Le Culte Du Crâne. Rien que le nom du groupe vous évoque l'occultisme. Entre le « Culte », ô combien évoqué dans le monde obscur du Black
Metal, souvent lié à quelques viles magies, et le « Crâne », métaphore parfaite de la
Mort, peut-être même la première qu'a identifié l'Homme. On est donc bien dans un culte de la mort. Voilà comment s'annonce le trio composant le groupe. Maintenant que vous avez un tout premier aperçu, le logo : un crâne. Un crâne composé de lettres formant « Le Culte Du Crâne ». De quel animal cependant, je ne pourrais pas l'affirmer. Je dirais un cerf, de par les bois imposants et surtout par la pochette où il s'y retrouve. Cette pochette d'ailleurs, parlons-en : un paysage enneigé, un ciel nocturne de pleine lune coloré d'aurores boréales, quelques tombes celtiques entre les sapins et un arbre mort, avec au-delà les montagnes dominées par un château et surtout : cet humain décapité, visiblement à la hache, et le sang imprégné aux pattes de son (probable) tueur, ce cerf anthropomorphe vêtu tel un chaman, son sceptre à la main.
Voilà la première image que vous pouvez vous faire du Culte Du Crâne, projet guidé par Aekon, Dryadus et Denorgh, tous membres du projet de Black
Pagan, actuellement en pause,
Folge Dem Wind.
Après cette première idée basée sur le visuel, vient le plus important évidemment, la musique. L'album s'ouvre sur une introduction instrumentale, débutant par une guitare qui, tout simplement, donne la nausée. Elle suit un motif simple que la basse et la batterie accompagneront tout en gagnant en puissance, avant de passer au morceau éponyme.
Et ce morceau, ô mon dieu quelle tuerie! J'en ai encore des frissons. Décortiquons un peu. Le chant, d'abord : extrêmement agressif, on y sent maintes émotions, et c'est ça qui donne de terribles frissons. Les paroles sont françaises, et il est clair que, même si on comprend l'anglais, le choix de la langue de son territoire est tout à fait le bienvenu. J'ai toujours trouvé que chanter dans sa langue maternelle était un très bon choix dans le milieu du Black
Metal, une sorte d'hommage aux racines. Vous me direz que les peuples du passé ne parlaient pas notre français, certes, mais l'intention y est. Vous ne pourrez vous empêcher de scander avec Aekon "Le Culte... Le Culte... Le Culte Du Crâne!!" vers les deux minutes trente. Et ces incantations vers les trois minutes trente, quel envoûtement! Aux voix cleans avec cet écho, on se croirait au milieu de cette forêt nocturne autour d'un feu aux braises s'envolant vers les divinités célestes implorées. Venons-en aux instruments, cette guitare, de même, quelle beauté! Cette qualité ni trop "mainstream" ni trop brouillonne, cette distorsion parfaite qui colle idéalement à la froideur de cet album. Et que dire de son magnifique solo ensorcelant vers la fin de la deuxième minute? Glacial et mortuaire, il semble grimper le long de votre colonne vertébrale avant de vous mordre à la nuque. Quel plaisir frissonnant. Je noterais par ailleurs un riff aux couleurs du Death
Metal après ce solo, montrant un morceau riche en ambiances. C'est durant plus de sept minutes que va congeler votre sang d'une glace qui se répandra tout au long de l'album sur vos organes et vos os...
Aussitôt cette première tuerie achevée, le premier riff assommant du titre “Pendant Que Le Ciel Pleure” commence à nous matraquer les tympans. Encore une fois, les paroles vous feront frémir par leur beauté. Et ce passage acoustique au milieu du morceau, on croirait voir la neige tomber, ces fameux cristaux de glace. Et on repart de plus belle! “Ô feu éternel” des paroles qui nous plongent dans de terribles incantations mêlant les pires démons et l'hiver glacial. Quelle beauté!
Un hymne mortuaire s'offre à nous avec “Le Culte De La Pourriture”. Ce sont encore les mêmes sentiments qui nous empoignent à travers ce morceau, laissant encore place aux voix plaintives qui répètent de façon sectaire deux alexandrins moribonds. Suit alors à nouveau un solo de guitare frissonnant. Hélas, il ne me fait pas autant d'effet que celui proposé sur “Le Culte Du Crâne”, peut-être pas assez tranchant je dirais. Enfin, le morceau s'achève sur un riff répété pendant une bonne minute, mais c'est un riff cruellement bien choisi, évoquant l'infinité de la pourriture et de la
Mort, son omniprésence éternelle, bien plus grande que celle de la vie. Car la vie n'est qu'un pont au milieu du Néant. Quel ressenti!
Puis vient alors l'éloge de notre étoile : “Soleil Éternel”. C'est peut-être le morceau qui m'a le moins marqué, quoique sa deuxième partie est incroyable. On a droit à un break au bout de trois minutes, la guitare assénant alors un riff glacial et typique du Black
Metal avant un riff que je trouve encore une fois tourné relativement Death
Metal. Ce riff fini, un solo très bref résonnera et celui-là, encore une fois, monte à la nuque, si ce n'est directement au fond des orbites. La composition s'achève alors sur le riff d'introduction accompagné d'un dernier couplet.
Vient ensuite "La Lumière de Thulé", relativement court. C'est un morceau que je qualifierais presque de calme, par son chant qui renonce aux hurlements pour plutôt vous grogner derrière la nuque... Rapide, efficace, il passe tranquillement avant de laisser place à cette beauté infernale, glaciale qu'est "Par Delà les Vents du Nord" qui constitue l'apogée de cette incroyable marche hivernale et nocturne à travers la forêt et la
Mort. Enjolivé de soli tranchants et de paroles scandées en chœur, le morceau procure encore d'incroyables frissons tels ceux de son comparse éponyme. Et alors que le titre s'achève finalement, l'outro instrumentale "Endormance" balayera vos éventuels restes, clôturant fièrement les 35 premières minutes du Culte Du Crâne, 35 minutes de pure folie, prometteuses et d'une beauté rarement égalée.
A travers sa première ponte, le trio français nous propose un Black
Metal basé sur les codes traditionnels tout en offrant quelque chose d'innovant, qui ne vous donnera pas cette impression grossière de réchauffé. De la pochette à la production, en passant par le logo et les lyrics, tout a été soigneusement réalisé. C'est pourquoi je vous recommande très fortement la découverte et l'écoute attentive de ce premier album du groupe qui pourrait (et pourquoi pas ?) devenir, justement, un culte. C'est pourquoi j'attends impatiemment d'entendre la suite, car Le Culte Du Crâne mérite de marquer au fer rouge son nom dans l'Histoire du Black
Metal français, s'il nous offre toujours autant de qualités.
"Gueule Béante
Destructeurs des astres
Continue ta course
En dévorant
L'espace"
Par Delà les Vents Du Nord.
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