Voici un album qui traîne depuis pas mal de temps près de mon ordi, dans la pile "cds à traiter". Chronique que je repousse sans cesse, car cette réalisation, que j’ai écouté deux ou trois fois d’une oreille distraite, ne m’a pas franchement emballé. Comme j’ai des remords par rapport à ce groupe qui se casse le tronc à faire connaître sa musique en envoyant des albums fort bien présentés, je me repenche sur l’objet en question…
Ce premier album de Astero peut être qualifié de rock mélodique, mais les influences des musiciens sont vraiment très larges. Guitares tour à tour énergiques ou aériennes, riffs planants et énervés, basse virevoltante parfois presque funky, les morceaux du groupe sont battis à partir de nombreux ingrédients. Le chant, en français, est lui aussi partagé entre mélodie et style saccadé / parlé frôlant presque le rap sur certains titres. Mais pourtant, malgré cette recette riche en ingrédients, mon intérêt face à leurs morceaux frôlaient l’encéphalogramme plat. Et puis je me suis penché sur les paroles…
Je me suis mis à lire les textes, en français et très bien foutus, tout en écoutant les morceaux, et il m’est arrivé un truc très curieux ! Vous connaissez sans doute ces images, les stéréogrammes, illustrations en 3D qui ne ressemblent à rien et qui vous filent rapidement des céphalées. Ces images, après une accoutumance qui peut prendre du temps, finissent soudain par dévoiler un paysage ou une situation quelconque pleine de profondeur et de relief que t’as l’impression que c’est du vrai et que tu peux plonger ta main dedans. Et bien c’est un peu ce qui m’est arrivé avec Astero tant le chant est mine de rien très bien foutu et apporte une réelle personnalité aux morceaux. Je me suis donc mis à adorer des titres comme "Aide", "
Changer de Pot" ou surtout l’excellent "Ne pas Fermer Les Yeux" aux riffs fortement heavy. Non pas que J-Mi soit un grand chanteur, mais il place ses textes revendicatifs de façon habile, son débit parfois rapide est très efficace et il évite de tomber dans la facilité en donnant dans la surenchère agressive.
La production est très propre, très lisse, les subtilités de chaques instruments sont parfaitement perceptibles. Le tempo des morceaux est modéré, le groupe évitant toute accélération hardcoresque et préférant développer ses idées sans bourriner. C’est pour cela que ce disque ne m’a pas séduit dès la première écoute… Malgré ses grandes qualités, cette réalisation manque un poil de punch, de spontanéité, dommage que les accélérations (comme à 3’45 de Change De Pot) ne soient pas plus présentes, d’autant que la prod’ accentue ce côté trop "travaillé". Les rythmes sont trop souvent "sages", bien que chaque titre possède sa personnalité et que les musiciens soient totalement compétents.
Dans la balance, les qualités de cette œuvre l’emportent largement sur ses défauts et Astero est un groupe à découvrir et à soutenir.
Pas simplistes, les compos de ce groupe demandent de l’attention, une certaine ouverture d’esprit, et se dévoilent au fil des écoutes. Cet album n’est bien entendu pas destiné aux auditeurs cloisonnés dans des styles violents et directs. Un très bonne découverte pour moi…
Passer d'une chronique d'un album de death brutal culte comme Book Of Lambs (Internecine) à une critique d'un groupe rock mélodique tout droit sorti de la twilight zone, moi je dis chapeau !
Fabien.
Non, franchement, c'est pas facile tout le temps, et j'ai plus de feeling pour écrire quand c'est du thrash ou du death !
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