Lopsided Moon

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15/20
Nom du groupe Armenia (CAN)
Nom de l'album Lopsided Moon
Type EP
Date de parution 28 Fevrier 2015
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1. My Own Self 04:43
2. Lidwina 04:44
3. Vapour 04:40
4. Broken Chords 04:45
5. Grounded by My Feet 06:11
6. Lopsided Moon (ft. Milen Petzelt-Sorace) 08:35
Total playing time 33:38

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Armenia (CAN)


Chronique @ ericb4

27 Septembre 2015

Envoûtant et émouvant instant de félicité...

Depuis quelques années, le metal symphonique mélodique à chant féminin a fini par toucher, à son tour, le Canada, au point que certaines formations ont déjà pu assoir une certaine réputation sur le plan local, voire international. En effet, Embracing Soul, Schoolcraft, et surtout Forgotten Tales et Leah, notamment, se sont illustrés sur cette scène metal non sans mérites et avec des armes instrumentales et vocales redoutables d'efficacité pour tenter de contrer les attaques des cadors du genre, à l'instar de Nightwish, Within Temptation, Xandria, Epica ou Leaves' Eyes. Si les résultats sont encore discrets à l'échelle mondiale, ils le sont bien moins au niveau local. Plus encore, ces formations ont bien progressé au fil du temps, afin de nous offrir de savoureuses galettes, chacune à sa manière. C'est dans ce sillage que s'introduit à son tour la remarquable soprano Armenia Sarkissian, venue de Toronto et inspirée, entre autres, par Heidi Parviainen (Dark Sarah), Sharon den Adel (Within Temptation) et Amy Lee (Evanescence) à la fois dans ses solides compositions et dans ses inflexions vocales d'un lyrisme teinté d'angélisme. A quel spectacle allons-nous être conviés à l'aune de sa première auto-production déroulant six pistes sur un ruban auditif de près de trente-quatre minutes ?

Précisons que Armenia a, à la fois, écrit avec finesse et interprété tous les titres de l'opus, composé et joué certains passages au piano et assuré les arrangements de guitare (conjointement à Tim Bodfish et Wayne Alfonzo). Cofondatrice et coproductrice du projet, elle s'est associée au programmeur, bassiste et guitariste de talent Spencer Creaghan, ayant tous deux enregistré l'ensemble des morceaux de cette menue rondelle. Il en émane une belle profondeur de champ acoustique et très peu de notes parasites. Ce dernier a également participé à la réalisation des arrangements orchestraux ainsi qu'au mixage (assisté par Hunter Bennett), octroyant à la galette un bel équilibre des parties vocales et instrumentales entre elles. Les finitions ainsi que les enchaînements inter pistes n'ont pas été mis au rebut, loin s'en faut. Enfin, le mastering est du fait de Chris Crear (Metalworks Studio). Bref, une production soignée, témoignant d'un travail en studio minutieux et de longue haleine, nous est ainsi octroyée.

Nous découvrons ainsi une œuvre metal symphonique aux mélodies radieuses et épurées, aux pérégrinations épiques, où l'orchestration samplée se fait aussi dense, poignante, plombante que feutrée. Les textes, quant à eux, se veulent résolument introspectifs, avec quelques connotations philosophiques, et inspirés par la fragilité de la condition humaine. Une aspiration romantique transpire aussi de cette musique des mots. On la retrouve à travers l'artwork de la pochette, aux tons bleus, ceinturée d'un médaillon, au sein duquel apparaît quasiment centrée la déesse, debout, au visage rêveur. Ce travail graphique relève du sensible doigté issu de l'élan d'inspiration de Drake Mefessta.
Tout le long, sur le versant oratoire, la sirène fait preuve d'une étonnante élasticité du spectre vocal, où les notes en voix de tête sont restituées avec maestria et les graves esquissés avec élégance. Sur deux titres, Armenia s'est entourée d'une chatoyante et magnétique chorale, rajoutant une touche d'emphase vocale, intensifiant encore, par leur présence, les instants posés. Ainsi, sur "Lidwina" et "Broken Chords" ont été sollicitées de nombreuses voix parfaitement coordonnées. Pour le corps féminin, nous pouvons écouter les Sopranos : Ann Blennerhassett, Nicole Malcolm, Karoun Chahinian et Grace P. ; Les Altos : Alexandra Sarkissian, Emma Cava et Kemi Lo ; Pour le corps masculin, il y a les Tenors : Daevyd Pepper, Jake Butineau et Caoimhghín Aindréas ; les Basses : Jivan Stepanian, Taylor Gibbs et Miles Finlayson. Enfin, sur "Lopsided Moon", s'ajoute la participation vocale de Milen Petzelt-Sorace.

