Liste des groupes Heavy Metal Black Angels (UKR) Life Is Sport

Lorsque son altesse sérénissime Yngwie Malmsteen premier, et dernier, du nom fustige le monde entier de cette arrogance qui le caractérise si bien, d'aucuns, de manière sans doute pas totalement injustifiée, s'insurgent contre cette morgue avec laquelle le guitariste/compositeur/génie/demi-dieu distribue les mauvais points à l'ensemble d'un milieu artistique dans lequel peu, selon lui, atteigne son immense maestria. A cela il serait assez facile de rétorquer qu'il y a bien longtemps que le virtuose a perdu de vue ce qu'était l'essence même de la musique au profit d'un étalage et d'une mise en avant de soi toujours plus importante. Cela dit, il est difficile de ne pas reconnaître que, fut un temps, le Suédois, au delà de ses incroyables talents techniques, avait aussi celui de faire briller les autres et d'écrire des morceaux remarquables. Dans le même ordre d'idées, et un peu plus près de nous, du moins au moment où j'écris ces quelques lignes, les cinq de Ram cultivent aussi cette suffisance élitiste estampillée d'un dédaigneux ''nous sommes très bons''. Là encore, les faits têtus leurs donnent raison puisque jusqu'à aujourd'hui le groupe n'a rien sorti qui soit susceptible d'infirmer leurs affirmations. Tout ça pour dire que l'insolence, le mépris et l'arrogance de ces gens ''à part'' n'a pas grande importance tant que leurs travaux sont dignes d'intérêt. En revanche dès lors que cette haute opinion de soi même prompte à dénigrer le talent des autres est accompagnée d'une médiocrité crasse, ça devient proprement ridicule.

Prenons, par exemple, au hasard, le cas d'Alex Black, chanteur et compositeur de Black Angels. L'Ukrainien s'affiche en des attitudes de Rockstar, lunettes de soleil vissées sur le crâne, constamment entouré de jeunes filles peu vêtue qu'il n'a de cesse, et on le comprends, de vouloir embrasser goulûment toute langue dehors. Déjà là, en outre de quelque chose de l'ordre du symptôme psychopathologique, il y a quelque chose de très gênant dans la représentation que renvoie ces images. Alex n'étant pas tout à fait aussi beau, ni même tout à fait aussi jeune, qu'il le pense. Mais passons car de toute façon le véritable souci n'est pas là. Il apparaît dès lors que le vocaliste ouvre la bouche pour ''chanter'', ou du moins tenter de le faire. Sa voix, quelque part entre celle de Vince Neil, celle de Dexter Holland et celle de Carlos Fernando ''Spartacus'' de Souza Silva est atroce. Bien évidemment il ne nous épargne pas, aussi, de temps en temps, quelques faussetés et quelques placements hasardeux. A côté de ça, Richi, derrière ses fûts et ses cymbales, nous offre le minimum handicapé, de surcroît, par un mixage manquant de basse. Et, au fond, le seul qui s'en sort plutôt avec les honneurs au milieu de cette bouillasse Heavy Metal digne du concours Eurovision et aux allures de sous Motley Crue avec, de ci de là, des touches Pop-Punk niaises, c'est Maniac La-Fey.

Life Is Sport est donc le x-ième album de ce groupe et dès la première minute insupportable d'un laïus introductif sans grand intérêt l'on sent déjà que les 11 pistes de cet opus vont nous mener dans les méandres nauséabondes d'un voyage douloureux et atrocement long. Gagné.

Les titres s’enchaînent plus pénibles les uns que les autres comme par exemple Spirit of the Universe aux mélodies incroyablement grotesques qui auront au moins eu le mérite de m'arracher un sourire. Puis un rire bref. Avant de me replonger dans une consternation sans fond. Ou comme la ballade Playing Free qui est, peut-être, ce que j'ai entendu de plus niais et de pire durant ces dernières années. Ou encore comme ce piètre Live On Eurosport! (Formula 1) aux relents Punky-Pop qui apparaît comme une horrible imitation d'Offspring qui, déjà, est une horrible évolution de l'esprit Punk d'antan.

Et alors que l'on croyait être au fond des abîmes d'une déprime insurmontable, Kill the Music vient nous crucifier. Nous achever définitivement. Il y aurait tant à dire sur ce morceau a capela où Alex Black affublé de quelques effets (écho, reverb, auto-tune et je ne sais quoi encore) se livre à un exercice désastreux et inintéressant au possible. Il y aurait tant à dire et notamment sur l'égo et le sens de la créativité du garçon, mais aussi sur le professionnalisme et l'oreille des gens qui l'entourent. Mais n'allons pas plus loin. De toute façon ce titre n'est que la cerise en croûte de fromage sur un gâteau fait entièrement de sardines rances.

Bref, il serait peut-être judicieux qu'Alex troque ses lunettes et ses jeunes égéries contre une muselière...ou contre un chanteur, un vrai. Qu'il cesse de se préoccuper de son image pour se consacrer au mieux à autres chose ou au pire, un peu plus, à sa musique. Et surtout qu'il cesse de nous prendre pour des imbéciles en nous servant ce genre de boue d'un amateurisme et d'une amertume affligeante.