Si la seconde moitié des années 80 est marquée par les sorties thrash metal les plus retentissantes, à l'image des
Master Of Puppets, Peace Sells,
Reign In
Blood,
Darkness Descends ou encore Among The Living (
Metallica,
Megadeth,
Slayer,
Dark Angel et
Anthrax) pour n'en citer que quelques unes, la scène crossover ne demeure pas en reste avec les albums de SOD,
DRI, MOD,
Suicidal Tendencies ou encore
Agnostic Front. C'est dans ce contexte exceptionnellement riche que sort en 1986
Life of Dreams, le premier album des américains de
Crumbsuckers.
Formé en 1982 à Baldwin dans le Long
Island (état de
New York) autour de Gary Meskil (basse) David Brady (chant), Kevin Caroll (batterie) et Dave Wynn (guitare), le groupe officie à ses débuts dans un registre punk/hardcore d'influence East-Coast, s'inspirant de
Minor Threat, Kraut ou les
Bad Brains pour l'enregistrement en 1983 de sa première démo. Dans l'intention d'apporter une dimension plus métallique, processus de plus en plus en vogue dans les groupes hardcore en cette moitié des 80's, le combo engage l'année suivante Chuck Lenihan en tant que second guitariste et remplace son batteur par Dan Richardson.
Fort de prestations tonitruantes au mythique CBGB de
New York (tapant même le boeuf sur scène avec
Kirk Hammett, devant une assistance composée entre autres de Billy Milano,
Ian Scott ou Jon Zazula) le groupe passe un accord avec Combat (division Combat
Core) grâce à l'intervention de Connie Barret, manager de
Carnivore et
Agnostic Front, afin de sortir un premier album, modifiant encore son line up au passage, avec cette fois Chris Notaro au micro. Figurant parmi les pionniers de la scène crossover aux côtés de SOD,
DRI, ST ou
Agnostic Front,
Crumbsuckers débarque donc en 1986 avec un
Life of Dreams incroyablement frais, aidé d'un artwork déjanté de Sean Taggart, signant à la même période la pochette de
Cause For Alarm d'
Agnostic Front.
Sur des constructions épurées,
Crumbsuckers balance un crossover furibard mais maitrisé, alternant plans thrash mid tempo et mosh parts furax. Dès Just Sit There le ton est donné; guitares rugueuses, chant hardcore et speederies rythmiques. Mais si les membres donnent l'impression de pratiquer une musique assez désinvolte, privilégiant largement la vitesse, ils font preuve néanmoins d'une certaine assurance, parsemant l'album des soli gracieux de Chuck Lenihan, contrastant d'autant plus avec l'ambiance nettement hardcore du disque. La voix extrêmement rocailleuse de Chris Notaro se posant de plus parfaitement sur toute la flopée de riffs catchy et variés qu'envoie Dave Wynn, à l'image des imparables
Return To The Womb ou Hubrun, appuyés par le double pédalage de Dan Richardson.
Mettant principalement l'accent sur l'aspect rythmique de leurs morceaux avec un couple basse-batterie très percutant et s'énervant régulièrement dans les mosh parts, les américains réussissent tout de même à placer quelques rares passages plus mélodiques, comme sur Prelude, Bullshit Society ou la sublime intro acoustique de Moments Of
Silence/Mr
Hyde, calmant temporairement la cadence avant de repartir entre rythmes lourds et mosh parts furieux, fermant ainsi l'album de belle manière sur ce dernier titre. En seize tracks explosives,
Crumbsuckers apporte sa pierre à l'édifice crossover avec un album revendicatif tenant tout juste sur trente minutes.
Sur une production remarquable de clarté et de puissance signée Norman Dunn, aux studios System II de Brooklyn, donnant aux guitares ce son si incisif, à l'instar de
Cause For Alarm d'
Agnostic Front, sur lequel Dunn avait déjà bossé, témoignant de fait d'une scène alors prolifique,
Life of Dreams s'affirme comme l'un des albums crossover les plus marquants de cette époque, aux côtés de Speak English Or
Die,
Crossover, Join The Army ou
Cause For Alarm (SOD,
DRI, ST,
Agnostic Front). Partagé entre lourdeur métallique et frénésie hardcore,
Life of Dreams est un album destiné autant aux metalheads qu'aux moshers de tout bords et fut cité en exemple par toute une génération de thrashers, de Dave Mustaine à Phil Anselmo en passant par Scott
Ian et Charlie Benante, lui conférant un statut culte largement mérité.
Life is not a dream.
Merci pour la chro, très intéressante. Que de souvenirs avec ce disque dont j'ai usé la copie K7 pendant 3 bonnes années après sa sortie (jamais éouté le suivant en revanche). Et pourtant je ne l'ai plus entendu depuis au moins 28 ans! J'en avais même oublié son existence. Achat obligatoire très vite. Les piqures (de rappel) ça a du bon parfois.
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