Des ondes vibratoires empreintes de puissance et de mélodicité grignotent l'opus de part en part. Ainsi, cette épique atmosphère s'est nourrie d'une instrumentation complexe, parfaitement en phase avec l'écriture de chaque partition, sur certains passages. A commencer par l'entame de l'oeuvre : « My Own Self ». Des perles de pluie scintillent de mille feux sous la houlette d'un piano aux arpèges inspirés, se déployant au sein d'une orchestration qui gagnera progressivement en densité atmosphérique. Des riffs arrondis et une plombante section rythmique s'inscrivent en creux dans une pièce ayant opté pour les variations de tonalité et de champ percussif. Ainsi, les interludes lyriques nous caressent le tympan, interrompant opportunément la déferlante, avec de soyeuses patines insufflées avec brio par la maîtresse de cérémonie, non sans rappeler Sharon den Adel, sur les premiers albums de Within Temptation, dans les allonges, notamment. Au vénérable instrument à touches de fermer la marche, pianissimo... Même procédé introductif pour l'imposant « Grounded by My Feet », où un piano et des nappes synthétiques, qu'accompagnent quelques notes heureuses à la guitare acoustique, nous mènent à la découverte d'ondulations instrumentales aptes à l'éveil d'authentiques plaisirs. Le léger vibrato de l'angélique princesse, non sans évoquer Moya Brennan (Clannad), fait le reste pour nous rallier à cet instant témoignant d'un rare envoûtement. Les effets de relief orchestral autant que les puissantes phases rythmiques sont des plus ragoûtants. Au passage, on appréciera on joli solo de guitare, avant un break opportun, précédant une clôture en voix posée, à la façon de Sarah Mc Lachlan, et à la guitare acoustique.

A d'autres moments, la puissance requise se cristallise sur une chorale à l'armature solide, parfois énergique, venant corroborer un corps orchestral aussi intarissable que bien habité. On le perçoit déjà sur « Lidwina ». Une onde vibratoire d'une tonicité probante nous est octroyée par les choeurs, tels un mur indéfectible et éminemment infiltrant. A la belle de prendre le relai sur de sculpturaux couplets, avant de prendre son envol sur les refrains, alors devenus solaires. Un tapping discret assiste une rythmique pesante, que suivent quelques légers riffs, le long d'un cheminement orchestral invitant, richement orné, grandiose, à la façon d'une grande production hollywoodienne, non sans renvoyer à Amberian Dawn, première mouture. Difficile de résister à l'appel de la sirène où qu'elle se trouve, élevant son timbre de voix avec aisance, notamment à l'orée d'une reprise de break sur le refrain. Magistral tableau de maître, s'il en est. Même schéma, avec quelques effets de surprise, sur « Broken Chords ». Un piano sensible nous installe à bord d'un vaisseau instrumental violoneux en toucher, avant qu'une rythmique enjouée ne prenne l'ascendant, étreinte de riffs écorchés vif, le long d'harmoniques complexes et invitantes. La déesse distribue avec célérité ses impulsions, non sans rappeler Heidi Parviainen (Dark Sarah) et la magie opère bien souvent, la diva ne se contentant pas de nous séduire par son timbre cristallin mais aussi par ses contrastes et ses allonges sur les notes pleines. Assistée de choeurs enivrants et d'une truculente orchestration, elle parvient à capter nos émotions sans l'ombre d'un obstacle. Regorgeant de subtilités instrumentales, aux chutes insoupçonnées, aux affriolantes harmoniques et aux arpèges extasiants, le spectacle se poursuit au rythme des tribulations de la libertine. La fringante plage s'achève tout en douceur.

