Noise International fut un label particulièrement actif dans les 80's et a grandement contribué, malgré ses défauts récurrents (promotion à la carte des groupes, contrats à sens parfois unique, peu de vision à long terme des évolutions naissantes) à promouvoir le thrash metal. Forgeant sa réputation avec des formations naissantes, devenues par la suite énormes (
Kreator,
Helloween), il sut aussi sortir, ça et là, quelques groupes inconnus en dehors de leur frontière.
Turbo, groupe polonais auteur de quelques albums autoproduits auparavent, et uniquement disponibles dans des éditions locales, cheap à souhait avec pochette en papier dur, eut cette chance.
Bénéficiant ainsi d'une distribution large en
Europe et d'une promotion adéquate, le groupe partit au Musiclab Studio avec Harris Johns à Berlin-Ouest(producteur européen de renom :
Kreator, Sodom et quasiment toute la clique thrash allemande du moment).
Ils réenregistrèrent ainsi leur précédent album "Ostatni Wojownik", sorti uniquement de façon locale par MetalMind l'année précédente en langue polonaise. Mené par
Wojciech Hoffmann, principal compositeur de la formation,
Turbo durcit le ton, bénéficie d'une production solide, adopte l'anglais de façon habile, change de dessinateur pour l'emballage, et épouse de plein pied la vague thrashmetal sévissant sur l'
Europe en 1988.
Il se situe ainsi à mi-chemin entre le
Helloween période Hansen au chant (les développements instrumentaux, la longueur des morceaux, le côté mélodico-débridé des chansons) et le
Kreator de Terrible Certainty (rugueux et agressif à souhait avec un hurleur à propos à mi chemin entre Don Doty et Mille Petrozza).
Turbo en profite pour réarranger ses morceaux, en modifie le séquencement judicieusement (1 chanson de plus, l'instrumental en piste 3 au lieu de clore la galette), et pond ainsi un album qui ne rougit pas, encore aujourd'hui, de la comparaison avec ses compagnons d'écurie. Les terribles "Tempest's Son", nouveau titre, ou "Goddess Of
Confusion" bénéficient d'une habileté de composition à la hauteur, et d'une musicalité néanmoins étonnante pour un groupe dont l'exotisme et le professionnalisme put surprendre en 1988 (surtout si on compare avec la France en ces années-là).
Parfois encore habité par l'influence d'Iron Maiden ("The
Trojan horse" l'instrumental, les soli, la basse très présente),
Turbo enchaîne avec dextérité les morceaux entraînants, solides, et pourvus d'une réelle personnalité. Attachant et véloce ("
Seance With
Vampire", "The
Last Warrior"), nos Polonais ont leur succès d'estime, largement mérité, et ouvrent la voie à une génération de fans de metal issus des pays de l'est, avides de nouveautés et de musique agressive.
Réedité en 1999 en CD par MetalMind avec les paroles,
Turbo plaira sans aucun doute aux fans de thrashmetal agressif en restant mélodique, équilibre judicieux qui sera sans réel lendemain, le groupe ne sachant plus trop comment se situer par la suite entre power-metal et thrash, perdant ainsi sa personnalité si attachante de cet album plus que réussi.
Quel bonheur de pouvoir enfin réécouter ce disque. Hélas, le lp que j'ai trouvé lors d'une convention saute beaucoup, notamment sur la face B. A 13 boules j'ai pris le risque, j'assume :-)
Bref, on va se (re)mettre en chasse d'une version cd rapidos.
Perso, je trouve que ce skeud vieillit magnifiquement bien. Je n'avais jamais fait à ce point le rapprochement avec le chant de Petrozza, bien vu Jérome.
Tu évoques les albums suivants en écrivant que le groupe s'est un peu perdu musicalement. Est-ce qu'il y a quand même un album que tu me conseilles et qui reste dans le "même" style que ce magnifique "Last Warrior"? Le suivant peut être?
Non, pas vraiment Sam, plutôt le précédent (en fait comme écrit ci-dessus il s'agit de la version Polonaise de ce The Last Warrior), comme évoqué dans les commentaires précédents. Ensuite, le groupe a plutôt ralenti les tempi et a perdu pas mal d'inspiration sur le suivant. J'ai perdu ensuite le fil, mais le dernier album en date ne m'a pas convaincu de creuser plus avant.
Je viens de récupérer le numéro 135 de RockHard (sorti en 2013) avec l'interview de Phil Pestilence, et je dois dire que celle-ci m'a plutôt ennuyé.
Dans cet entretien Phil Pestilence raconte surtout sur son parcours au sein des différents magazines Heavy Metal de l'époque, mais n'évoque pas ses anciennes chroniques (si ce n'est celles, plutôt négatives, du "MTV unplugged" de Nirvana et du "Scream Bloody Gore" de Death).
Sinon le gars, qui pourtant était un passionné, semble avoir complètement lâché le Metal.
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