Lorsque l’on parle de black metal, on a tout de suite tendance à penser à des atmosphères sombres, une ambiance morose, une vision dramatique, un chant d’outre-tombe et un paysage presque désolant. Mais avez-vous déjà pensé, ne serait-ce un seul instant, d’entendre un black symphonique où toute la noirceur se transformerait en une aura lumineuse, une musique où la souffrance ferait place à l’apaisement, à la consolation et à la joie, le tout enveloppé dans une atmosphère digne des Quatre Saisons de Vivaldi et du
Requiem de Mozart ?
Certains, et notamment les plus puristes, risquent de me prendre pour un fou mais c’est pourtant ce que propose le concept étonnant d’une jeune musicien du nom de Christian Cosentino. Derrière ce nom se cache un australien totalement méconnu de la scène black. Les informations du compositeur demeurent d’ailleurs limitées : on sait simplement qu’il est homme-orchestre. Il y a trois-quatre ans de cela, alors qu’il n’était encore que lycéen, le jeune rêveur décide d’écrire ses émotions d’enfance avec un regard plus mature. Ce n’est qu’après ces quatre années que l’australien décide de publier ses quatre compositions sous un opus du nom de
Lawn.
Christian Cosentino s’est occupé de toute la musique, de l’écriture à la composition en passant par la production, le mixage et l’enregistrement. Certains instruments, à l’instar de la batterie sont programmées. Ce qui frappe d’entrée, c’est cet artwork très coloré, un pastel flamboyant et gaie, qui nous offre un contraste total avec les tableaux froids, obscurs et passés que l’on a l’habitude de voir. Ces couleurs étonnement claires, réconfortantes et pétillantes se retrouvent dans les travaux de l’artiste, un art déjà novateur et authentique.
Dès l’ouverture du titre éponyme, on réalise l’impressionnant travail symphonique et surtout la virtuosité de l’artiste au piano. Notre musicien australien met au premier plan la musique classique et les notes au clavier. Le morceau se veut principalement instrumental et la part de black metal reste vraiment minime. On ne retrouvera ces touches un peu plus ternes que quelques instants au sein du titre et à sa toute fin avec un chant éraillé, une batterie au tempo hâtif et des cordes morbides. Cependant, la prestation au clavier permet de maintenir une ambiance plus enthousiaste, ce qui créé une véritable opposition dérangeante aux premiers abords mais finalement saisissante.
Les trois autres compositions ne vont pas déroger à la règle avec des propositions principalement instrumentales et mélodiques, où le façonnage au piano est splendide, préserve une atmosphère chaude qui continue à amener une esquisse clair-obscur avec les passages black plus funestes. Duality est le seul titre que l’on peut clairement qualifier de black symphonique car les guitares dissonantes, le tapping ininterrompu et la voix écorché de Christian Cosentino sont beaucoup plus présents, avec un final mystérieux presque futuriste.
Psychogenic, qui signe le morceau le plus long de l’album avec ses douze minutes, aura aussi des atouts à faire valoir notamment avec un passage au clavecin aussi surprenant que plaisant, le tout avec une batterie qui se veut de plus en plus pressante ainsi que des guitares qui se montrent plus grandiloquentes et majestueuses. La conclusion
Lustre se démarquera par son esprit épique et par son optimisme tout au long de la mélodie, même s’il reste accompagné par une voix déchirée et des percussions insistantes.
Lawn est une œuvre unique qui peut se vanter d’une écriture, d’une qualité de composition et de performances impressionnantes et exceptionnelles. Christian Cosentino mérite que l’on s’y intéresse de près car il pourrait sans nul doute faire évoluer certaines mentalités et ouvrir de nouveaux horizons à un genre de base assez fermé. En tout cas, il semble primordial de garder un œil sur le musicien qui vient avec cette production de pondre un album ambitieux et sans aucun complexes. Exceptionnellement, pas de note car on ne peut pas réellement considérer cet opus comme du black symphonique mais un gros coup de cœur pour votre chroniqueur.
Merci pour cette chro ! Tu a titillé mé curiosité... Je vais tâcher d'aller écouter ça !
Merci à toi d'avoir lu mon modeste écrit. Honnêtement, tu risques d'être déboussolé mais tu ne risques pas d'être déçu !
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