Liste des groupes Metal Symphonique Severnica Long Lost Longing

La scène metal symphonique finlandaise actuelle abonde en formations de tous poils, on l'aura remarqué. Aussi, on s'interroge sur ce que peut encore nous amener un groupe supplémentaire en termes de qualité de production et d'originalité. C'est précisément ce qu'on est allé chercher auprès d'un jeune combo tout droit venu de Turku.

Le courageux sextet n'a pas démérité quant à la qualité de la cohésion instrumentale. Ainsi, l'environnement orchestral renvoie tout naturellement à un metal symphonique classique, avec ses habituels riffs de guitare couplés à une double-caisse martelante. Le tout évolue le long de lignes rythmiques tantôt pesantes, tantôt légères, voire énergiques. Les parties en solo ne sont pas sans intérêt non plus, même si elles auraient gagné à être plus nourries encore pour nous retenir plus largement. Au sein de cet univers musical, une jeune et talentueuse chanteuse séduit par ses notes éthérées, même si elle cherche encore ses marques pour pouvoir mieux s'affirmer.

Prudents dans leur démarche, nos compères ont opté pour l'auto-production d'un EP de quatre titres seulement, en guise de test de leur auditorat potentiel. La petite galette de moins de dix-sept minutes, le long de ses plages d'une durée équivalente, nous offre un panorama contrasté entre des titres invitants de par leur lumière mélodique et d'autres moins immersifs mais non sans subtilités.

Dans la lumière, certaines pistes prennent toute leur dimension. On reste séduit par l'impact rythmique qu'elles procurent. C'est notamment le cas du fougueux "Mirror and Me". Quelques arpèges au piano se greffant à la dynamique batterie nous conduisent vers des refrains plutôt agréables, que se plaît à mettre en valeur la jeune Maarit Nieminen par sa voix lyrique. Aussi, on croirait retrouver l'ambiance d'Unshine, aussi bien sur le plan instrumental que vocal. De la même manière, les riffs se font grassouillets et la technicité instrumentale n'est pas en reste, notamment concernant des arrangements plutôt convaincants. Non moins entraînant, "My Journey" use des mêmes armes pour nous rallier à sa cause : joli délié au piano, voix limpide, rythmique mordante et refrains addictifs. On a l'impression de revivre l'émotion de certains titres de Skyward. Là, les riffs s'assèchent et un solo de guitare bienvenu s'invite à la fête. Par ailleurs, une voix masculine se superpose à l'ensemble mais n'amène rien d'impactant. On aurait même pu s'abstraire de sa présence sans nuire pour autant à la cohérence du morceau.

Plus tapies dans l'ombre, d'autres plages ont opté pour des contrastes d'ambiances. C'est le scénario proposé par le fouettant "Dream". En effet, de fluides passages synthétiques répondent en écho à un tapping cinglant, avec comme fil conducteur ce piano qui ne nous quitte jamais vraiment. Tout irait pour le mieux si les couplets ne se montraient pas aussi ternes et les refrains aussi pâles. Même le timbre de voix de l'interprète nous éloigne d'Unshine tant il devient étonnamment monocorde. Heureusement, un petit break calé sur de fluides notes de guitare en slide sauve la mise et nous mène vers une fin sereine. Sur cette mouture instrumentale s'organise le titre éponyme de l'album. A la différence qu'ici, la rythmique se fait plus lourde et qu'un solo de guitare vient habiller un morceau aux couplets un poil sombre et à l'empreinte vocale léthargique. On n'éprouve donc pas nécessairement l'envie de se repasser ces instants d'une musique aux harmonies approximatives.

On ressort de cet EP partagé entre les moments plutôt réussis renvoyant à des références reconnues par la profession, et d'autres plus rachitiques dans leurs lignes mélodiques. Toutefois, l'ensemble témoigne d'un travail en studio qui n'a pas plaint sa peine. Simplement, il aurait été souhaitable de ne pas laisser gangrener des suites de notes moins heureuses sur deux des pistes en alternance avec les plus significatives. A quelques bémols près, ces morceaux en retrait auraient pu rencontrer un tout autre accueil. Il convient donc d'affiner encore le projet sur le plan des compositions, même si les paroles s'avèrent écrites avec finesse.

On conseillera cette oeuvre introductive aux amateurs de metal symphonique surtout. En effet, peu de ponts offrent une ouverture vers des univers parallèles. L'évolution de leur projet devra en tenir compte dans une époque où les couplages entre registres parsèment de plus en plus les oeuvres de leur présence. Leur auditorat y sera sans doute sensible.

Une première proposition intéressante certes, mais à affiner et à étoffer encore pour recevoir un écho à la mesure de leurs attentes. Les compétences sont là, les talents aussi et l'ambition affichée loin d'être négligeable. Encore un petit effort et la sauce finira bien par prendre.