Groupe metal atmosphérique gothique à chant féminin originaire de Cracovie, créé en 2006,
Setareth est encore peu connu hors de ses terres polonaises, mais a déjà auto-produit deux discrètes démos (« Ciemna Strona Nocy » (2007) ; «
Dark River of Thoughts » (2010)) et un EP (« Preludes » (2013)), précédant cette dernière offrande nommée « Limited », EP de 23 minutes sur lesquelles ne se succèdent guère plus de 4 pistes. Après quelques changements de line up, le quintet compte désormais dans ses rangs Monika Boroni (chant), Pawel Depta (guitare), Piotr Dziewulski (guitare), Marcin Szczurek (basse), Lukasz Migacz (batterie). Inspiré par
Draconian,
Sirenia,
Edenbridge,
Arven, entre autres, le collectif nous octroie un patchwork atmosphérique offrant un regard différencié sur chacune des plages, avec leurs mérites mais aussi quelques carences. Une qualité de production encore à parfaire, des finitions à passer en revue, des enchaînements à reconsidérer nous font comprendre que l'on est aux prises avec une œuvre pas totalement aboutie. Mais, entrons plutôt dans la petite goélette, en quête de quelques éventuels plaisirs...
Tout d'abord, une ambiance quasi hivernale se dégage de l'entame de l'entraînant morceau d'ouverture, «
Grenade », par contraste rapidement relayée par une printanière cavalcade, où crissent des riffs, progressivement devenus poussifs, et où flamboie la rythmique. Une incursion dans les entrailles de la bête suffit à faire prendre conscience que l'on ne cesse de se perdre en d'inutiles et ennuyeuses conjectures technicistes sans que jamais la lumière d'un accord effilé ne fasse surface. De plus, les volutes oratoires de l'interprète n'offrent que peu d'oscillations autour de leur axe central, contribuant à une sortie de piste prématurée, et ce, même si le refrain offre de subtiles nuances. Une mise en condition qui nous fait hésiter à poursuivre notre périple...
Le combo a aussi veillé à ralentir le rythme de ses frappes avec, là aussi, quelques limites à la totale satisfaction de nos sens. D'une part, mid tempo torturé et crépusculaire où plane l'ombre de
Draconian, «
Fortress of Living Souls » lacère le tympans par ses riffs acérés et nous empoigne par sa rythmique martelante pour ne plus nous lâcher d'un iota. On regrettera cependant de devoir suivre des couplets mal délimités et des refrains bien palots, même pour une piste gothique tirant sur le doom. Par ailleurs, les montées d'aigus dispensées par la déesse demeurent approximatives et n'atteignent que rarement leur cible, celle de nos émotions les plus enfouies. D'autre part, « Oblivion », sensible ballade dans la lignée d'
Arven, dissémine des couplets finement esquissés coordonnés à des refrains tout en nuances. Si la mise en musique reste convaincante, la linéarité et la répétibilité du cheminement mélodique doublées d'une prestation éthérée de la belle auront cependant quelques difficultés à nous rallier à sa cause.
Dernier exercice, et non des moindres, recelant d'intéressantes phases techniques sans y perdre en qualité mélodique. Corpulente fresque de 8 minutes, «
Beyond Belief » fait coaguler un alerte et infiltrant picking à la lead guitare et une basse vrombissante pour une traversée épique et rayonnante, dans le sillage de
Sirenia, avec un zeste d'
Edenbridge eu égard aux harmoniques investies. Ce faisant, les claires impulsions de la sirène, aux faux airs de Simone Simons, s'inscrivent opportunément dans chaque portée de la sculpturale et un tantinet complexe livraison, aux accents orientalisants. Elle auraient toutefois gagné à descendre d'un octave pour nous assigner à résidence. Un agréable moment que l'on parcourt de bout en bout sans encombres à défaut de déclencher la petite larme d'une émotion à peine contenue.
En définitive, le parcours de l'oeuvre, s'il s'est effectué sans jambages, n'en demeure pas moins peu propice à l'irrépressible réenclenchement de la touche 'play' de la platine cd. Celle-ci pêche, en effet, par une modeste qualité d'enregistrement, des portées encore lacunaires et des lignes mélodiques manquant cruellement de précision et, in fine, d'impact auditif. Si les phases techniques, en l'état, témoignent de l'expérience de chacun des instrumentistes, elles ne sont pas toujours raccord aux lignes de chant, elles-mêmes restant un terrain encore à défricher. Pour espérer s'imposer dans un tel registre metal, il en faudra plus, beaucoup plus pour inquiéter les valeurs montantes, déjà aguerries aux codes du genre. Artistiquement encore fragile, le combo se fera fort de prendre son temps pour affiner le trait et nous concocter ce que d'aucuns seraient en mesure d'espérer de leur part. C'est dire qu'un potentiel se dessine, certes, mais il s'avère encore taillé dans la roche. Dans l'attente d'un salvateur sursaut...
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