirs, depuis ses débuts, à la fois sur la symbiose vocale entre ses deux frontwomen et sur l'habileté technique de ses musiciens.
Ayant essuyé quelques changements de line up, le septet s'est stabilisé à l'aune de «
Lorelein », troisième et brève auto-production de 5 pistes, reprenant en les ayant réarrangés, la plupart des titres de «
Dulce Agonia » (
2012), EP marchant lui-même sur les traces de « Sinfonia para la Noce » (2010), démo et initiale offrande du combo sud-américain.
Outre l'introductif et laconique instrumental « Primero de Enero » (non disponible sur la version digitale), nos 7 acolytes (Michelle Salazar et Luisa Quintana (chant) ; Bernardo Ospina (guitare et growls) ; Daniela Montoya (claviers) ; Juan Pablo (batterie); Andrea Alvarez (violoncelle) ; Jhon Tejada (basse)) ont opté pour un message musical à la fois jovial, tumultueux et saillant, voire incandescent, toutefois desservi par une production d'ensemble souffrant d'enchaînements mal assurés et de sonorités résiduelles en altérant sérieusement la portée.
Tout en laissant filtrer une chaude lumière sud-américaine, le collectif colombien a dissocié son propos en deux volets selon l'option rythmique choisie. Et ce, avec plus ou moins de réussite, quel que soit le mode d'expression requis. Cela dit, là où il s'est montré le plus à son aise, malgré quelques irrégularités, concerne les morceaux en up tempo. Ainsi, le frondeur et complexe «
Lorelein », dans le sillage d'
Abrasantia, nous imprègne de sa ferveur sud-américaine tout en esquissant d'insoupçonnées variations au fil des pérégrinations du duo féminin qui parvient à emporter l'adhésion par ses claires et harmonieuses inflexions, notamment sur un refrain catchy. De plus, une violoneuse assise contribue à magnétiser un titre aux allures d'un hit en puissance. On regrettera néanmoins une imbrication pas toujours heureuse des cordes entre elles et des répétitions d'accords loin d'être indispensables, donnant l'impression d'un corps orchestral un peu brouillon. Dans cette veine, une rythmique plombante surmontée d'un riffing graveleux introduit «
Ritual », violoneux brûlot laissant échapper sa verve éminemment communicative. Et cela, à la différence de la piste sus-citée, au détriment d'un cheminement mélodique flottant, que l'on pourrait aisément perdre de vue. Pire, un baveux et peu probant growler s'invite à la danse, n'offrant pas la plus-value attendue dans ces mornes plaines que nos deux déesses, pourtant bien inspirées, ont bien du mal à relever de leur sceau.
Dans une seconde salve, la sarabande nous octroie deux morceaux moins tonitruants, mais loin d'être mous du genou, livrant quelques séries de notes engageantes mais pas toujours du meilleur effet, et surtout, manquant cruellement de ce supplément d'âme qui nous aurait happés plus que légèrement interpellés. D'une part, un ample et massif riffing infiltre l'impulsif « Obsesión », mid tempo qui, sous de faux airs de
Stream Of Passion, avec un zeste d'
Epica quant aux harmoniques disséminées, nous assaille de bout en bout. Un tapping martelant vient nous chercher jusque dans nos derniers retranchements, contrastant avec les soyeux et omniprésents arpèges d'un piano opportun. Certes, on déambule sur une sente mélodique avenante mais desservie par une empreinte vocale nasillarde, où de gênants aigus apparaissent, distillant quelques faussetés en prime, ce qui a pour effet de fatiguer le tympan à la longue. De plus, d'inconvenantes baisses de régime concernant la tonalité d'ensemble se font sentir, témoignant d'une qualité d'enregistrement en-deçà de ce qu'on est en droit d'attendre dans ce registre. D'autre part, de mélancoliques gammes au maître instrument à touches entament en douceur « Caballero Oscuro », mid tempo entonné avec entrain par les deux sirènes, alternant avec d'ombrageux murmures masculins. Un couplet bien ciselé relayé par un refrain aux fines nuances de tonalité s'offre à nous, mais cette combinaison, classique et peu loquace, ne parvient que malaisément à nous aspirer dans sa toile. On comprend alors que la sauce ne prend par vraiment...
A l'issue de notre périple, si l'on se rend compte que les titres sélectionnés ont subi quelques retouches depuis leurs fragiles débuts, les valorisant, de fait, ceux-ci laissent toutefois transparaître nombre de notes parasites, un mixage encore lacunaire dans son principe d'émission, des finitions manquant à l'appel et des lignes mélodiques insuffisamment précises pour nous contraindre à une inconditionnelle adhésion. De plus, le propos s'avère peu diversifié aussi bien dans ses ambiances que dans ses frasques techniques et ses esquisses rythmiques. En outre, plutôt classique dans sa manière de poser ses gammes et ses arpèges, dénuée d'une once d'originalité et où les nuances et les changements de tonalité se font rares, la rondelle s'avère encore taillée dans la roche. C'est dire que le combo devra d'urgence relever la barre s'il ambitionne d'embrasser une carrière à long terme. Sans quoi...
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