Parmi les tout premiers groupes brésiliens à avoir émergé aux côtés des Sarcofago, Dorsal Atlantica et
Sepultura au milieu des années
1980,
Korzus pratique un thrash metal agressif et relativement fourre-tout depuis sa reformation au milieu des années 2000, après un break de presque dix années.
Sixième album pour la bande de Sao Paulo et son leader Marcello Pompeu, intitulé sobrement
Legion. Clin d'œil à
Deicide ? Orientation plus deathmetal que ses dernières sorties ? Que nenni. Avec un "Lifeline" en ouverture assez représentatif de l'ensemble du contenu de l'album,
Korzus défouraille un thrashmetal empruntant autant à un
Machine Head en forme (le titre "
Legion", entre autres), par la richesse rythmique, qu'à un
Sepultura du début des années 90, voire un
Exodus ("
Devil's
Head - typique), pour les influences les plus majeures. Ajoutez à cela une grosse base Slayerienne (mais qui n'en a pas, dans le style ?), et une pincée qui n'est pas sans rappeler les dernières productions des Anglais d'
Onslaught. Vous avez un album costaud, plein, solide aux entournures, voire brillant par moments (les terribles "Vampiro" et "
Purgatory" véritables ogives nucléaires, où le fantôme du vieux
Sepultura rôde, celui des années 1989 - 1991).
Certes, l'originalité n'est ici pas de mise. Et le plagiat n'est pas loin, parfois. Le chanteur Marcello n'a pas un organe clivant comme un Zetro Souza, mais manque toutefois un peu de personnalité, malgré une énergie bien présente. Dommage. Le batteur imite souvent avec bonheur le grand Dave Lombardo, avec un jeu précis et brutal à la fois, contribuant à l'énergie développée tout au long des treize morceaux de l'album. Les morceaux se succèdent ainsi agréablement et feront le bonheur des thashers les plus exigeants musicalement, en dépit d'un manque parfois d'accroche dans les refrains, ou d'une linéarité nécessitant quelques écoutes pour pleinement apprécier les interventions et idées fourmillant de ci de là (le heavy "Broken" et son intro que n'aurait pas reniée Gary Holt).
Souvent très rapide, et finalement plus à son aise dans des tempi à Mach 2 (les deux tueries précitées, le très
Slayer "
Die Alone") que dans des RobbFlynneries ("
Time Has Come", un peu maladroit et souffrant d'un syndrome connu pour avoir sévi chez
Dark Angel dès 1991, à savoir un trop plein d'idées malheureusement un peu noyées),
Korzus élargit son propos musical. Le groupe essaie, souvent avec réussite ("Bleeding Pride"), de s'écarteler entre la période de l'apogée de la scène thrash et ses récentes tendances, aux accents rythmiquement riches. Jamais trop moderne,
Legion réussit donc son pari qualitatif.
Ainsi, et même si l'album aurait gagné à être finalement plus concis (le dispensable "Apparatus Belli" en instrumental, un ou deux titres moins marquants pour presque 50 minutes au total) et avec des influences très - trop ? - marquées, ce sixième
Korzus pourrait tout à fait convenir à un thrasher fan des deux scènes. Avec ces quelques légers défauts gommés,
Korzus pourrait sans souci aller plus haut et constituer une alternative crédible aux groupes cités ci-dessus, tant son énergie et la richesse de ce
Legion, palpable, lui confère un vrai potentiel et un vrai plaisir d'écoute. Fait avec conviction et doté d'un son précis et percutant,
Korzus ne fait pas tâche du tout dans le paysage thrash de 2014, et se hisse grâce à sa signature chez AFM Records, dans un peloton d'outsiders bien décidé à damer le pion aux leaders du genre,
Exodus et
Machine Head en tête.
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