Life Is Pain

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14/20
Nom du groupe Antilife
Nom de l'album Life Is Pain
Type Album
Date de parution 30 Novembre 2016
Enregistré à Verlies Studio
Style MusicalBlack Atmosphérique
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1.
 Intro
 01:38
2.
 Worms
 05:58
3.
 Bad Day
 04:48
4.
 Welcome to My (ANTI)Life
 05:58
5.
 Life Is Pain
 04:17
6.
 Light Will Take Us All
 06:22
7.
 Shoot in My Fucking Skull
 04:21
8.
 Praise Me, Worship Satan
 07:14

Durée totale : 40:36

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Antilife


Chronique @ Icare

11 Janvier 2017

Le DSBM est mort, oscillant au bout d’une corde pourrie au milieu d’un bois sombre? Vive le DSBM !

Il faut bien l’avouer, le Depressive Suicidal Black Metal est un style aujourd’hui un peu tombé en désuétude. Au début des années 2000, les combos du genre pullulaient à ne plus savoir qu’en faire, et on avait l’impression que chaque semaine, un nouveau one man band misanthrope sortait des limbes afin de nous compter son mal être à l’aide de trois accords ultra saturés et d’un poum tchak de batterie maladroit. Il faut dire qu’à force de jouer – souvent mal- toujours la même chose et de se parodier en usant les mêmes clichés d’un goût douteux pour ne pas dire ridicule, le tout a fini par s’essouffler. Aujourd’hui, l’effet de mode est un peu retombé, et seuls les groupes les plus talentueux et originaux sortent leur épingle du jeu et continuent à sortir des albums intéressants sans lasser ni laisser un arrière-goût tenace de déjà entendu.
Pourtant, il y a des combos qui s’identifient encore à cette vague de black metal, qui, lorsqu’il est joué avec sincérité et émotion, peut emmener très loin l’auditeur, et cela semble être le cas des Lillois d’Antilife, qui avec Life Is Pain, sortent leur premier album.


Une intro tout en sensibilité, avec un piano cristallin et mélancolique, des bruitages diffus - chuchotements lointains, clochettes, rires d’enfant, barillet, un reniflement sinistre, une première détonation, le silence, et une seconde, lourde de sous-entendus… Puis c’est Worms qui résonne : d’entrée, le son très réverbéré de la batterie nous laisse une impression très clinique et froide, puis ces guitares traînantes viennent nous écorcher l’âme de leurs notes amères renforcées par une basse lourde et mélancolique. Ce premier véritable titre est plutôt classique mais parfaitement exécuté, avec une mention spéciale aux gratteux qui abattent un boulot appréciable, balançant des riffs à la fois lents, traînants, dépressifs et accrocheurs. Si ces presque six minutes lorgnent vers un mid tempo funèbre et pesant, on a le droit à une belle accélération qui montre que les musiciens sont techniquement en place, chose plutôt appréciable dans un style où un jeu plus qu’approximatif est bien trop souvent la norme.
C’est ensuite Bad Day qui nous réveille, nous cueillant d’entrée par un blast tonitruant et un excellent riff, aussi glacial que tranchant. Le morceau est très bon, avec encore une fois une prestation parfaite des musiciens et un dynamisme bienvenu pour le style, qui parvient à se faire à la fois rapide, envoûtant et lancinant, rappelant certains groupes de DSBM qui savent jouer vite, comme Nyktalgia ou Totalselfhatred. La fin du morceau est bien foutue et montre que les Lillois font preuve d’une certaine recherche musicale dans un style souvent simpliste, avec ce pattern final qui va se répéter et s’accélérer, montant en intensité pendant près de deux minutes. A ce niveau-là d’ailleurs, on ne pourra pas reprocher grand-chose au quintette, qui varie agréablement les plaisirs et les rythmes, ne donnant pas l’impression que la seule et même piste se répète pendant les quarante minutes que dure l’album, et évitant ainsi habilement la redondance presque inévitablement inhérente au style.

Au rayon des bonnes surprises, on pourra aussi saluer Welcome To My (ANTI)Life au premier riff aussi simple que prenant sublimé par le chant lugubre de la basse, ou le très bon Shoot In My Fucking Skull, s’ouvrant sur des accords majestueux et mélancoliques et ce rythme lent et figé que n’aurait pas renié Coldworld. Les parties de grattes, belles à en pleurer, se muent en quelque chose de plus tordu et insidieux jusqu’ à ce break sur lequel le chanteur à l’agonie crache ses glaires, puis le tout repart furieusement sur un blast très efficace qui propulse ces guitares délétère semblant chercher le chemin le plus court vers la palpitation chaude de nos veines.

Décrit comme ça, Life Is Pain a tout de l’excellente surprise d’un groupe totalement inconnu et semblerait presque incarner l’album de genre parfait. Sauf que malheureusement, il n’est pas exempt de tout défaut, à commencer par le chant dont j’ai volontairement omis de parler.
Bon, c’est un fait, tout amateur du style sait l’influence que Death - Pierce Me a eu sur la scène DSBM. Mais pourquoi de plus en plus de vocalistes s’évertuent-ils à essayer de hurler comme Nattramn ? Malheureusement, dans la plupart des cas, le résultat est loin d’être à la hauteur, tournant plutôt à la caricature qu’au chant proprement insane et terrifiant, et c’est le cas ici. Si la performance de Psycho reste en soi assez impressionnante, ces cris stridents et suraigus sont très rapidement irritants et nous plongent en plein dans le cliché grandguignolesque du DSBM (le hurlement inutile et risible à la fin de Light Will Take Us All, le break à base de toux étranglée sur Shoot in My Fucking Skull) ; certes ce chant si particulier pourra ajouter une certaine intensité à l’ensemble, se mariant plutôt bien aux passages les plus lents et plaintifs (le début de Welcome To my (ANTI)life par exemple) mais il donne plutôt l’impression que le hurleur s’adonne à un exercice de style, surjouant la plupart du temps une émotion par ailleurs bien présente dans l’instrumentation, à la fois carrée et pleine de feeling.
Autre reproche que l’on peut faire à cet album, le son : extrêmement froid, carré et clinique, la production est excellente -et c’est bien là le problème ! - s’apparentant plus à un album de black death que de black dépressif. Certes, la bonne performance des musiciens n’en ressort que mieux, mais un son plus sale, abrasif et baveux aurait enrobé l’ensemble d’une aura sulfureuse et décadente qui manque un peu à l’ensemble, sonnant trop propre et artificiel, un comble pour une musique avant tout basée sur l’émotion pure.


Ces deux points noirs mis à part, on ne peut qu’être impressionné par la maturité d’Antilife, fondé en 2015 à peine, et qui ne nous livre ici que son premier album. Les compositions sont solides et variées, présentant une certaine personnalité dans le style, ce qui est bien rare, et l’ensemble, même s’il n’évite pas tous les clichés inhérents au genre, est vraiment inspiré et possède un feeling mélodique très bien exploité.
Que dire de plus ? S’il parvient à gommer les défauts précités, nul doute que le combo lillois pourra faire très mal dans un avenir proche et pourquoi pas devenir le nouveau chef de file d’un genre qui commençait depuis trop longtemps à creuser sa tombe. Le DSBM est mort, oscillant au bout d’une corde pourrie au milieu d’un bois sombre? Vive le DSBM !

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