Melencolia Estatica est indéniablement de ces groupes qui possèdent le pouvoir de vous faire réagir. Ecouter "
Letum" (signifiant "trépasser", en latin) est un acte que l'on pourrait réellement qualifier de masochiste. Une sorte de passion, au sens premier du terme. Car le groupe possède ce pouvoir assez unique (et rare) d'ouvrir une fois encore vos cicatrices, saler vos plaies et faire ressortir des émotions que vous pensiez avoir enfouies au plus profond de vous même, et ce à l'aide de simples instruments. Encore faut-il être réceptif à l'art de ces Italiens.
Cette dernière offrande est sortie sous la houle d'ATMF, un label d'exception, de par la multitude de groupes qu'il nous propose. Je pense notamment à
Absentia Lunae,
Urna,
Arcana Coelestia, et bien entendu à
Melencolia Estatica. Mené encore et toujours par la demoiselle Climaxia, le groupe sort sa deuxième réalisation. La ou leur premier essai était plutôt porté sur la mélodie et les ambiances finement ciselées, "
Letum" est beaucoup plus direct et percutant.
La production de cet album est d'ailleurs délicieuse et colle parfaitement à l'atmosphère véhiculée.
Abrasive, raide, elle agresse l'auditeur, mettant son coeur à nu pour mieux le dévorer. Le visuel est sobre et dépouillé, comme une volonté du groupe de ne rien mettre trop en avant pour laisser l'amateur focaliser toute son attention sur leur art. Car oui, à l'écoute de "
Letum", on est véritablement plongé entre deux eaux, celle du monde extérieur et du monde intérieur. Écouter cet album est un véritable exercice d'introspection, à la recherche d'émotions perdues et/ou oubliées.
Les titres, très longs, ne sont en rien lassant : ils sont travaillés de fond en comble, dans les moindres détails. Rien n'est laissé au hasard. Des riffs de guitare incisifs et terriblement puissants (la pièce "
Letum IV" est poignante au possible) au jeu incroyable du batteur, alternant frappes lourdes ("
Letum V") et finesse (les nuances de cymbales sont parfaites), en passant par la voix poignante du chanteur (officiant également chez
Absentia Lunae), consistant en de sourds hurlements de rage, de haine, et de désespoir.
Les structures sont à l'image de l'évolution des sentiments que l'on ressent à l'écoute de cet opus. En effet, il est important d'écouter l'oeuvre dans l'ordre et son entier. Chaque titre est lié à l'autre, ils ne peuvent en rien être pris indépendamment les uns des autres. La balance entre joie et dépression penche d'un côté à l'autre de manière assez déconcertante tout au long de "
Letum". Vous passerez de l'allégresse aux larmes, de la douce nostalgie à la plus triste mélancolie.
La véritable puissance de
Melencolia Estatica réside dans ce tour de force assez magistral. Très peu de groupes peuvent se vanter de pouvoir jouer avec les émotions de l'auditeur avec de simples instruments. Rien que pour ça, cet album se doit d'être écouté dans son ensemble. Il vous faudra cependant plusieurs écoutes pour déceler toute la richesse de cette pièce. Car, tel le Black
Metal, genre que nous affectionnons tous, il vous faudra un effort d'adaptation pour apprécier à bien "
Letum", un disque sincère et fabuleux. Vous aimerez ou vous détesterez, mais ne pourrez en aucun cas rester de marbre face à ce monolithe.
Bien que n'étant pas fan de black metal, je vais comme même aller voire ce que je peut trouver à écouter de ce groupe.
Bonne chronique donc.
Disons que c'est encore et toujours une question de ressenti. Grand fan de DSBM, j'ai apprécié retrouver des éléments inhérents à cette branche du black dans cet album.
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