Le propos s'est aussi fait plus tendre, subtilement feutré, mais sans s'avérer trop sucré. De fines gammes pianistiques délivrées par la déesse nous introduisent alors sur les mots bleus de « Vapour ». Ballade céleste aux arrangements d'excellente facture, ce titre nous inonde par la magnificence de ses refrains, tout en subtilités harmoniques. Progressant au rythme de riffs devenus plus acérés et d'une orchestration pléthorique, cette piste sait ménager ses effets, distillant une étonnante diversité atmosphérique, avec de saisissantes variations de tonalité, notamment sur les lignes de chant, teintées d'un léger vibrato en substance.

En dépit de la brièveté de l'offre, le combo n'a pas omis de nous octroyer une pièce d'orfèvre, jouant sur les contrastes et les complémentarités entre instruments et corps vocal. Ainsi, « Lopsided Moon », où apparaît Milen Petzelt-Sorace, au chant, délivre plus de huit minutes trente d'une musique confondante de brio. La fresque et titre éponyme de l'opus use alors d'un tapping martelant, d'une rythmique entraînante qu'étreignent des riffs épais. Sur les couplets, la soprano libère une énergie communicative accolée à ses envolées qu'elle élève encore d'un cran. Un pont au son d'arpèges au piano savamment distillés, suivis d'un riffing roboratif, nous est dispensé, la belle enjolivant, en parallèle, la reprise sur le refrain. Une lead guitare graveleuse s'inscrit alors ainsi que des screams, conjointement à la belle. Epique et romanesque, cette fantastique et sinueuse traversée symphonique ne manquera pas de ravir nos tympans alanguis. Soudain, on stoppe les machines. Seul un piano se fait ouïr et, par effet d'emboîtement, à la diva de reprendre le flambeau, escortée par un convoi orchestral on ne peut plus massif, le tout s'achevant avec majesté. On assiste ainsi à une magique communion des éléments, pour un moment de pure jouissance auditive.

On ressort de l'écoute de cette production à la fois saisi par la maestria de l'interprète, la luminescence des arrangements, assurant un grand confort auditif, même si cet ensemble reste classique dans son principe d'émission, le combo ne prenant que peu de risques sur les lignes harmoniques. Malgré leurs qualités de composition, il faudra encore à nos acolytes se forger une identité propre pour rallier un auditorat plus acquis à leur cause. Le potentiel interprétatif autant que les compétences mélodiques, d'importants moyens mis en œuvre, sans oublier un travail éprouvé de cohésion groupale et orchestrale, renseignent toutefois sur le chemin déjà parcouru et sur la marge de progression d'un collectif animé par une réelle volonté d'en découdre.

Cette œuvre inspirée, hospitalière et variée, dévoilant ses charmes au fil des écoutes, conviendra aux amateurs de metal symphonique mélodique à chant féminin lyrique, dans la lignée des modèles identificatoires, toutes proportions gardées. Cette jeune artiste peut encore élargir le champ de son auditorat aux fans de metal gothique ou atmosphérique à orientation orchestrale. C'est dire que cette première offrande est apte à à procurer d'authentiques plaisirs à qui aura pris le temps nécessaire à sa découverte. Arguons que cette œuvre pourra s'échafauder, se solidifier et se densifier encore sur la durée et que le combo saura trouver d'autres lumineux arpèges pour nous retenir à l'aune d'un album full length. Ce que d'aucuns pourraient déjà requérir...

6 Commentaires

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LeLoupArctique - 28 Septembre 2015: Merci de t'être intéressé à ce groupe ! Petite précision, la chanteuse d'Evanescence, c'est Amy Lee ;)

Pour la chronique, tu veux pas essayer d'être plus concis ? Autant de paragraphes pour un simple EP c'est plutôt lourd, le but n'est pas de tout décrire ...
ericb4 - 28 Septembre 2015: Erreur corrigée. Merci pour le coup d'oeil ;). Concernant la chro, on va essayer d'être moins prolixe par la suite.
Sonadenn - 28 Septembre 2015: Une autre jolie découverte! Ce groupe a effectivement beaucoup d'atouts dans son jeu! Les titres que j'ai écoutés sur leur bandcamp sont vraiment très réussis. On espére un album full lenght!
ericb4 - 28 Septembre 2015: Merci à toi. En effet, on a là une artiste très douée, à suivre de près...
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