Deux ans après le bon « 2K6 »,
Crossingate sort en cet automne 2008 son premier album intitulé «
Looted Passion », comprenez « la passion pillée », toujours autoproduit, mais cette fois mixé en studio par Stéphane Buriez, ancien guitariste-chanteur de
Loudblast, et Clearcut, ayant notamment produit
Black Bomb A,
Gojira, ou
Broken Edge. Il s’agit ici d’une nouvelle étape dans l’évolution du groupe, et à la clé une rupture partielle avec le power-thrash-death concocté jusque-là,
Crossingate restant un groupe difficile à cerner, mais riche de nombreuses influences.
Après avoir exploré les genres musicaux susvisés, le groupe s’est ouvert à d’autres univers variés, un fond de Metalcore, puis de Néo-
Metal avec un zeste de Fusion, une dose savante d’Electro également sur quelques samples, d’où que la musique de cet album est inclassable.
La pochette reflète bien le titre, soit un clash chromatique nous exposant un cœur sombre arraché, volé, et emporté par une main provenant de la lumière. Par une lecture générale des paroles, on songe à un concept fort négatif de l’album, avec des blessures non refermées, les effets néfastes de la drogue sur l’individu – la drogue, un thème pas récurrent mais néanmoins marquant du disque. Malgré tout, cette part de négation comporte aussi son échappatoire, heureuse ou malheureuse, d’où que littéralement, on nous expose des situations négatives, mais avec l’envie de s’en sortir.
TIME TO LET GO ouvre tambours battants le disque dans un style pas si lointain du
Crossingate de 2006, avec une rythmique soutenue, par la batterie et les guitares. Le débit de voix du chanteur est certes plus lent qu’auparavant, plus modulé, mais toujours dans ce ton mi-death mi-stoner. Par moments au milieu de cette rythmique oscillant entre Thrash et Néo, on devine quelques samples langoureuses d’électro.
Looted Passion, chanson éponyme de l’album est d’ores et déjà mémorisable pour son refrain, sonnant très pop ou rock alternatif avec une sample magnifique d’électro pour accompagner le chant suave et chaleureux, ainsi que les guitares fortement saturées, nous offrant même par moments des petits soli succincts.
FORGIVENESS est quant à lui le gros pavé du disque, pas facilement digeste, puisque malgré des paroles riches et argumentées, le morceau nous noie dans une rythmique quasi continue sans mélodie attrayante, les guitares ne servant que quelques effets peu enthousiastes.
En revanche, on oubliera ce petit accroc sur la ballade de l’album qu’est GIVE A CHANCE, émouvante, magistralement interprétée de A à Z, une belle mélodie acoustique, puis un refrain bien amené qui allie puissance et émotion, dans un style empruntant quelque peu au Néo-
Metal, avec des groupes comme
Korn,
Fear Factory,
Linkin Park.
HOW’S IT GOING TO
END permet de replonger dans les premiers amours du groupe, avec quelques clins d’œil
Death et Black notamment dans le son des guitares et la rythmique de manière générale, tantôt lente et inquiétante, tantôt boostée par la batterie.
PAINFUL est quant à elle sans aucun doute la meilleure chanson de l’album, la plus approfondie, la plus complète, la plus représentative de l’album. Au tempo bourrin typique de groupes Metalcore américains comme Lamb of
God,
Biohazard voire français avec
Black Bomb A, viennent ici s’ajouter des samples malignes d’Electro qui apportent un peu plus de profondeur à l’ensemble. En effet, ici, ces samples ne consistent pas seulement en de simples bruitages comme se fut le cas sur 2K6, mais investissent pleinement la musique. Signalons enfin les très bons soli en deuxième partie de la chanson, sonnant très Heavy.
PROUD TO BE STRONG, riche de sens une fois encore, est un habile mélange de
Death, de pop, et d’Electro. Ce cocktail peut cependant énerver par des enchevêtrements parfois brouillons qui font perdre le fil de la chanson.
THE SHINING, en revanche clôturera en harmonie ce
Looted Passion, par cette reprise de la chanson phare du maxi-cd 2K6, cette fois dans un style plus pop-rock, magnifié par une rythmique plus positive, et surtout une mélodie de clavier mémorisable, tout ceci déversant une grande puissance musicale. Placer cette reprise à la fin n'est pas le fruit du hasard. De manière non-dissimulée, le groupe semble vouloir prendre de la distance avec le style de ses débuts.
En effet, s’agissant ici indéniablement d’un album de transition, CROSSINGATE a réussi son pari, d’intégrer ses influences
Death, Black, Thrash, Stoner, Néo-
Metal, Metalcore, dans un format d’avantage Pop-Rock, mais cependant, les cinq franc-comtois ne risquent-ils pas un jour de se perdre à vouloir explorer toujours d’autres horizons en apparence éloignés ?
15/20.
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