Bien lancé avec un premier volet annonçant une rupture avec leur rock/métal gothique originel,
Saviour Machine remet les couverts avec cette nouvelle offrande :
Legend II. Cet album s’intègre dans une trilogie entamée l’année précédente par le groupe, en proposant une interprétation personnelle du Dernier
Testament. Au programme : Antéchrist, fin des temps et son lot de prophéties. Il faut préciser que
Saviour Machine est le premier groupe de métal gothique chrétien à connaître un succès international (notamment en Allemagne) non sans avoir préalablement éprouver les pires difficultés à se faire accepter du milieu puritain américain.
Bien installé chez le réputé
Massacre Records depuis leur second opus, le noyau dur du groupe est composé des frères Clayton, Jeff (guitare) et surtout Eric (chanteur/compositeur) bien connu pour s’être investi sur d’autres projets (the
Human Equation d’Ayeron,
Glory Thy Name de
Divinefire, The Great
Fall de
Narnia, etc.). A la basse, l’arrivée du « père tranquille » Charles Cooper peu avant le début de la trilogie, modifie sensiblement le jeu plutôt heavy de Dean Forsyth. Pour le poste de batteur, c’est la dernière apparition de
Jason Heart, conformément à l’habitude prise par le groupe de changer de batteur pour chaque nouvel album.
Seul maître à bord, Eric Clayton amplifie ici le travail engagé sur
Legend I. Du point de vue artistique c’est moins technique mais certainement plus varié. Le travail d’écriture et de composition est d’une considérable complexité mais tout s’emboîte à merveille. Les morceaux s’enchaînent souvent sans aucune pause. Ce deuxième volet est moins sombre, plus atmosphérique et finalement, il restera le plus émouvant de la trilogie, à l'image d'une bande originale de film. D'ailleurs, Eric Clayton décrit l’album comme "the Unofficial Soundtrack to the
End of the World", rien que ça.
Musicalement parlant,
Saviour Machine peut être décrit comme du « métal symphonique gothique ». La musique est pleine, puissante, grandiose, réellement épique. Ce deuxième volet ne fait qu’accentuer leur créativité. Les grosses percussions martiales caractéristiques du groupe sont toujours bien là, les cymbales sont lourdes et de forte ampleur, globalement les guitares sont très clairement en retrait au profil de claviers majestueux et des chœurs angéliques omniprésents derrière la voix typiquement gothique du chanteur. Eric Clayton, auteur d’une performance vocale à couper le souffle grâce à sa voix de baryton si caractéristique varie les registres : quelque fois effrayante, triste, larmoyante ou juste murmurée, elle s’intègre parfaitement à une musique à la fois sombre par son mystère et une lumière aveuglante par l’espoir qu’elle peut susciter. L’émotion est toujours palpable, elle nous pénètre, elle semble faire écho à notre propre vécu. Les claviers de Nathan Van Hala, intégré définitivement au groupe depuis le début de la trilogie, apporte un réel plus artistique grâce à son jeu majestueux et/ou nostalgique. Les arrangements finement adaptés au thème (les morceaux The
Whore Of
Babylon et The
Covenant sa mélodie nous plonge un peu plus dans un Orient biblique) proposent des mélodies épique et apocalyptique tranchant définitivement avec le heavy/rock gothique de leurs deux premiers albums (excepté peut-être
Behold A Pale Horse et sa boîte à rythme qui tranche avec le reste de l’album bien qu’il en soit le titre phare).
Legend II est riche d'une variété de morceaux assurant une cohérence certaine à la galette. Tantôt martiaux (The Mark of the
Beast,
World War III, The
Covenant, The Sixth Seal), tantôt vaporeux «
Balance Of Power » ou «
Antichrist II » ces pièces font ainsi écho au dernier morceau du volume 1. La galette se caractérise par des extraits de film en fin de piste assurant la transition entre elles. L’album évolue émotionnellement de l’inquiétude vers la mélancolie en passant par l’espoir pour finalement retomber par le très sombre et gothique «
War and
Heaven » qui nous replonge dans l’obscurité non sans annoncer le futur
Legend III. Je vous recommanderais bien les deux grands moments dans l’album. The
Martyrs Cry/
The Promise enchaînés, première grande perle, après une intro calme au piano, la mélodie s’emballe jusqu’au final en apothéose avec de gros chœur en accompagnement. Puis
Legend II part II/the Holy
Spirit/
The Bride of Christ/
Rapture The Seventh Seal, même schéma que la précédente pièce : synthés majestueux, cymbales lourdes, le chant charismatique d’Eric Clayton et les chœurs angéliques en fond comme contraste.
Si vous recherchez une trilogie originale, rompant avec la monotonie des groupes de métal gothique actuels,
Saviour Machine est un groupe digne d’intérêt.
Assurément au sommet de son art, il nous gratifie d’un album varié, terriblement épique à la production nettement meilleure par rapport à leurs deux premiers efforts.
Plus encore, elle est à la hauteur de la créativité du groupe et à leur ambition artistique. Leur musique est tout simplement monumentale.
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